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704. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Et c’est là, je le dirai, ce qui m’a le plus profondément attaché au milieu de la beauté et de la grandeur vraiment épiques de l’ensemble.  […] En attendant, on le mit en nourrice au village de Plancoët ; il s’attacha fort à sa bonne nourrice, la Villeneuve, qui seule le préférait ; il s’attacha d’une amitié bien délicate, en grandissant, à la quatrième de ses sœurs, négligée comme lui, rêveuse et souffrante, et qu’il nous peint d’abord l’air malheureux, maigre, trop grande pour son âge, attitude timide, robe disproportionnée, avec un collier de fer garni de velours brun au cou, et une toque d’étoffe noire sur la tête.

705. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Les jésuites cherchèrent à s’attacher Diderot ; il eut une veine d’ardente dévotion ; on le tonsura vers douze ans, et on essaya même un jour de l’enlever de Langres pour disposer de lui plus à l’aise. […] D’Alembert, qui s’y était attaché surtout par convenance d’intérêt, et dont la Préface ingénieuse a beaucoup trop assumé, pour ceux qui ne lisent que les préfaces, la gloire éminente de l’ensemble, déserta au beau milieu de l’entreprise, laissant Diderot se débattre contre l’acharnement des dévots, la pusillanimité des libraires, et sous un énorme surcroît de rédaction. […] J’aime qu’il reproche à La Mettrie de n’avoir pas les premières idées des vrais fondements de la morale, « de cet arbre immense dont la tête touche aux cieux, et dont les racines pénètrent jusqu’aux enfers, où tout est lié, où la pudeur, la décence, la politesse, les vertus les plus légères, s’il en est de telles, sont attachées comme la feuille au rameau, qu’on déshonore en l’en dépouillant. » Ceci me rappelle une querelle qu’il eut un jour sur la vertu avec Helvétius et Saurin ; il en fait à mademoiselle Voland un récit charmant, qui est un miroir en raccourci de l’inconséquence du siècle.

706. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Salviati, pendu à côté de lui dans ses habits pontificaux, s’attacha avec les dents au corps nu de Pazzi et ne cessa de le déchirer qu’en cessant de vivre. […] Il faut une émotion au peuple pour que son cœur et son imagination s’attachent à un homme nouveau. […] Et tant que vous serez pénétré de ces principes, il ne vous sera pas difficile de rendre à votre famille et à votre patrie des services importants ; au contraire, vous pouvez devenir le lien heureux qui attachera plus étroitement cette ville à l’Église et votre famille à cet État ; et, quoiqu’il soit impossible de prévoir quels événements peuvent arriver un jour, je ne doute point que cela ne se puisse faire avec un égal avantage pour tous, observant néanmoins que vous devez toujours préférer les intérêts de l’Église.

707. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Mais encore faut-il « inventer des ressorts qui puissent m’attacher », savoir combiner, développer et dénouer une intrigue, l’exposer clairement, et accroître l’intérêt de moment en moment. […] Voilà en effet ce qu’il s’est attaché le plus souvent à éclaircir ; il les considère en un mot dans leur valeur expressive et dans leur couleur propre, et il en marque le rapport à la nature d’une part, à l’esprit d’autre part. […] C’était même pour amuser plus de gens qu’on faisait vrai, et qu’on s’attachait à la nature.

708. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Chateaubriand avait attaché toute sa vie à son moi. […] Il fallait créer un préjugé contraire, rassurer l’amour-propre du Français, affranchir les classes éclairées de la peur du ridicule attaché à la religion, la leur représenter respectable, décente et belle. […] Jocelyn s’attache au Génie, p.

709. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Si même il n’était pas indispensable dans une histoire de la littérature française, je m’en serais passé, pour éviter la confusion qui s’y attache, et échapper au danger, peut-être certain, de ne pas faire agréer la définition que j’en dois donner. […] Ce serait, par exemple, la partie de notre langue à laquelle, depuis bientôt quatre siècles, tout ce qu’il y a eu d’esprits cultivés en France a invariablement attaché le même sens. […] Après m’en être fait une image distincte, si toutefois ce n’est pas quelque illusion qui s’est rendue maîtresse de mon jugement, j’ai voulu m’y attacher davantage en la représentant dans ce livre.

710. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

« L’histoire de la philosophie présente le spectacle de milliers d’esprits, — quelques-uns sont les plus grands qui aient illustré notre race, attachés tout entiers à des problèmes considérés comme d’une importance vitale et ne produisant d’autre résultat que de nous convaincre de l’extrême facilité de l’erreur, et du peu de probabilité que la vérité puisse être atteinte. […] Lewes paraît s’attacher principalement à deux points : examiner les théories sur la connaissance, faire ressortir le côté négatif des doctrines. […] Cousin est digne du respect qui s’est attaché à son nom, à part l’usage plus que suspect qu’il a fait des travaux d’élèves et d’auxiliaires, sans l’avouer. » Son activité sans relâche le conduisit de Reid à Kant, de Kant aux Alexandrins ; il édita Proclus et l’aurait mis sur le trône de la philosophie, si le public y avait consenti.

711. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Il sait que, d’après les croyances puniques, la fortune de la cité est attachée au voile de la déesse Tanit, à ce mystérieux zaïmph que nulle créature humaine ne peut toucher ou voir sans périr. […] Si son père l’interroge sur l’emploi des heures qu’elle a passées sous la tente, ne croyez pas qu’elle se trouble ; elle répond que Mâtho paraissait furieux, qu’il a crié, qu’il s’est endormi, et si elle n’ajoute rien de plus, c’est peut-être, nous dit le romancier, par « un excès de candeur faisant qu’elle n’attachait guère d’importance aux baisers du soldat ». […] Si elle n’était pas justiciable de la critique médicale autant et plus que de la critique littéraire, comment juger l’intérêt qu’elle prend aux tortures de son amant, la curiosité qui l’enivre, la révélation qui se produit en elle, l’amour enfin, l’amour qui éclate dans sa conscience réveillée, à la vue de ce malheureux écorché, de cette longue forme rouge, qui marche toujours, toujours, les yeux attachés sur les siens ?

712. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

Il apparaît bien d’une part, que tous ces nouveau-venus, qui ont quitté leur patrie pour une autre, ont une inclination naturelle à attacher peu d’importance au fait national. […] « Pour que l’âme fût fixée dans cette demeure souterraine qui lui convenait pour sa seconde vie, il fallait que le corps auquel elle restait attachée fut recouvert de terre. […] Or, « on ne peut appartenir ni à deux familles, ni à deux religions domestiques. » 13 Aussi, la cérémonie du mariage consistait-elle essentiellement en l’acte par lequel le père dégageait sa fille des liens religieux qui l’attachaient au foyer, et en cet autre acte par lequel l’épouse introduite dans la maison de l’époux était mise en présence du dieu domestique et touchait le feu sacré.

713. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Il ne s’attache point scrupuleusement aux questions de chronologie. […] On voulut que M. de Bassompierre, Evêque de Saintes, eût fait les six premiers siécles de cet ouvrage, que l’Abbé du Pin alors fort jeune avoit eu de son pere attaché à ce savant Prélat. […] Son style, sans être élégant, attache assez le lecteur ; il seroit à souhaiter que quelque homme de goût le retouchât & le rendît plus coulant & plus pur.

714. (1874) Premiers lundis. Tome II « Revue littéraire »

Sous un lourd manteau de rocher, Voilà que chaque dame emprise Se sent à la terre attacher ; Leurs cris d’angoisse terrifient ; Leurs yeux éteints se pétrifient ; On ne voit plus que trois géants   De rocs nus et blancs.

715. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre premier. Que personne à l’avance ne redoute assez le malheur. »

L’égoïsme est ce qui ressemble le moins aux ressources qu’on trouve en soi, telles que je les conçois ; l’égoïsme est un caractère qu’on ne peut ni conseiller, ni détruire ; c’est une affection dont l’objet n’étant jamais ni absent, ni infidèle, peut, sous ce rapport, valoir quelques jouissances, mais cause de vives inquiétudes, absorbe, comme la passion pour un autre, sans faire éprouver l’espèce de jouissance toujours attachée au dévouement de soi : d’ailleurs, la personnalité, soit qu’on la considère comme un bien ou comme un mal, est une disposition de l’âme absolument indépendante de sa volonté.

716. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Georges de Bouhélier (1876-1947) »

La confuse tendresse qui troublait l’esprit d’un jeune homme n’a plus besoin, pour s’exprimer, d’emprunter une mythologie rustique, mais trouve sa raison comme son but dans la femme qu’il sut élire ; c’est une destinée qui se fixe et définitivement s’attache ; il est heureux qu’une aussi favorable aventure nous ait valu de beaux vers.

717. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VI » pp. 50-55

Ces mœurs étaient antipathiques avec celles des familles de Vivonne et d’Angennes, et leur contraste accroissait la considération qui s’attachait à l’hôtel de Rambouillet.

718. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 489-496

Helvétius n’adopta-t-il jamais les intrigues & les procédés de la cabale qui avoit su se l’attacher d’abord par adresse, & le conserver ensuite, par la juste crainte qu’il avoit d’en devenir la victime.

719. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 331-337

Il est inutile de nous attacher à développer les différens caracteres de son génie : une foule d’Ecrivains se sont empressés de les faire connoître, & nous ne pourrions que répéter ce qu’ils en ont dit.

720. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Marie Tudor » (1833) »

Quant à l’auteur de ce drame, sûr de l’avenir qui est au progrès, certain qu’à défaut de talent sa persévérance lui sera comptée un jour, il attache un regard serein, confiant et tranquille sur la foule qui, chaque soir, entoure cette œuvre si incomplète de tant de curiosité, d’anxiété et d’attention.

721. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Avant-Propos. » pp. -

Il les justifie encore sur leur familiarité avec les auteurs Latins, dont ils prennent insensiblement le ton, les manières & le stile injurieux ; sur l’indépendance attachée à la profession d’homme de lettres ; sur le goût du public pour la satyre ; plaisantes raisons pour dispenser un sçavant de la première science dont tout homme doit se piquer, celle de sçavoir vivre.

722. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VII. Suite du précédent. — Paul et Virginie. »

Les manguiers ont donné douze fois leurs fruits, et les orangers vingt-quatre fois leurs fleurs, depuis que je suis au monde. » Leur vie semblait attachée à celle des arbres, comme celle des faunes et des dryades.

723. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre III. Partie historique de la Poésie descriptive chez les Modernes. »

Les vains simulacres attachés aux êtres insensibles s’évanouirent, et les rochers furent bien plus réellement animés, les chênes rendirent des oracles bien plus certains, les vents et les ondes élevèrent des voix bien plus touchantes, quand l’homme eut puisé dans son propre cœur la vie, les oracles et les voix de la nature.

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