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762. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Dès les premiers temps de sa vie, nous le contraignons à manger, à boire, à dormir à des heures régulières, nous le contraignons à la propreté, au calme, à l’obéissance ; plus tard, nous le contraignons pour qu’il apprenne à tenir compte d’autrui, à respecter les usages, les convenances, nous le contraignons au travail, etc., etc. […] C’est ce qui est surtout évident de ces croyances et de ces pratiques qui nous sont transmises toutes faites par les générations antérieures ; nous les recevons et les adoptons parce que, étant à la fois une œuvre collective et une œuvre séculaire, elles sont investies d’une particulière autorité que l’éducation nous a appris à reconnaître et à respecter.

763. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

Pour le moment, je n’apprends qu’à lire. […] Vous apprenez assez vite que cet homme n’a qu’une passion : c’est la haine du despotisme.

764. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Les uns lui reprochent de n’entendre point leur métaphysique, et, quand il s’y aventure, d’en déconcerter le délicat agencement par ses mouvements lourds et mal appris. […] Je ne saurais vous dire la satisfaction des honnêtes gens que je fréquente, quand je leur appris, pour la première fois, que le bon sens est une des principales conditions de la critique. — « Quoi !

765. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IX »

J’enseigne qu’on peut apprendre à écrire ; il enseigne qu’on ne le peut pas. […] C’est fort possible, et c’est ce qu’exprimait Flaubert, lorsqu’il disait que la prose n’est jamais finie ; et Buffon pareillement ; « J’apprends tous les jours à écrire. » Et Boileau de même : ‌ Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage.‌

766. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Est-il besoin de l’apprendre encore aux hommes ? […] Apprenez à secouer le joug des transitions, puisqu’il s’agit des mouvements impétueux de l’âme, et non point d’un discours mesuré de la raison.

767. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

Apprenez-moi, si vous le savez, ô antiquaires de la littérature d’hier, plus vieille que celle d’un siècle ! […] Hésiode nous apprend que, de son temps, les rois s’appelaient mangeurs de présents, Δωροφαγος.

768. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Doutez-vous des enchanteurs, la même sainte vous apprendra ce qu’il faut en penser. […] Ainsi notre liberté n’arrive à son point culminant que pour se détruire, et l’homme ne cherche la sagesse que pour apprendre à s’oublier. […] Goethe lui apprend ce qu’il doit fuir ou rechercher dans la vie, sur quels principes il doit s’appuyer, vers quel but il doit tendre de préférence. […] « Quelque temps après, on m’apprit qu’Adolphe C… était entré au monastère de la Trappe. […] Pour lui, toute chose a une âme qu’il faut savoir saisir ; une fois que son âme a été surprise, cette chose n’a plus rien à vous apprendre.

769. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

C’était bien le Paradou qui allait lui apprendre à mourir, comme il lui avait appris à aimer. […] Je lui ai déjà appris quatre chansons qu’elle sait par cœur… Peut-être ne me croyez-vous pas ? […] Comme j’exprimais ma surprise sur ce changement, mon oncle m’apprit qu’ils revenaient de Java. […] J’ai pâti, j’ai peiné, apprends à peiner et à pâtir. […] Le prêtre qui a confessé Savéli leur apprend la vérité.

770. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

C’est aussi bien que, pour apprendre à écrire, il fallait commencer par apprendre à penser, si c’était ce que Desportes, et Ronsard même, avaient sans doute le moins su. […] Le Français qui les vantait n’apprenait rien alors à l’étranger ! […] Pareillement, si la vie, si la réflexion nous apprennent tous les jours quelque chose de nouveau, comment nos idées n’en seraient-elles pas modifiées ? […] C’est vraiment dans ses écrits que Montesquieu, que Voltaire, que Diderot, que Bossuet, qu’Helvétius — pour ne rien dire des moindres, — ont comme appris à lire, à raisonner, à penser. […] ou pour apprendre aux « cuisinières » quelque chose de plus que leur Croix de par Dieu !

771. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

— On apprend. […] Les sons de l’orgue nous apprennent que le sermon est fini. […] Son mari croyait quelle ne savait rien ; mais voilà quinze ans que la malheureuse femme a tout appris. […] Bagadais, qui est un brave homme, n’a pu se tenir de leur apprendre que « la dame » était leur mère. […] Quand il apprend la détresse de Mme et Mlle Boisset : « Ah !

772. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Il apprenait ses discours par cœur. […] Je néglige aujourd’hui le second, dont je dirai tôt ou tard les grâces péniblement apprises. […] Ses excursions « documentaires » ne lui ont rien appris. […] Le Français qui le dit n’apprend rien à l’étranger : je serais heureux qu’il le rappelât à quelques Français qui l’ont trop oublié. […] Si je l’avais ignoré, vous me l’auriez appris ; et si quelquefois, comme je le disais, j’en ai failli douter, c’est vous qui m’avez rassuré.

773. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Sur les Jeune France. (Se rapporte à l’article Théophile Gautier, page 280.) »

En arrivant ici (à Rouen), j’ai appris qu’il en était parti la veille.

774. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 343-347

Un peu de réflexion leur suffit, pour s’appercevoir que la justesse est rarement le partage du Philosophe discoureur ; qu’il ne suit jamais le plan qu’il s’est d’abord proposé ; qu’errant sans cesse entre le pour & le contre, tout se réduit, chez lui, à un scepticisme qui indigne le Lecteur jaloux d’apprendre quelque chose & de se fixer à un objet.

775. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 45-49

L’intérêt de la vérité exige que nous apprenions à ceux qui l’ignorent, que toute la part que l’Abbé de Rancé prit à ces démêlés, se réduit à deux Lettres très-courtes adressées à l’Evêque de Meaux, & publiées contre le gré de celui qui les avoit écrites.

776. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 16, de quelques tragedies dont le sujet est mal choisi » pp. 120-123

L’usage de ce qui se passe dans le monde et l’experience de nos amis au défaut de la nôtre, nous apprennent qu’une passion contente s’use tellement en douze années, qu’elle devient une simple habitude.

777. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — II. Le fils des bâri »

Mais si le commandant138 l’apprend !

778. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Il apprit le grec pour le montrer à son fils ; plus avancé en âge, il apprit même du sanscrit, et il avait des livres en cette langue, ce qui était alors fort rare. […]  » Rien ne le distrayait d’apprendre. […] Platon, seule autorité authentique sur son compte, nous apprend, par le passage d’un dialogue, qu’Hippocrate de Cos, contemporain de Socrate, était de la famille des Asclépiades, c’est-à-dire d’une race de médecins qui prétendaient remonter à Esculape ; qu’il était praticien et professeur renommé, et qu’il donnait des leçons qu’on payait. […] « On ne doit pas aller là, dit-il, pour apprendre la médecine ; mais, quand on est pourvu d’une instruction forte et solide, il faut y chercher un complément qui agrandisse l’esprit, affermisse le jugement, excite la méditation, genre de service que tous les livres ne rendent pas.

779. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

C’est qu’étant lui-même l’expression harmonieuse ou éloquente des joies, des douleurs, des désirs de son époque, il a fait vibrer à un moment la corde cachée qui aurait peut-être toujours sommeillé sans lui ; il a tiré du silence et du néant la note intime et profonde qui n’attendait que lui pour résonner, mais que lui seul pouvait apprendre à l’âme mystérieuse qui la contenait sans le savoir. […] Vous vous vantez de n’être que bonne femme, comme si vous aviez peur d’être prise au mot, et vous me faites des excuses, pour m’apprendre que je vous en dois. […] Elle souffrait cruellement, à cette date, des froideurs de Margency et de ce procédé d’un homme qu’elle avait tant aimé, pour lequel elle avait été femme, comme Julie, à s’oublier un moment, et qui se retirait peu à peu d’elle à l’heure où, enchaînée à des devoirs ingrats et pénibles, elle avait le plus besoin d’être soutenue et consolée : « Le plus grand malheur d’une femme n’est pas d’avoir été trompée dans son choix, c’est d’avoir connu l’amour : il faut se défier de soi le reste de sa vie ; cela fatigue et humilie. » « À force de maux et de contradictions, j’ai appris à me laisser aller, comme les arbres de mon jardin, au vent qui les plie. […] Les contemporains qui ont du coup d’œil savent bien des choses que tous les contrats généalogiques n’apprennent pas. […] La publication de ces articles sur Mme de Verdelin m’a valu d’intéressantes communications de son arrière-petit-neveu, le comte Anatole de Bremond d’Ars, ancien sous-préfet de Quimperlé : c’est de lui que j’ai appris la date et le lieu de la mort ainsi que d’autres circonstances bonnes à noter et qui, pour peu qu’on le voulût, permettraient de joindre au portrait une Notice biographique.

780. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Mme de Montmorin, voyant que son mari a plus de dettes que de biens, croit pouvoir sauver sa dot de 200 000 francs ; mais on lui apprend qu’elle a consenti à répondre pour un compte de tailleur, et ce compte235 « chose incroyable et ridicule à dire, s’élève au chiffre de 180 000 livres »  Une des manies les plus tranchées de ce temps-ci, dit Mme d’Oberkirch, est de se ruiner en tout et sur tout. » — « Les deux frères Villemur bâtissent des guinguettes de 500 000 à 600 000 livres ; l’un d’eux a 40 chevaux pour monter quelquefois à cheval au bois de Boulogne236. » En une nuit, M. de Chenonceaux, fils de M. et de Mme Dupin, perd au jeu 700 000 livres […] Ils se font annoncer l’un chez l’autre ; ils se disent « Madame, Monsieur », non seulement en public, mais en particulier ; ils lèvent les épaules quand à soixante lieues de Paris, dans un vieux château, ils rencontrent une provinciale assez mal apprise pour appeler son mari « mon ami » devant tout le monde244. — Déjà divisées au foyer, les deux vies divergent au-delà par un écart toujours croissant. […] Jusqu’à sept ans, l’enfant passe sa vie avec des femmes de chambre qui ne lui apprennent qu’un peu de catéchisme « avec un nombre infini d’histoires de revenants ». […] Mme de Pompadour est musicienne, actrice, peintre et graveur ; Madame Adélaïde apprend l’horlogerie et joue de tous les instruments, depuis le cor jusqu’à la guimbarde, pas très bien, à la vérité, à peu près comme la reine, dont la jolie voix n’est qu’à demi juste. […] Mais ce lambeau, si brillant qu’il soit, ne lui suffit point, et, dans tous les châteaux, dans tous les hôtels, à Paris, en province, il installe les travestissements de société et la comédie à domicile  Pour accueillir un grand personnage, pour célébrer la fête du maître ou de la maîtresse de la maison, ses hôtes ou ses invités lui jouent une opérette improvisée, quelque pastorale ingénieuse et louangeuse, tantôt habillés en Dieux, en Vertus, en abstractions mythologiques, en Turcs, en Lapons, en Polonais d’opéra, et pareils aux figures qui ornent alors le frontispice des livres ; tantôt en costumes de paysans, de magisters, de marchands forains, de laitières, de rosières, et semblables aux villageois bien appris dont le goût du temps peuple alors le théâtre.

781. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

C’est dans cette chambre qu’en été je venais apprendre mes leçons, contempler un orage, admirer le coucher du soleil et soupirer après la campagne. […] Quand la chaleur du jour nous accablait, quand des orages d’été éclataient sur nos têtes, nous nous rapprochions les uns des autres, et, sous influence de ce constant amour mutuel, tous les petits chagrins de famille disparaissaient. » Goethe, obligé de s’éloigner un moment, trouva Charlotte refroidie pour lui à son retour ; il s’éloigna pour plus longtemps, et il apprit, sur les bords du Rhin, le suicide du jeune Jérusalem. […] philosophie, science, théologie ; ainsi j’ai tout sondé avec une infatigable obstination, dit-il avec amertume, et maintenant, pauvre insensé, me voilà aussi avancé qu’en commençant, et j’ai appris qu’il n’y a rien à savoir ! […] Tu fais passer en revue devant moi la foule de tout ce qui a vie ; tu m’apprends à reconnaître mes frères dans le buisson silencieux, dans l’air, dans les eaux ; et lorsque la tempête mugit et gronde dans la forêt, roulant les pins gigantesques, secouant avec fracas leurs branches et déracinant leurs souches ; lorsque le bruit de leur chute fait retentir de coups sourds l’écho des montagnes, alors tu me conduis dans l’asile paisible des grottes, et les merveilles de ma propre conscience se révèlent par la réflexion à moi ; et la lune pure et sereine monte à mes yeux, apaisant sous ses rayons toutes choses… « Oh ! […] Un soldat, à demi ivre de douleur plus que de vin, revient de l’armée ; il a appris en approchant de la ville la honte de sa sœur chérie, qu’il célébrait partout comme la gloire et la beauté de la famille.

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