Ce qui est immoral, ce n’est donc pas de montrer la révolte, c’est de l’appeler la Beauté ; ce n’est pas de montrer l’adultère, c’est de l’appeler un Droit ; ce n’est pas de montrer le désordre, c’est de l’appeler la Règle. En somme, l’immoralité, l’hypocrisie et la corruption en littérature consistent peut-être simplement à ne pas appeler les choses par leur nom. […] C’est elle qu’il a toujours appelée, comme Antoine à la dernière page de la Tentation. […] Il faut appeler les choses et les gens par leur nom, si l’on veut n’être point dupe. […] Les fautes de ce genre, on n’en ferait des crimes que si leur auteur s’appelait Louis XIV, cet imbécile, ou Louis XVIII, ce sac d’excréments.
De curieux dîners, où l’on mange couché sur le tapis : cela s’appelle manger sur l’herbe. […] » Il donne de tristes détails sur le gaspillage, sur la malhonnêteté générale de l’endroit, signalée par cette phrase qui revient dans sa conversation, comme un refrain : « Vous savez, là-bas, il se gagne une maladie, qui fait voir les choses sous un autre angle qu’en Europe… ça s’appelle la soudanite. » Et la soudanite ferait faire de vilaines et féroces choses. […] Ce volume, je crois, s’appelle Le Capitaine Jack, et c’est l’histoire d’un voleur-enfant, écrite avec un sentiment d’observation moderne, et mille petits détails d’une vie vécue, contés bien certainement à l’auteur, enfin avec toute la documentation rigoureuse et menue d’un roman réaliste de notre temps. […] Puis il éreinte Cham, dont les caricatures, dit-il, n’ont jamais eu rien de généreux, et qu’il appelle le champion de l’épicerie bourgeoise. […] » s’écriait tout à coup le petit domestique qui l’accompagnait, et Clemenceau voyait en effet un homme, couché sur le ventre, et qui, lorsqu’il l’appelait ne répondait pas, se mettait à ramper à quatre pattes, en s’éloignant de lui, et dont il ne savait la place, que par le remuement du haut des brindilles.
Emmanuel Des Essarts Reprenant en quelque sorte l’office de l’aimable Méry, il multiplia les strophes de circonstance, vers d’anniversaires, dédicaces, cantates, etc… Il porta à la perfection ce que l’on pourrait appeler l’improvisation savante, tant il y a d’étalage d’érudition dans ces œuvres liées d’un jet facile.
Conception platonique et, dans sa pensée, inexécutable, qui serait sans doute demeurée inexécutable et platonique sans la baguette de cet enchanteur qui s’appelle M.
Ceux qui aiment tant à mettre au jour ce qu’on appelle des Recueils de Poésies, auroient dû puiser dans celui dont nous parlons.
Les œuvres des deux poètes que j’ai choisis me serviront plutôt à rendre plus claire l’expression de certaines idées qui me hantent et à illustrer quelques réflexions sur la philosophie dans l’art, sur la méthode, la forme et la technique de ceux que l’on a appelés les Symbolistes ; en analysant ce que contiennent la Chevauchée d’Yeldis et les Poèmes anciens et romanesques, par exemple, je voudrais arriver à établir indirectement le compte de doit et avoir d’une génération dont ces livres indiquent assez complètement, dans les limites de l’art, les tendances diverses.
Qu’on examine les Gouvernemens les plus tolérans de l’Europe, on verra si la maniere dont ils en usent à l’égard de ceux qu’ils tolerent, peut s’appeler véritablement une tolérance.
Les Ouvrages des hommes de génie, & l’on peut appeler de ce nom l’Auteur du Grondeur, devroient être sacrés pour ceux qui n’en sont que les organes, & qui n’ont de mérite qu’à proportion qu’ils savent en rendre les beautés dans toute leur valeur.
Non véritablement : & faut, veuillez ou non, que vous desrorrillonniez, deschauvesourissiez, déretiez, c’est-à-dire, que ne portiez plus en aisles de chauvesouris ou en façon de retz, vos cheveux par lesquels soulez prendre diaboliquement & enfiler les hommes pour rassasier votre désordonné appétit, ou bien que vous soyez perdues & damnées……. par cette mondanité qui vous abuse, voire qui vous rend si laides & abominables à regarder ; que si vous saviez comme cela vous messied, vous y mettriez plutôt le feu que de les montrer par la mauvaise grace qu’ils vous donnent ; & pleust à la bonté de Dieu qu’il fust permis à toutes personnes d’appeler celles qui les portent, Paillardes & Putains, afin de les en corriger !
Le Traducteur s’est attaché à rendre l’Original selon le style dans lequel il est écrit, c’est-à-dire qu’il traduit tantôt en vers, tantôt en prose, & qu’il emploie quelquefois des vers alexandrins sans rimes, qu’on appelle vers blancs, fort en usage en Angleterre, & qui y rendent la versification bien plus facile que parmi nous.
Ce qu’il y a de certain, c’est que jamais Compilateur n’eut plus ce qu’on appelle l’esprit du métier.
Que les petites lumières partielles des sabres, des casques, des fusils et des cuirasses heurtées trop rudement, font, ce qu’on appelle, papilloter le tout, surtout quand on regarde ce tableau de près.
Cette grande symphonie du jour, qui est l’éternelle variation de la symphonie d’hier, cette succession de mélodies, où la variété sort toujours de l’infini, cet hymne compliqué s’appelle la couleur. […] L’école Couture, — puisqu’il faut l’appeler par son nom, — a beaucoup trop donné cette année. […] Muller, l’homme aux Sylphes, le grand amateur des sujets poétiques, — des sujets ruisselants de poésie, — a fait un tableau qui s’appelle Primavera. […] Vous avez beau appeler vos femmes Fatinitza, Stella, Vanessa, Saison des roses, — un tas de noms de pommades ! […] Thiers appelait l’imagination du dessin.
Mais ce n’est pas dans le pays de l’harmonie qu’il faut chercher le moment principal de cette prosaïque dissolution de la beauté, de ce dualisme intérieur de l’art, qu’on appelle proprement la satire. […] Mais les auteurs n’ont que trop de facilité à glisser sur cette pente, et, de même que la tragédie moderne a pour écueil le lyrisme, la comédie romantique court le risque de se précipiter au fond de cet abîme de mauvais goût qu’on appelle l’humour. […] Le temps où vivent Gœtz et Franz de Sickingen est cet âge héroïque du monde chrétien qui s’appelle la féodalité. […] Si celui qui pense ainsi, qui agit ainsi, qui s’efforce de mettre tout cela en pratique, mérite qu’on l’appelle nigaud ; je m’en rapporte à Vos Grandeurs, excellents Duc et Duchesse240 ! […] L’art est appelé à manifester la vérité sous la forme de la représentation sensible, et à ce titre il a son but en lui-même dans cette représentation et cette manifestation.
Ils se prolongent à gauche, vers le nord, formant ce qu’on appelle l’Étoile ; à côté est le chemin de voitures, qui passe tout à fait devant le jardin. […] Il parla beaucoup sur l’élévation et l’abaissement du baromètre ; sur ce qu’il appelait l’affirmation et la négation de l’humidité. […] Il m’en parla d’ailleurs avec une profonde admiration ; il ne l’appelait pas un talent, mais une nature. […] Je n’avais pas fait cent pas dans cette direction que j’aperçois une forme de femme tout à fait ressemblante à celle que j’appelais. […] C’est là ce que j’appelle la toute-présence de Dieu ; au fond de tous les êtres il a déposé une parcelle de son amour infini ; et déjà dans les animaux se montre en bouton ce qui, dans l’homme noble, s’épanouit en fleur splendide.
Il est vrai que les instincts domestiques, ainsi qu’on peut les appeler, sont généralement moins fixes que les instincts naturels ; mais aussi ils ont été soumis à une sélection moins rigoureuse, et se sont transmis héréditairement depuis une époque beaucoup moins reculée sous des conditions de vie moins constantes. […] Le Roy décrit un Chien qui avait pour arrière-grand-père un Loup, et qui n’avait hérité de cet ancêtre sauvage qu’une seule particularité de caractère : c’est qu’il ne venait jamais en droite ligne vers son maître, quand celui-ci l’appelait. […] Cette transformation s’est faite grâce à l’habituation lente, successive, mais héréditaire, de l’espèce à ses nouvelles conditions de vie, et surtout grâce au pouvoir de sélection et d’accumulation de l’Homme qui, à chaque génération successive, a constamment choisi, pour les conserver et les reproduire, les individus manifestant certaines manières d’être ou d’agir toutes particulières que nous appelons accidentelles, dans l’ignorance où nous sommes des lois fixes qui les causent. […] On a des preuves de leur existence aussi loin que la période des terrains Wealdiens, et, d’autre part, on sait que durant la période tertiaire Pliocène les Fourmis étaient si nombreuses en Europe, qu’on pourrait appeler cette époque géologique l’ère des Fourmis. […] Elle proviendrait enfin du grand développement de leurs facultés intellectuelles que nous nous obstinons à appeler leurs instincts, parce que notre amour-propre spécifique ne peut s’accoutumer à leur reconnaître les mêmes dons qu’à nous.
Non, ce n’était pas du Voltaire, parce que Voltaire était sincère, passionné, possédé jusqu’à son dernier soupir du désir de changer, d’améliorer, de perfectionner les choses autour de lui ; parce qu’il avait le prosélytisme du bon sens ; parce que, jusqu’à sa dernière heure, et tant que son intelligence fut présente, il repoussait avec horreur ce qui lui semblait faux et mensonger ; parce que, dans sa noble fièvre perpétuelle, il était de ceux qui ont droit de dire d’eux-mêmes : Est deus in nobis ; parce que, tant qu’un souffle de vie l’anima, il eut en lui ce que j’appelle le bon démon, l’indignation et l’ardeur. […] Le baron de Gagern raconte qu’étant à Varsovie et passant des matinées entières auprès de lui, une des premières choses qu’il exigea fut que son interlocuteur ne l’appelât plus Votre Altesse, mais simplement M. de Talleyrand, et sur ce mot d’Altesse, il lui arriva de dire : « Je suis moins, et peut-être je suis plus » ; se reportant ainsi à l’orgueil premier de sa race. […] À la juger sérieusement et d’après le simple bon sens, cette conversion (si cela peut s’appeler une conversion) n’offrait pas de si grandes difficultés. […] Ces hommes-là étaient ce qu’on appelle des Jansénistes, des prêtres de vieille roche : on les renie, on les conspue aujourd’hui.
Les objections au genre de succès que nous appelons de tous nos vœux et qui nous semble désirable pour l’honneur moral d’une nation chez qui la classe moyenne adopterait Jocelyn, autant que pour la fortune de Jocelyn lui-même, ces objections se tireraient plutôt, selon nous, des longueurs du livre et de certaines abondances descriptives ; car on peut dire plus que jamais de Lamartine en ce poëme, comme il dit de certains arbres des Alpes au printemps : La sève débordant d’abondance et de force Coulait en gommes d’or aux fentes de l’écorce. […] Coleridge, dans sa jeunesse, a fait d’admirables Poëmes méditatifs, dans lesquels la nature anglaise domestique, si verte, si fleurie, si lustrée, décore à ravir, et avec une inépuisable richesse, des sentiments d’effusion religieuse, conjugale ou fraternelle ; soit que le soir dans son verger, entre le jasmin et le myrte, proche du champ de fèves en fleur, il montre à sa douce Sara l’étoile du soir, et se perde un moment, au son de la harpe éolienne, en des élans métaphysiques et mystiques, qu’il humilie bientôt au pied de la foi ; soit qu’il abandonne ensuite ce frais cottage, de nouveau décrit, mais trop délicieux, trop embaumé à son gré pendant que ses frères souffrent (vers l’année 93), et qu’il se replonge vaillamment dans le monde pour combattre le grand combat non sanglant de la science, de la liberté et de la vérité en Christ ; soit qu’envoyant à son frère, le révérend George Coleridge, un volume de ses œuvres, il y touche ses excentricités, ses erreurs, et le félicite d’être rentré de bonne heure au nid natal ; soit qu’un matin, visité par de chers amis, dans un cottage encore, et s’étant foulé, je crois, le pied, sans pouvoir sortir avec eux, du fond de son bosquet de tilleuls où il est retenu prisonnier, il fasse en idée l’excursion champêtre, accompagne de ses rêves aimables Charles surtout, l’ami préféré, et se félicite devant Dieu d’être ainsi privé d’un bien promis, puisque l’âme y gagne à s’élever et qu’elle contemple ; soit enfin que, dans son verger toujours, une nuit d’avril, entre un ami et une femme qu’il appelle notre sœur, il écoute le rossignol et le proclame le plus gai chanteur, et raconte comme quoi il sait, près d’un château inhabité, un bosquet sauvage tout peuplé de rossignols chantant à volée, en chœur, et entrevus dans le feuillage sous la lune, au milieu des vers luisants : Oh ! […] Mais, quoique revenu près des bords que j’appelle, Je ne puis rendre aux lieux de visite nouvelle. […] Il a fait un majestueux sonnet à propos des paquebots à vapeur, canaux et chemins de fer, tous ces Mouvements et ces Moyens, comme il les appelle, qui, en tachant passagèrement les grâces aimables de la Nature, sont pourtant avoués d’elle, et reconnus sous leur fumée comme des enfants légitimes, gages de l’art et de la pensée de l’Homme ; et le Temps, le Temps saturnien, toujours jaloux, joyeux de leur triomphe croissant sur son frère l’Espace, accepte de leurs mains hardies le sceptre d’espérance qu’ils lui tendent, et leur sourit d’un grave et sublime sourire.
Après tout, qu’importent les revers, si notre nom, prononcé dans la postérité, va faire battre un cœur généreux deux mille ans après notre vie. » XLVI Il résolut alors d’appeler plus fortement l’attention sur lui en voyageant en Grèce et en Syrie. […] Il avait acheté dans la Vallée-aux-Loups un étroit espace appelé Aulnay, défrichement au milieu des bois. […] Ce pamphlet s’appelait Buonaparte et les Bourbons. […] LIV M. de Chateaubriand, sollicité par le duc d’Orléans de s’unir à lui pour sauver la France, ne sauva que son honneur en donnant sa démission entre les mains de l’anarchie qu’il avait appelée.
Il lui parut « que la raison qu’on y cultivait n’était point la raison humaine, et celle qu’on appelle le bon sens, mais une raison particulière, fondée sur une multitude de lois qui se contredisent les unes les autres, et où l’on se remplit la mémoire sans se perfectionner l’esprit ». […] Ce n’était pas ce que nous appelons l’esprit : cette plaisanterie qui se prépare et s’amène de loin, qui a toute une mise en scène, qui se distribue et s’étale dans une série de répliques, nous paraît un peu apprêtée et pesante. […] Jamais ils ne manquent de s’appeler « monsieur » ; et « mon cher monsieur » dénote les moments de plus grand abandon et de moindre tenue. […] Racine appelait la maison d’Auteuil une « hôtellerie », tant il y passait de gens.