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688. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

. — Cela importe, puisqu’il s’agit de réparer une erreur qui m’appartient, et une omission de mon auteur. […] Elle est pleine d’affection, d’effusion et de confiance ; bien sérieuse ; je devrais y répondre ; ce devoir m’attire et m’effraie ; je ne suis fait, à ce qu’il me semble, que pour le premier mot ; à d’autres appartient le second ; que ne peut-il, ce second mot, être dit par vous ! […] Un tel caractère de réalité, de précision jusque dans les moindres détails, ne saurait appartenir à une fiction. […] Quoi qu’il en soit, des pensées comme celles que nous avons citées (et le livre sur Port-Royal en est rempli) appartiennent plutôt à la littérature chrétienne qu’au christianisme littéraire. […] Je ne m’étonnerai pas de lui voir tout résumer en cinq ou six maximes ; c’est à l’erreur qu’appartient la complication.

689. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

La glaciale tradition génevoise n’étendait plus son ombre sur les générations auxquelles appartenaient Suzanne Bernard et Isaac Rousseau. […] Nul ne s’appartient plus. […] Ou bien cette interprétation s’impose ; l’œuvre constituante et législative appartient à une petite élite philosophique et sacerdotale. […] On dénie justement aux ouvrages de ce caractère d’appartenir à l’art. […] Cette mécanique dramatique appartient donc aux moins coûteux efforts d’invention de l’esprit humain et est au niveau d’un vulgaire amusement.

690. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Jérôme Savonarole appartenait au parti démocratique ; il combattait les tyrans Médicis ; il a été brûlé par la volonté du pape. […] Augustin en a une : cet incident peu glorieux appartient à la période de ses désordres et a précédé sa conversion. […] La maladie appartient à la vie, puisqu’on en peut guérir. […] Stendhal, Amiel et Dumas fils n’appartiennent point à la même famille, et aucun d’eux n’est sec. […] Mais tous deux appartiennent à ce qu’on est convenu d’appeler la jeune littérature et ni l’un ni l’autre ne sont encore des ancêtres.

691. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Avant la Révolution, l’enseignement de tout ordre appartenait à l’Église, et les enseignements faisaient partie d’abord et surtout de la grande corporation cléricale. […] Cette critique idéale appartient au même domaine que la chemise de l’homme heureux. […] Or, le goût appartient au domaine de l’impression, non au domaine de la création. […] Oui, mais précisément Montaigne n’appartient pas aux « siècles classiques » et, sinon les siècles classiques, du moins la grande génération classique, s’est construite contre lui. […] Elle appartient à un continu.

692. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Dans ce plaidoyer qui était plus comique que sérieux, plus macaronique que français, et « qui appartenait mieux à un Hôtel de Bourgogne qu’à un barreau », Gui Patin, tout en réitérant ses sarcasmes et ses moqueries, en tournant et retournant son adversaire, et en faisant rire la galerie, déclara pourtant, à ce qu’assure Renaudot, qu’il avait entendu parler d’un autre que de lui19. […] Il vous eût été plus honorable de prendre la qualité d’historiographe, puisque Lucien veut et démontre qu’il appartient plutôt aux médecins à décrire les histoires qu’à d’autres.

693. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

il n’appartient qu’aux philosophes d’écrire l’histoire. […] Mais il est un chapitre intéressant et neuf de son ouvrage qui sans doute (je l’espère du moins) lui appartient plus en propre et auquel il faut rendre toute justice, c’est celui qui a pour titre Histoire des causes de la guerre de 1756.

694. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

C’est à cette race, avant tout honnête, intègre, scrupuleuse autant qu’intrépide, qu’appartient le général Pelleport, dont les Souvenirs nous occupent en ce moment. […] C’est de ce corps, qui devint plus tard le 18e régiment de ligne, que Pelleport s’est proposé de faire l’historique, s’écartant peu de tout ce qui est relatif à la fortune et aux actions de la famille militaire à laquelle il appartient désormais jusqu’après la campagne de Russie.

695. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Pour Villon, ç’a été une manière de distribuer bien des malices et des épigrammes à ses ennemis, de bonnes paroles à ses amis et quelques-uns des objets qui lui avaient appartenu, dont ils avaient la signification et le secret, et qui à eux seuls, si on saisissait bien son intention, raconteraient toute sa vie : mais là encore l’épigramme, la contrevérité et la farce, on l’entrevoit, se glissent à chaque ligne, et ce qu’il lègue repose bien souvent sur les brouillards de la Seine. […] Campaux s’est demandé si avant Villon il y avait eu de ces espèces de testaments poétiques, et il en a retrouvé quelques-uns à l’état d’essais ; mais il reste vrai que si Villon n’a pas entièrement inventé, en littérature, cette forme de contrefaçon et de parodie des volontés dernières, il se l’est appropriée par le dessin net et tranché, par l’ampleur du contenu, et par une Verve de détails, par un sel mordant qui n’appartient qu’à lui.

696. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Il raconte cette conversation de point en point, dans toutes ses circonstances et ses nuances ; les sous-entendus y sont ; et il finit par un conseil héroïque au roi son frère, conseil qu’il eût fallu être Maurice lui-même pour suivre et pour exécuter : « Il ne m’appartient pas de donner des conseils à Votre Majesté, et surtout des conseils hardis ; mais, si j’étais à la place de Votre Majesté, je ferais marcher, cette lettre reçue, mes troupes vers les frontières de Bohême ; j’enverrais au roi de Prusse pour savoir s’il veut tenir bon, au cas que je me déclarasse pour lui et que je fisse entrer mes troupes en Bohème. […] Le roi Auguste n’était plus qu’un auxiliaire, et ses mouvements ne lui appartenaient plus.

697. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Quelques dissidences domestiques, élevées précédemment entre leur mère et le général, et qu’il ne nous  appartient pas de pénétrer, avaient réveillé au foyer des Feuillantines les sentiments déjà anciens d’opposition à l’Empire, et la mère vendéenne, l’enfant élève de Lahorie, se trouvèrent tout naturellement royalistes quand l’heure de la première Restauration sonna. […] Les traductions de Lucain et de Virgile, par M. d’Auverney, les Tu et les Vous, Épître à Brutus, par Aristide, appartiennent réellement à Victor Hugo ; la facture de ces vers est classique, c’est-à-dire ferme et pure ; ce sont d’excellentes études de langue, et, dans la satire, l’auteur a la verve amère et mordante.

698. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

La Savoie, en effet, appartient étroitement et par ses anciennes origines à la culture littéraire française ; laissée de côté et comme oubliée sur la lisière, elle est de même formation. […] S’il appartient à la France par le langage, on peut dire qu’il tient déjà à l’Italie par la manière de conter.

699. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Taschereau appartient l’honneur solide d’en avoir, avec une scrupuleuse érudition, amassé, préparé, numéroté en quelque sorte, les matériaux longtemps épars. […] Aveugle et rapide en son instinct, il porte du premier coup la main au sublime, au glorieux, au pathétique, comme à des choses familières, et les produit en un langage superbe et simple que tout le monde comprend, et qui n’appartient qu’à lui16.

700. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Au moyen âge appartiennent certains genres que cultive la reine Marguerite, les mystères, moralités, farces ; certaines formes d’idées et de composition, les abstractions, les allégories, les constructions, si j’ose dire, massives et subtiles ; certaines doctrines, la galanterie logique et chevaleresque ; un certain extérieur enfin, une certaine attitude et démarche de l’œuvre, je ne sais quelle raideur encore gothique, une héraldique complication de lignes entortillées sans souplesse. […] Même Marot appartient plus que sa protectrice au protestantisme.

701. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Mais ce type est saisissant, séduisant, vraiment féminin, et l’on peut dire qu’il appartient presque en propre à M.  […] Elles éprouvent d’abord à son endroit une sorte d’antipathie et de peur physique, comme si elle pressentaient vaguement qu’elles lui appartiendront tout entières et qu’elles souffriront par lui dans leur chair et dans leur coeur.

702. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Il ne peut vivre plus longtemps dans une telle inquiétude et veut aller trouver Ricciardo pour lui rendre ce qui lui appartient. […] C’est là ce qui appartenait en propre à Molière, et c’est beaucoup, puisque c’est ce qu’il y a de plus vivant et pour ainsi dire de plus immortel.

703. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

., En tels : 1° qu’ils appartiennent tous à C ; 2° que chacun d’eux soit indiscernable du suivant ; E1 indiscernable de A et En de B ; 3° et en outre qu’aucun des éléments E ne soit indiscernable d’aucun des éléments de la coupure. […] Dans ce cas deux sensations affectant le même point de la rétine et accompagnées d’un même sentiment de convergence, deux sensations qui par conséquent appartiendraient l’une et l’autre à la coupure C″ pourraient néanmoins être discernées parce qu’elles seraient accompagnées de deux sensations d’accommodation différentes.

704. (1890) L’avenir de la science « II »

Sans doute l’homme produit en un sens tout ce qui sort de sa nature ; il y dépense de son activité, il fournit la force brute qui amène le résultat ; mais la direction ne lui appartient pas ; il fournit la matière ; mais la forme vient d’en haut ; le véritable auteur est cette force vive et vraiment divine que recèlent les facultés humaines, qui n’est ni la convention, ni le calcul, qui produit son effet d’elle-même et par sa propre tension. […] C’est à la raison qu’il appartient de le corriger.

705. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Il est naturel que le meilleur poète comique de l’Europe moderne appartienne à la nation la plus mondaine de cette Europe, et que le meilleur poète comique de la France appartienne à l’époque la plus mondaine de son histoire.

706. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Bettina Brentano, fille d’un père italien établi et marié à Francfort, appartenait à une famille très originale et dont tous les membres avaient un cachet de singularité et de fantaisie. […] La mère de Goethe n’en trouvait aucun à son fils, et il ne nous appartient pas d’être plus sévère qu’elle.

707. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Ses premiers discours, ses opinions exprimées à la Chambre des pairs, appartiennent sans réserve à la nuance de gauche. […] M. de Broglie relève la naïveté de l’argument qui est tout en l’honneur des cadets : « Cet argument, dit-il, appartient en propre à M. le rapporteur, il est juste d’en prévenir ; car, même dans une discussion sur le droit d’aînesse, Dieu nous garde de ne pas laisser à chacun ce qui lui revient ! 

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