il ne règne aucune suite dans ses discours ; il confond jusqu’à leurs noms, et rougit ensuite de lui-même lorsqu’il vient à s’apercevoir de son erreur. […] « Nous touchons la terre », lui dit son guide, « et nous allons apercevoir bientôt sur la montagne la demeure habitée par le divin fils de Maritchi. » Le héros. […] Là où vous apercevez ce pieux solitaire, fixant, dans une immobilité parfaite, le disque radieux du soleil ; le corps déjà à moitié plongé dans un monticule de sable, que les termites amoncellent sans crainte autour de lui ; portant, au lieu du cordon brahmanique, la peau hideuse d’un énorme serpent : pour collier, les branches entrelacées d’arbrisseaux épineux, dont il ne ressent pas même les blessures, et recélant, parmi ses cheveux relevés en partie en un énorme faisceau sur le sommet de sa tête et flottant en partie sur ses larges épaules, une foule d’oiseaux qui, pleins de confiance, y ont construit leurs nids comme dans un arbre touffu. […] Ce n’est que dans ce séjour qu’habite la sainteté. » Le héros, descendu dans les bois qui entourent l’asile sacré, aperçoit un enfant (c’est son fils, le fils de Sacountala réfugié et élevé dans cet asile). […] V Tel est ce drame : on y aperçoit déjà un raffinement de style qui touche de près à la corruption du goût chez les peuples vieux ; mais la candeur, la douceur, l’innocence des sentiments et des mœurs qui forment le fond de la religion et de la civilisation des Indes primitives, y édifient partout le lecteur ou le spectateur.
La foule subirait sans s’en apercevoir cette discipline discrète, et quant aux écrivains et aux artistes, ce qu’ils y perdraient en liberté, ils le regagneraient vite par la finesse du public à les comprendre, et par l’approbation d’une élite de plus en plus nombreuse. […] Mais, jusqu’ici, vous avez au moins reçu, en échange, ou de nobles exhortations au patriotisme et au travail, ou de beaux aperçus de philosophie et d’histoire, dans les formes les plus élevées de l’éloquence. […] Et j’aperçois d’abord, entre la génération d’étudiants dont je fis partie et la vôtre, une différence essentielle : c’est que nous étions beaucoup plus séparés de la vie environnante que vous ne l’êtes aujourd’hui. […] Je vous les reproche si peu que je m’aperçois au contraire que ce sont ces qualités-là qui nous ont surtout manqué, à nous autres. […] Non, messieurs, vous ne serez pas injustes envers notre époque, plus tard surtout, lorsque vous l’apercevrez d’un peu loin, que les échafaudages qui la recouvrent à nos yeux seront tombés et que ses véritables proportions apparaîtront.
Toujours fécond, toujours égal, il domine sans s’en apercevoir tous les sujets qu’il traite, & la vivacité de son pinceau rajeunit tous les objets qu’il présente.
Qu’est-il besoin, en effet, de faire remarquer ce que tous les hommes qui pensent aperçoivent si bien, sans qu’il soit nécessaire de le leur montrer, la rapidité avec laquelle la société se précipite vers l’accomplissement de ses destinées, quelles qu’elles soient ?
voici des vers qui sont d’un poète, d’un poète authentique, de quelqu’un dont l’âme est pieuse, douce, émue, voltigeante et chantante, prompte à la joie et prompte aux larmes, de quelqu’un qui ne ressemble pas aux autres hommes, qui n’est pas raisonnable, pratique, morose, ambitieux, qui va son chemin, loin des sentiers battus, vers des sommets bleus, aperçus en rêve dans une auréole de brumes dorées.
Je défie que l’on aperçoive dans son répertoire la moindre tache, la moindre concession à la grosse polissonnerie, et à la grosse bêtise de la foule.
Vous apercevez alors la profonde vérité, psychologique de ce portrait d’un jeune Français de 1830. […] Derrière les effets il aperçoit les causes, et que ces causes sont des idées agissantes. […] Ces minuties d’exactitude, dont s’aperçoivent seuls les initiés, sont indispensables pour que la littérature à idées ait toute sa force. […] Il l’aperçut telle qu’elle aurait dû être pour que leur histoire fût ce qu’il rêvait. […] Nous apercevrons sous l’abstraction le groupe des joies ou des désespérances qu’elle résume et qu’elle achève.
Ne pas chanter parce qu’il n’apercevrait pas autour de lui un besoin évident qui demande un organe, ce serait de sa part une défiance puérile. […] Delavigne, on aperçoit clairement une morale constante : le bonheur dans le repos et la médiocrité. […] Nous ne croyons pas possible d’apercevoir au-delà de l’histoire et de la société un élément mis en œuvre par la poésie dramatique. […] La splendeur souveraine de sa pensée ne permet pas au regard d’apercevoir dans l’espace entier d’autre lumière que la sienne. […] Dans chacune des réflexions présentées par le critique initié, n’apercevra-t-il pas le germe d’une trahison ?
C’est une chose tellement précieuse qu’il est impossible de s’en passer et tellement vulgaire qu’il faut avoir du génie pour s’apercevoir de ce qu’elle vaut. […] Dès la seconde séance, il s’aperçut que le modèle s’ennuyait. […] Je n’aperçus pas du tout l’extrême supériorité naissante de cette ébauche de poète qui se détirait dans son marbre comme l’Esclave inachevé de Michel-Ange. […] Quelques artistes commencent, il est vrai, à l’apercevoir un peu, Dieu sait avec quels sentiments ! […] Je ne sais si quelqu’un a parlé de la plus insupportable de leurs agonies, c’est-à-dire de la pitié immense qu’ils doivent ressentir pour eux-mêmes, quand ils se regardent et qu’ils aperçoivent le fond de leur effrayante vocation.
Je m’en aperçus en France, où l’air est plus dégagé de brouillards qu’en Italie. […] Nous passâmes fort gaiement le reste de la journée ; et, le lendemain, je m’aperçus que j’avais laissé ma selle et mes étriers sur la jument que j’avais montée. […] Je m’étais aperçu que quelques valets parlaient bas entre eux, et étaient sortis avec moi, en prenant une rue opposée. […] Mais je m’aperçus bien qu’ils étaient endoctrinés par les valets qui m’avaient vu compter mon argent. […] Mme d’Étampes s’imagina que je l’avais fait par mépris pour elle, et, la colère lui montant au visage, et moi ne pouvant plus me retenir, je voulus parler ; mais le roi, qui s’en aperçut, me coupa la parole, en me disant : Taisez-vous ; vous aurez plus de bien que vous n’en voudrez.
Comme la nature est incommensurable, ses irrégularités sont immenses et il est très difficile d’apercevoir les lois. […] La différence, c’est la vie commune que l’on aperçoit toujours chez eux entre la nature extérieure et les personnages humains. […] Un oiseau libre mue sans s’en apercevoir, tant sa mue se fait doucement. […] Je n’avais pas fait cent pas dans cette direction que j’aperçois une forme de femme tout à fait ressemblante à celle que j’appelais. […] Vers le sud, on apercevait plusieurs lieues du beau cours de la Saale qui se perd de temps en temps dans des bouquets de bois.
J’habitais un de ces magiques séjours ; je gravissais souvent, le matin, les sentiers rocailleux qui mènent au sommet de ces montagnes, d’où l’on aperçoit les maremmes de Toscane et la mer de Pise. […] LI Quoi qu’il en soit, j’écrivis les premières strophes de cette harmonie aux sons de la cornemuse d’un pifferaro aveugle, qui faisait danser une noce de paysans de la plus haute montagne sur un rocher aplani pour battre le blé, derrière la chaumière isolée qu’habitait la fiancée ; elle épousait un cordonnier d’un hameau voisin, dont on apercevait le clocher un peu plus bas, derrière une colline de châtaigniers. […] J’apercevais loin de toute route, en apparence, une cahute entièrement solitaire sur le penchant d’un étroit vallon vert, sous d’énormes châtaigniers. […] LV À ce moment où je me noyais en silence dans l’admiration de cette jeune fille, la plus séduisante que j’eusse encore vue, déjà semblable à une mère, à un âge où elle devait grandir encore, et réunissant sur sa figure l’amour badin de la sœur à la tendre sollicitude de la mère, mon chien, qui revenait d’un arrêt, se précipita avec fougue vers moi et me fit apercevoir de la jeune fille.
Et je pressai, sans qu’on s’en aperçût, ma zampogne sur mon cœur, car c’est elle qui avait si bien joué l’air dont la vierge était tout à l’heure attendrie. […] Fior d’Aliza ne s’aperçut même pas de ma réflexion : elle était toute à son émotion désespérée pendant la nuit de silence qui lui avait duré un siècle. […] Je frissonnai, je pâlis, je chancelai sur mes jambes, comprenant bien qu’il s’agissait de Hyeronimo ; mais, comme je marchais derrière le bargello, il ne s’aperçut pas de mon trouble et il poursuivit : CLXXX Un des hommes est un vieillard de Lucques qui n’avait qu’un fils unique, soutien et consolation de ses vieux jours ; la loi dit que quand un père est infirme ou qu’il a un membre de moins, le podestat doit exempter son fils du recrutement militaire ; les médecins disaient au podestat que ce vieillard, quoique âgé, était sain et valide, et qu’il pouvait parfaitement gagner sa vie par son travail. […] Les sbires avaient reçu ordre d’en purger, à tout risque, le voisinage ; ils furent aperçus d’en haut par le jeune bandit.
Pour donner un aperçu de la transformation des épisodes et de leur élargissement, prenons celui de la mise en gage et du rachat de Freia dans Rheingold. […] Mais Rheidmar, s’approchant, aperçoit un poil du museau qui dépasse, et exige qu’il disparaisse. […] Attendra-t-on que les théâtres de Paris se disputent les œuvres de Wagner pour s’apercevoir qu’elles sont entrées dans nos mœurs et qu’elles forment d’ores et déjà l’un des éléments de notre existence sociale ? […] IV : conclusion ; aperçu général du système wagnérien ; influence de Richard Wagner sur la musique contemporaine.
… Je baissai le front pour ne pas être aperçu par-dessus le mur, et je gravis sans me retourner la montagne de bruyères et de buis qui domine ce village. […] À mesure que je descendais, la petite vallée dont je suivais le lit se creusait plus profondément devant moi, se cachait sous plus de hêtres et de châtaigniers, murmurait de plus de ruisseaux dans ses ravines, et, s’ouvrant davantage sur ses deux flancs, me laissait déjà apercevoir une plus large étendue et une plus creuse profondeur de la vallée de Saint-Point, dans laquelle elle vient aboutir. […] À la gauche, on descend du regard, de chalets en chalets et de bocage en chaume, jusqu’au fond d’une vallée un peu sinueuse, au milieu de laquelle on aperçoit sur un mamelon entouré de prés, voilées d’ombres, adossées à des bois, isolées des villages, baignées d’un ruisseau, deux tours jaunâtres, dorées du soleil : c’est mon toit. […] Cette divinité du foyer, les animaux eux-mêmes l’entendent et la sentent ; car au moment où ma jument aperçut, quoique de si haut et de si loin, les tours du château et les grands prés à droite, où elle avait galopé et pâturé tant de fois dans sa jeunesse, un frisson courut en petits plis de soie sur son encolure ; elle tourna ses naseaux à droite et à gauche en flairant le vent, elle rongea du pied le rocher de granit sur lequel je l’avais arrêtée, elle hennit à ses souvenirs d’enfance, et, lançant deux ou trois ruades de gaieté à mes chiens sans les atteindre, elle bondit sous moi, en essayant de me forcer la main pour s’élancer vers ses chères images.
Ce que nous apercevions, c’était elle toujours qui, à l’en croire, l’aurait vu !
Ceci nous mène à Mme Dacier vers laquelle j’arrive et je m’achemine, on peut s’en apercevoir, avec toutes sortes de précautions ; car j’ai pour elle une haute estime, un profond respect que je voudrais voir partagé de tous, sauf par moments le léger et indispensable sourire que, sous peine de n’être plus Français, nous devons mêler à toutes choses. […] » Ces honnêtes gens ne s’apercevaient pas de la disparate ; ils ne comprenaient pas le sourire. […] Dacier depuis son mariage, il entra plus ou moins de Mme Dacier ; elle lui était supérieure, et, par une ignorance qui était chez elle une vertu plutôt qu’une grâce, elle ne s’en apercevait pas : « Dans leurs productions d’esprit, disait Boileau, c’est Mme Dacier qui est le père. » Elle se dégagea pourtant et se remit à suivre, en traduisant, ses propres choix et ses instincts.
J’étais tenu plus qu’un autre peut-être de m’apercevoir et de faire apercevoir le public de la différence qu’il y a entre le d’Argenson réel et celui qu’on nous avait présenté d’abord : j’avais en effet, dans un article du Globe du 16 juillet 1825, rendu compte des Mémoires publiés en cette même année, et en le faisant avec un sentiment d’estime que je n’ai pas à rétracter, j’avais été un peu dupe comme tout le monde, et comme l’est encore plus aisément la jeunesse, du portrait arrangé, repeint et vernissé à la moderne que l’éditeur nous avait présenté. […] On conçoit qu’un tel homme, s’il voulait contraindre les autres à raisonner et à conclure comme lui, disputât toujours. — Un soir que Fontenelle s’était endormi au coin du feu, une étincelle vola sur sa robe de chambre ; il ne s’en aperçut pas, et, quand il fut couché, le feu prit par la robe de chambre à toute la garde-robe.
Il ne se borna point, dans sa confiance envers le jeune séminariste, à des préceptes de vie facile ; il n’hésita pas, se voyant seul avec lui, à reprendre ses habitudes intérieures : « Deux belles paysannes de dix-huit à vingt ans, l’une brune et l’autre blonde, que je n’avais pas même aperçues jusque-là, vinrent se placer le soir à la table du maître. Dom Colignon m’avait préparé à cette scène par ses leçons : il ne parut pas s’apercevoir de mon émotion. […] Rentré à son séminaire de Metz, le jeune Merlin, toujours croyant, mais ému et très ébranlé, avait bientôt conçu ou cru concevoir une passion pour une jeune pensionnaire qu’il apercevait de sa fenêtre dans le jardin d’un couvent voisin.
M. de Pontmartin appartient à la génération littéraire qui a suivi immédiatement la nôtre, et qui a été la première à nous faire apercevoir que nous n’étions plus très jeunes. […] Il cite sobrement du latin, quelquefois de l’Horace ; mais aux moindres citations, pour peu qu’on en fasse, le bout de l’oreille s’aperçoit. […] Tout d’un coup, au tournant d’une allée, Aurélie pousse un cri de joie ; elle vient d’apercevoir sa mère, qui, ne l’ayant pas trouvée au parloir, s’est dirigée vers le jardin ; mais la présence de Mme d’Ermancey apporte à l’instant du trouble dans tout ce bonheur.