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372. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « III — I » pp. 12-13

Au reste, à la façon plus modérée dont on parle de Hugo, et aussi à la façon moins grotesque qu’il a mêlée à ses grands vers de vieillards, on peut déjà s’apercevoir qu’il est d’un Corps (l’Académie) ; on se respecte mutuellement.

373. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Le public aperçoit, de ce prodigieux esprit, le décor extérieur et en quelque sorte la façade ; il en ignore les dessous infiniment compliqués et les origines lointaines. […] Des vues, des aperçus, des jours, des ouvertures, des sensations, des couleurs, des physionomies, des aspects, voilà les formes sous lesquelles l’esprit perçoit les choses. […] Une méthode y est appliquée, qui a modifié notre façon d’apercevoir l’histoire des lettres comme la méthode de Renan a modifié notre façon d’apercevoir l’histoire des religions. […] Leconte de Lisle, si impassible qu’il parût à ceux qui n’apercevaient que le calme de son visage et l’extérieur de son génie, a souffert, lui aussi, cruellement. […] Décidément, les verres teintés à travers lesquels nous apercevions l’Italie ont changé de couleur.

374. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Leclerc apercevait, d’une vue plus nette, les différences profondes qui séparent notre race de la race anglo-saxonne. […] Le pauvre général Dumas s’en aperçut à ses dépens. […] Les matelots grecs racontent, au bord des mers orientales, qu’un jour une âme errante, passant près d’une maison, aperçut une autre âme qu’elle aima. […] Au bout d’une allée de peupliers dont le léger feuillage frémissait au vent, on apercevait l’antique demeure seigneuriale. […] Voilà plus de trois mille ans qu’ils ont aperçu cette solution du problème moral.

375. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Les jambes des gens qui marchaient, les roues des voitures qui tournaient, il n’apercevait que cela. […] Elle s’aperçut de la disparition de ces pantoufles. […] Le docteur s’aperçut alors de l’étrange confusion qu’il avait faite ; il se troubla, comme ahuri, de cette demande, et avoua la situation. […] Déjà sa bouche est entrouverte, on aperçoit le blanc laiteux de ses dents ; le coin de sa bouche est imperceptiblement soulevé. […] Je me lève, je cours à la fenêtre, et j’aperçois distinctement mon oncle Barbassou-Pacha lui-même.

376. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Maurice Barrès aperçoit une résistance du Celte contre le Romain. […] Mais on s’aperçoit que cette évolution se réduit à peu de chose et que le fond reste identique. […] Or, en supposant que, dans des siècles, on aperçoive une pareille borne pour l’histoire, on ne l’apercevra jamais pour la nature… Mon ami M.  […] Troisièmement, Striyenski aperçoit des longueurs et veut y parer. […] Ou la pensée (après la mort) n’apercevra pas ses limites et partant n’en souffrira pas, ou elle les outrepassera à mesure qu’elle les apercevra : car comment l’univers aurait-il des parties éternellement condamnées à ne pas faire partie de lui-même et de sa connaissance ?

377. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

L’habitude de ce genre de beautés renouvelait ses jouissances au lieu de les diminuer, ce qui est le grand signe en toutes choses qu’on aime : « Je m’aperçois tous les jours de plus en plus, disait-il, qu’on ne se lasse pas du beau spectacle de la nature. » Pour conclure avec lui sur les jardins, sa morale pratique en ce genre est qu’il faut « en chercher et n’en pas faire », reconnaître et trouver les points de vue existants, les mouvements de terrain naturels, se contenter de les dégager, et non vouloir les créer à toute force ni les construire. […] Il y a surtout dans la première édition, dans celle de 1781, quantité d’aperçus pleins d’invention et de fraîcheur. […] Ces aperçus et bien d’autres du prince, qui sont juste de la date du poème des Jardins de Delille, me paraissent aujourd’hui représenter, mieux que ne le feraient quelques vers du charmant abbé, l’esprit de transition véritable qui, profitant des idées et des inspirations des grands écrivains pittoresques novateurs, les voulait concilier avec les traditions de notre goût et avec les inclinations de notre nature.

378. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

On n’entrevoit, dans cette jeunesse de Bourdaloue, aucun de ces écarts, aucun de ces orages qu’a laissé apercevoir la jeunesse de Massillon ; aucune variation ne s’y fait soupçonner ni sentir : et bientôt son talent d’orateur sacré nous le dira encore mieux dans la droiture continue de sa simplicité éloquente. […] Il excelle d’ordinaire dans le choix de ses textes et dans le parti qu’il en tire pour la division morale de son sujet : mais mainte fois il est subtil ou il semble l’être dans l’interprétation qu’il donne, dans l’antithèse qu’il fait des divers mots de ce texte ; on dirait qu’il les oppose à plaisir et qu’il en joue (comme saint Augustin), et ce n’est qu’au développement qu’on s’aperçoit de la solidité du sens en même temps que de la finesse de l’analyse. […] C’est ainsi qu’à certains endroits, chez Bourdaloue, le réseau de la dialectique se détend, s’interrompt tout à coup, et laisse apercevoir le cœur de celui qui parle ; c’est ainsi que son ciel un peu triste et surbaissé s’entrouvre, et laisse passer le rayon.

379. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Ajoutons vite (car ceci n’est point une biographie que nous prétendons esquisser, et nous ne voulons que faire connaître l’homme et le poète par ses traits principaux) que dès que Cowper s’aperçut que la présence de lady Austen pouvait à la longue chagriner Mme Unwin, et que l’aimable fée apportait dans le commerce habituel un principe trop vif de sensibilité ou de susceptibilité, propre à troubler leurs âmes unies, il n’hésita point une minute ; et sans effort solennel, sans coquetterie, par une simple lettre irrévocable, il sacrifia l’agréable et le charmant au nécessaire, et l’imagination tendre à l’immuable amitié. […] À Edmonton, sa femme aimante, qui du haut d’un balcon l’aperçoit, s’étonne, fort de le voir chevaucher de la sorte : « Arrête, Gilpin ; te voilà arrivé ! […] Que de fois, sur cette éminence que voilà, notre marche s’est ralentie, nous avons fait une pause et nous avons essuyé toute la bouffée du vent sans presque nous en apercevoir, tandis que l’Admiration repaissant sa vue, et toujours insatiable, s’arrêtait sur le paysage !

380. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Il sait mieux que personne ce que vous valez, il vous connaît à fond, il aime à vous entretenir, et lorsqu’il vous parle, une joie se répand sur son visage, dont tout le monde s’aperçoit. […] » L’évêque de Noyon fut quelques jours à s’apercevoir qu’il était la fable du monde ; il ne s’en doutait pas. […] [NdA] Car aujourd’hui, il est bon de le savoir, nous sommes aussi très ridicules quand nous louons, mais nous ne nous en apercevons pas.

381. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

De tout ce que j’apercevais dans la ville, je me figurais que rien n’était tel que mes yeux me le montraient. […] D’abord révolté, récalcitrant, ruant et fort roué de coups, voulant parler et crier à tous ce qu’il est, ce qu’il a sur le cœur, et ne parvenant qu’à braire, puis soumis et résigné, il n’a pas tardé à s’apercevoir que le plus sage pour lui est encore de faire son métier d’âne en conscience ; peu à peu, la curiosité aidant, il y prend presque plaisir et trouve çà et là, pour prix de sa patience, de petits dédommagements, jusqu’à ce qu’à la fin son mérite singulier le tire du pair et qu’il devienne un âne savant et tout à fait célèbre, un âne à la mode, un âne à bonnes fortunes. […] La narration d’Apulée reste tout agréable et vive ; sachons-lui-en gré, et de ce qu’il n’est pas l’inventeur, n’allons pas en profiter pour dire, comme ce critique moderne70, qu’on s’en aperçoit bien, et que cette fable est « trop délicate et trop gracieuse pour qu’on puisse l’attribuer à une plume aussi malhabile. » Singulière manière de remercier celui qui nous apporte un présent sur lequel on ne comptait pas !

382. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

Adieu, mon cœur… » Je ne sais trop si, en effet, dans les premiers jours de cette installation à Paris, la famille royale ne crut pas avoir été amenée par force à prendre le meilleur parti et si la reine elle-même ne se flatta point de pouvoir agir de près sur les esprits ; mais on dut vite s’apercevoir que la situation était et restait affreuse. […] Elle s’aperçut ensuite qu’elle s’était trop prévenue et que Barnave revenait à eux. […] À la mort de mon pauvre cher petit Dauphin69, la nation n’a pas seulement eu l’air de s’en apercevoir.

383. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Dans ce fameux et trop célèbre roman des Mystères de Paris, quand Eugène Sue s’apercevait qu’il avait trop plongé son lecteur dans la boue et dans l’horrible, vite il ramenait sa grisette gentille et rieuse et faisait chanter les oiseaux de Rigolette. S’il est permis de comparer le saint au profane, je dirai que de même, quand Mme de Gasparin s’aperçoit qu’elle s’est trop plongée dans la nature, au sein du grand Pan, ou qu’elle s’est oubliée trop longtemps à écouter le merle et le rouge-gorge, vite elle met le signet de ce côté et elle donne un ton d’orgue biblique. […] Ce réservoir a sa source au Yignemale dont on aperçoit les glaciers.

384. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Si, dans cette circonstance, Saint-Simon eut des ridicules aux yeux des autres ; si, quand il prit la parole pour protester au nom des ducs, on n’entendit qu’une petite voix dont quelques-uns dans l’assistance se moquèrent ; s’il y eut du plaisant pour quelques spectateurs dans l’incident, il est certain que, plein de son objet et de sa passion, il ne s’en apercevait pas lui-même : mais, en revanche, si vous lui passez ce travers, ce tic nobiliaire (pour l’appeler par son nom), que ne distinguait-il pas sur tous ces bancs autour de lui, dans les plis de ces fronts et de ces visages, dans cette multitude de masques où la nature lui avait accordé de lire ! […] M. de Turenne, à cheval, au petit galop, gagnait le long d’un fond, afin d’être à couvert de ces deux petites pièces ; en chemin il aperçut Saint-Hilaire sur la hauteur et alla à lui. […] Une autre fois, s’étant aperçu à l’armée que le roi le voyait frappant un palefrenier avec sa livrée, il lui cria de ne pas prendre garde à deux de ses valets qui se battaient.

385. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Et que le public surtout, le grand juge permanent, n’ait à s’en apercevoir dans la suite qu’au redoublement de mes efforts, à leur application de plus en plus marquée vers les sujets élevés et sérieux, qui sont faits pour remplir la seconde moitié de la vie. […] Il eut d’abord une modique place dans l’administration de ce bienveillant et universel patron, Français de Nantes, qui, l’ayant aperçu un jour dans ses bureaux, lui demanda : « Que venez-vous faire ici ?  […] Mais en prolongeant, Messieurs, je m’aperçois que je cours risque de répéter involontairement ceux qui lui ont payé ce jour-là sur sa tombe le tribut de douleur de la France, et que je rencontre surtout cette parole gravement éloquente57 qui fut alors votre organe, qui l’est encore aujourd’hui, et devant laquelle il est temps que je me taise.

386. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Les plus petites choses tiraient du prix de la manière et de la forme ; c’était de l’art que, sans s’en apercevoir et négligemment, l’on mettait jusque dans la vie. […] On s’aperçoit d’abord que, comme notre bon fabuliste, elle a lu de bonne heure l’Astrée, et qu’elle a rêvé dans sa jeunesse sous les ombrages mythologiques de Vaux et de Saint-Mandé. […] Tant qu’elle se borne à rire des Etats, des gentilshommes campagnards et de leurs galas étourdissants, et de leur enthousiasme à tout voter entre midi et une heure, et de toutes les autres folies du prochain de Bretagne après dîner, cela est bien, cela est d’une solide et légitime plaisanterie, cela rappelle en certains endroits la touche de Molière : mais, du moment qu’il y a eu de petites tranchées en Bretagne, et à Rennes une colique pierreuse, c’est-à-dire que le gouverneur, M. de Chaulnes, voulant dissiper le peuple par sa présence, a été repoussé chez lui a coups de pierres ; du moment que M. de Forbin arrive avec six mille hommes de troupes contre les mutins, et que ces pauvres diables, du plus loin qu’ils aperçoivent les troupes royales, se débandent par les champs, se jettent à genoux, en criant Meà culpà (car c’est le seul mot de français qu’ils sachent) ; quand, pour châtier Rennes, on transfère son parlement à Vannes, qu’on prend à l’aventure vingt-cinq ou trente hommes pour les pendre, qu’on chasse et qu’on bannit toute une grande rue, femmes accouchées, vieillards, enfants, avec défense de les recueillir, sous peine de mort ; quand on roue, qu’on écartèle, et qu’à force d’avoir écartelé et roué l’on se relâche, et qu’on pend : au milieu de ces horreurs exercées contre des innocents ou pauvres égarés, on souffre de voir Mme de Sévigné se jouer presque comme à l’ordinaire ; on lui voudrait une indignation brûlante, amère, généreuse ; surtout on voudrait effacer de ses lettres des lignes comme celles-ci : « Les mutins de Rennes se sont sauvés il y a longtemps : ainsi les bons pâtiront pour les méchants : mais je trouve tout fort bon, pourvu que les quatre mille hommes de guerre qui sont à Rennes, sous MM. de Forbin et de Vins, ne m’empêchent point de me promener dans mes bois, qui sont d’une hauteur et d’une beauté merveilleuses ; » et ailleurs : « On a pris soixante bourgeois ; on commence demain à pendre.

387. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre II. Les privilèges. »

On s’en aperçoit d’abord à la distribution de la propriété22. […] Un évêque, un abbé, un chapitre, une abbesse a le sien, comme un seigneur laïque ; car jadis le monastère et l’Église ont été de petits États, comme le comté et le duché. — Intacte de l’autre côté du Rhin, presque ruinée en France, la bâtisse féodale laisse partout apercevoir le même plan. […] Sur les 123 millions, 23 passent en frais de perception ; mais, quand on compte le revenu d’un particulier, on n’en défalque pas ce qu’il paye à ses intendants, régisseurs et caissiers. — Talleyrand (10 octobre 1789) estime le revenu des biens-fonds à 70 millions et leur valeur à 2 100 millions ; mais, à l’examen, le capital et le revenu se sont trouvés notablement plus grands qu’au premier aperçu.

388. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

J’ai attendu, pour vous reparler de l’Immortel, qu’on en parlât un peu moins et que l’on pût enfin s’apercevoir qu’il y a peut-être dans le dernier roman de M.  […] Il ne s’aperçoit pas qu’il y a autant de pédants impressionnistes et modernistes que de pédants académiques, et que les premiers ne sont pas toujours les moins bornés ni les moins déplaisants. .. […] Alphonse Daudet s’est si peu donné la peine de nous la rendre sensible, que nous pourrions presque affecter de ne pas l’apercevoir.

389. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Rousseau, quelque temps, a été laquais ; on s’en aperçoit à plus d’un endroit de son style. […] De telles pages étaient en littérature française la découverte d’un monde nouveau, d’un monde de soleil et de fraîcheur qu’on avait près de soi sans l’avoir aperçu encore ; elles offraient un mélange de sensibilité et de naturel, et où la pointe de sensualité ne paraissait qu’autant qu’il était permis et nécessaire pour nous affranchir enfin de la fausse métaphysique du cœur et du spiritualisme convenu. […] Quand il revoit Mme de Warens, à son retour de Turin, il est logé quelque temps chez elle, et de la chambre qu’on lui donne il voit des jardins et découvre la campagne : « C’était depuis Bossey (lieu où il avait été mis en pension dans son enfance), c’était la première fois, dit-il, que j’avais du vert devant mes fenêtres. » Il avait été bien indifférent jusque-là à la littérature française d’avoir ou de n’avoir pas du vert sous les yeux ; c’était à Rousseau qu’il appartenait de l’en faire apercevoir.

390. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Pour le reste, on s’aperçoit trop qu’il y est plus ou moins dépaysé ; dans tout ce qu’on peut appeler invention ou poésie, il n’avait que de brillantes ébauches, des saillies natives qui se répandaient surtout dans la conversation, mais qui s’amortissaient sous sa plume ou qui tournaient lourdement à l’imitation et presque au pastiche. […] Parlant de cet avenir de raison perfectionnée, dont il aperçoit à peine l’aurore, et dont, tout sceptique qu’il est, il ne désespère pas tout à fait pour l’avenir de l’humanité : « Tout dépend pour l’homme, dit-il, du temps où il vient au monde. […] Le côté aimable, familier et séduisant de Frédéric est parfaitement indiqué dans ce récit de notre voyageur : l’hôte prudent et modeste n’a pas eu le temps ou le désir de s’apercevoir des défauts qui altéraient souvent ce fonds de sagesse et d’agrément.

391. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

La contiguïté même devient toujours, pour la conscience, une certaine similarité : le seul fait de s’apercevoir que des choses disparates coïncident, comme une vive lumière, un son, une douleur, est déjà une conscience de similitude au sein de la différence. […] Concluons que si, dans les circonstances de l’association, il y a un perpétuel mélange de contiguïté et de similarité, le fait même d’apercevoir la similarité ou la contiguïté produit un lien nouveau. […] Le pigeon ou le rat à qui l’on a retranché cette calotte superficielle, le cochon d’Inde à qui l’on sectionne les deux pédoncules cérébraux en avant et au dessus de la protubérance, a encore des sensations, mais il ne les aperçoit plus au moment où il les a ; il ne les connaît plus, ne les répète plus en les systématisant et les classant ; il ne peut plus y faire attention, ni les lier à l’appétition du moment ; les organes répétiteurs n’existant plus ou ne répétant plus, il n’y a plus de mémoire ni de liaison d’images.

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