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2853. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Et, en effet, c’est le métaphysicien qu’il est encore, sans le vouloir, contre la métaphysique ; c’est le philosophe, qui, dans les premières années de sa vie intellectuelle, partit de Condillac pour aller à Hegel, où tout le monde philosophique allait alors, comme on va maintenant à Notre-Dame de Lourdes, puis qui revint à Condillac, dégoûté d’allemanderie, en véritable esprit français fait pour le léger et le clair, et qui, s’il a maintenant perdu la légèreté immatérielle de notre race, en a du moins gardé la clarté, sous les accumulations et les épaississements de son style et de sa manière.

2854. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

» VI10 Il y a des années qu’on parlait de La Tentation de saint Antoine, ce vieux nouveau livre de Gustave Flaubert, lequel n’a point, comme on le sait, la production facile, et à qui il faut du temps pour accoucher.

2855. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Pour combien d’années encore en a cette société ? […] Les forces, les années, les loisirs manquent. […] Il faut le voir, non pas dans le médiocre portrait65 des Fleurs du mal, mais plutôt dans le Baudelaire vieilli que nous montre une photographie des dernières années. […] Gautier, Sainte-Beuve… — Dans les premières années de la Troisième République ? […] Pour voir plus vrai, il se recule de l’objet, il laisse intervenir entre ses yeux et la nature cette justesse de l’éloignement qui symboliserait dans le domaine des formes la justice des années dans le domaine des mœurs et des événements.

2856. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Au milieu de la dispute théologique se développent des paysages ; il voit « de nouveaux bourgeons fleurir, de nouvelles fleurs se lever, comme si Dieu eût laissé en cet endroit les traces de ses pas et réformé l’année. […] Il était malade depuis longtemps, impotent, contraint de beaucoup écrire, réduit à exagérer la flatterie pour obtenir des grands l’argent indispensable que les éditeurs ne lui donnaient pas797. « Ce que Virgile a composé798, disait-il, dans la vigueur de son âge, dans l’abondance et le loisir, j’ai entrepris de le traduire dans le déclin de mes années ; luttant contre le besoin, opprimé par la maladie, contraint dans mon génie, exposé à voir mal interpréter tout ce que je dis, avec des juges qui, à moins d’être très-équitables, sont déjà indisposés contre moi par le portrait diffamatoire qu’on a fait de mon caractère. » Quoique bien disposé pour lui-même, il savait que sa conduite n’avait pas toujours été digne, et que tous ses écrits n’étaient pas durables.

2857. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

J’ai vu des années où le blé était rare et cher, et où les châtaignes mêmes manquaient ; mais je dois déclarer en toute vérité que je n’ai jamais vu une famille indigente souffrir de froid et de faim pendant qu’il y avait une étable pour la réchauffer chez le voisin, des galettes sur la nappe écrue de la table, du lait dans l’écuelle des autres enfants !

2858. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Cette beauté seulement, qui n’était pas encore accomplie par l’âge, manquait de cette virilité que donnent les années.

2859. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Tout suivra bientôt, et tous les genres conformes au génie du temps en quelques années toucheront leur perfection.

2860. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Il y a peu d’années, une crise dangereuse et extrêmement intéressante a mis aux prises — pour ne rien dire des intérêts individuels, des convoitises ou des rancunes — l’esprit de justice et le respect de la chose jugée et de l’autorité en général, l’amour de la patrie et l’aspiration vers une humanité élargie et meilleure, le zèle pour la vérité quelle qu’elle fût, et le sens des conventions nécessaires, l’amour des grandes abstractions idéalisées et le souci de réalités qui imposent à la vie des concessions parfois dures.

2861. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Ses calculs sont faits ; il va acheter des terres ; dans un an, il sera député, et pair de France l’année suivante… en février ou en mars 1848, au plus tard… Ainsi finit, par un excellent trait, cette ingénieuse et piquante comédie, à laquelle je ne saurais reprocher qu’une impartialité si régulière et si symétrique que son mouvement de scène ressemble parfois à un jeu de bascule comique et morale.

2862. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Paissent les vrais chercheurs nous donner l’année prochaine cette joie singulière de célébrer l’avènement du neuf !”

2863. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Cette poésie est de ces derniers temps : elle est datée de Marine-Terrace et de l’année 1855.

2864. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Il y a déjà un certain nombre d’années, un paquebot fit naufrage dans les environs de Dieppe.

2865. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

Les Années philosophiques 1867 et 1868, par M. 

2866. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Puis, chaque année, nous tirerons au sort des chefs, des magistrats, et ces chefs ainsi établis, réglant leur conduite sur les lois ainsi instituées, dirigeront les navires et soigneront les malades. Ensuite, lorsque ces magistrats auront atteint le terme de l’année, il nous faudra établir des tribunaux dont les juges seront choisis parmi les riches ou tirés au sort parmi le peuple entier, et faire comparaître les magistrats à l’effet de rendre compte de leur conduite : quiconque le voudra pourra les accuser de n’avoir pas, pendant l’année, dirigé les navires suivant les lois écrites ou suivant les coutumes des ancêtres. […] Je respecte ces grands noms de l’histoire athénienne ; seulement, je fais deux remarques : la première que ces grands hommes ne semblent pas avoir amélioré beaucoup leurs concitoyens ; et la seconde que leurs concitoyens les ont tous accusés, reniés, condamnés, proscrits ; d’où il faut bien conclure de deux choses l’une, ou que ces grands hommes étaient des coquins dignes de châtiment, ou qu’ils étaient incapables d’améliorer leurs concitoyens, puisque c’est après avoir été gouvernés et dressés par eux pendant des années que leurs concitoyens avaient la perversité de les condamner ; d’où il faut en définitive inférer de trois choses l’une : ou que la démocratie se donne des chefs qui sont des scélérats et qu’elle est forcée de frapper ; ou qu’elle se donne des chefs si incapables qu’ils la rendent plus féroce au lieu de la civiliser ; ou que la démocratie, quand elle n’a pas été aveugle, s’empresse de devenir ingrate ; — et aucune de ces conclusions n’est à l’éloge de la démocratie, ni de nature à en faire prendre le goût. […] Son dessein général Ainsi orienté, ainsi poussé par les tendances maîtresses que j’ai dites et tempéré et contenu par son aptitude à comprendre ce qu’il n’aimait pas, après de longues années de voyages, d’observations, de comparaisons et de réflexions, vers quarante ans, d’après les meilleures conjectures des historiens, Platon songea à enseigner et à écrire. […] Ils seront nourris par les autres citoyens, par l’État, de telle sorte qu’ils n’aient ni trop de nourriture ni trop peu pour l’année.

2867. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Les narrations du passé importunent ordinairement, parce qu’elles gênent l’esprit de l’auditeur, qui est obligé de charger sa mémoire de ce qui est arrivé plusieurs années auparavant, pour comprendre ce qui s’offre à sa vue. […] qu’il eût mieux valu, plus sage et plus heureux, Et repoussant les traits d’un amour dangereux, Ne pas laisser remplir d’ardeurs empoisonnées Un cœur déjà glacé par le froid des années ?

2868. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Mort obscur quelques années après, il ne ressuscita un peu que sous la Restauration, et donna alors, sous le nom de Davenant, réputé son fils, ses pièces.

2869. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

J’ai connu un homme qui, plus que personne, a appartenu à cette école ; pendant ses longues années de surnumérariat et d’apprentissage, pendant qu’il écrivait je ne sais combien de romans et de poésies qui jamais ne verront le jour, pendant qu’il lisait les maîtres de tous pays, pendant qu’il voyageait et qu’il allait demander à la nature les effluves fécondants qu’elle réserve à ceux qui veulent communier avec elle, il avait cru qu’il suffisait de posséder la Forme pour avoir le droit de parler à ses contemporains.

2870. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Il est vrai que le plus grand nombre est forcé de travailler par la nécessité ; mais il y a çà et là dans la société des hommes pour lesquels une occupation active est un besoin, qui sont inquiets quand ils n’ont rien à faire, malheureux si par hasard ils doivent renoncer au travail ; des hommes pour lesquels tel sujet d’investigation est si plein d’attrait qu’ils s’y adonnent des jours et des années, presque sans prendre le repos nécessaire à leur santé. » Comme pour vivre, même en sauvage, il faut faire quelquefois un travail ennuyeux, on sait que cette charge incombe aux femmes, qui, pendant que l’homme dort, peinent par crainte des coups. […] Guge (d’Amsterdam) a donné le nom d’aprosêkie à une incapacité de fixer son attention sur un objet déterminé, par suite d’une diminution de la respiration nasale due à certaines circonstances, telles que des tumeurs adénoïdes dans la cavité pharyngo-nasale, des polypes du nez, etc  Un enfant de sept ans n’avait réussi à apprendre à l’école pendant toute l’année que les trois premières lettres de l’alphabet.

2871. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Après ces préparations, il parle en effet aux soldats, et il leur propose imprudemment la fuite, comme un ordre absolu de Jupiter ; pouvoient-ils ne s’y pas rendre, fatigués qu’ils étoient déja de neuf années entieres de batailles ? […] Pour les diverses actions des mêmes figures, diroit-on qu’elles étoient répétées sous différentes formes, en plusieurs tableaux séparés ; mais cela ne feroit qu’augmenter la confusion ; il vaut mieux avouer franchement qu’Homere a abusé de la puissance de Vulcain, et qu’après lui avoir fait faire des trépieds qui marchent seuls aux assemblées des dieux, et des statues d’or qui parlent et qui pensent, il n’a cru que suivre ce systême, en lui faisant faire encore un bouclier mouvant, comme ces tableaux que nous avons vûs en France depuis quelques années.

2872. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Quant à juvenis, il paroît signifier juvando ennis ; & cet ennis est un adjectif employé dans bi-ennis, tirennis, &c. pour signifier qui a des années : perennis paroît n’en être que le superlatif, tant par sa forme que par sa signification : ainsi juvenis veut dire juvando ennis, qui a assez d’années pour aider ; cela est d’autant plus probable, que juvenis est effectivement relatif au nombre des années ; & que tout homme parvenu à cet âge, est dans l’obligation réelle de mériter par ses propres services les secours qu’il tire de la société. […] Cette faute qui avoit subsisté tant d’années sans être apperçue, pouvoit l’être encore plûtard, & lorsqu’il n’auroit plus été tems de la corriger ; la juste célébrité de Boileau auroit pû en imposer ensuite à quelque jeune écrivain qui l’auroit copié, pour l’être ensuite lui-même par quelque autre, s’il avoit acquis un certain poids dans la Littérature : & voilà moeurs d’un genre douteux, à l’occasion d’une faute contre laquelle il n’y auroit eu d’abord aucune réclamation, parce qu’on ne l’auroit pas apperçue à tems. […] On ne juge cependant pas que cela rende les vers moins coulans ; on n’y fait aucune attention ; & on ne s’apperçoit pas non plus que souvent l’élision de l’e féminin n’empêche point la rencontre de deux voyelles, comme quand on dit, année entiere, plaie effroyable, joie extréme, vûe agréable, vûe égarée, bleue & blanche, boue épaisse ». […] Dans les premieres années de notre enfance, nous lions certaines idées à certaines impressions ; l’habitude confirme cette liaison.

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