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312. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Non, mais une synergie collective, constituée par des espèces, aussi séparées les unes des autres que les espèces animales. […] Il a pris soin de bien marquer que la vie est aussi simple chez les animaux qu’elle est compliquée chez l’homme. […] Cette lutte est simple pour les animaux : « Entre eux », écrit-il dans son avant-propos, « il y a peu de drames. […] Il s’avilit de toutes les forces de sa nature animale pour vivifier davantage les forces de sa nature spirituelle. […] Un minéral n’est ni une plante, ni un animal.

313. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

C’est, dans les Géorgiques, l’hymen de Jupiter et de Cybèle, l’ivresse sacrée du printemps, la fraternité des plantes, des animaux et des hommes, la sérénité et la bienfaisance de la vie rustique  et le désespoir de l’Orphée symbolique, de l’éternel Orphée pleurant l’éternelle Euridyce. […] Relisez les pages sur les deux extrémités du vieil ordre social, le peuple et la cour (« L’on parle d’une région… » etc., et « L’on voit certains animaux farouches… » etc.), et sur la guerre (« Petits hommes, hauts de six pieds… » etc.). […] Car il remonte toujours, par l’analyse, à des causes qui se confondent avec l’instinct animal. […] Taine est l’écrivain qui nous a fait le plus fortement sentir et comprendre l’animal et la machine qu’est toujours l’homme. […] Le Chat-Noir Cet ingénieux animal n’est pas mort ; mais on peut dire, sans l’offenser, qu’il est sorti de sa « période héroïque ».

314. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Il ne faudrait pas forcer l’analogie ; nous devons pourtant remarquer que les communautés d’hyménoptères sont au bout de l’une des deux principales lignes de l’évolution animale, comme les sociétés humaines à l’extrémité de l’autre, et qu’en ce sens elles se font pendant. […] Et ici apparaît un trait caractéristique de l’« animal politique » qu’est l’homme. […] Mais elle ne peut poser une espèce animale sans dessiner implicitement les attitudes et mouvements qui résultent de sa structure et qui en sont les prolongements. […] Au lieu de lui fournir des instruments, comme elle l’a fait pour bon nombre d’espèces animales, elle a préféré qu’il les construisît lui-même. […] Nous en dirions autant de l’instinct et de l’intelligence, de la vie animale et de la vie végétale, de maint autre couple de tendances divergentes et complémentaires.

315. (1903) Le problème de l’avenir latin

C’est le champ ouvert au libre fauve, au pur, instinctif, personnel animal humain en proie à son désir et à sa faim. […] D’autre part, le lourd, fruste, grossier Romain, qui s’avance méthodiquement avec sa simple force brutale et neuve, sa pure énergie animale de peuple jeune, sain et fort. […] Le dolichocéphale blond du monde septentrional est un animal naturellement supérieur au brachycéphale du monde méridional. […] Néanmoins le but serait le même : constituer des corps vigoureux, des organismes normaux et puissants, emplis de cette grande vie animale dont dépendent la vie morale et mentale. […] Il ne s’agirait, je le répète, que de tenter sur l’humanité ce qu’on pratique couramment de nos jours sur la plante et l’animal — c’est à dire de rapprocher l’humanité du milieu terrestre, en cessant de considérer, suivant l’idée chrétienne, l’animal humain comme un être surnaturel ayant ses racines dans un ciel de fiction.‌

316. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Lucrèce a dit que les chiens de chasse mettoient une forest en mouvement ; où l’on voit qu’il prend la forest pour les animaux qui sont dans la forest. […] Sous le regne animal ils comprènent les animaux. […] Il y a aussi plusieurs mots qui expriment le cri des animaux, come bêler qui se dit des brebis. (…), aboyer, se dit des gros chiens. (…), aboyer, hurler, c’est le mot générique. (…), parler entre les dents, murmurer, gronder, come les chiens : (…). Les noms de plusieurs animaux sont tirés de leurs cris, surtout dans les langues originales. […] lion, nom d’un animal ; lion, nom d’une constellation, d’un signe céleste ; lion, nom d’une vile.

317. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Ainsi nous exploitons le monde, nous volons et nous tuons les plantes et les animaux, nous dépouillons quand nous le pouvons les races inférieures dès qu’elles sont vaincues, et nous mesurons leur infériorité à leur défaite. […] Il n’y a pas là beaucoup plus de « justice » que lorsque nous tuons un animal pour le manger (et nous pourrions aussi faire valoir, pour nous concilier l’animal, que nous allons le transformer en un être supérieur). […] Il l’a isolé du reste de la nature, il l’a élevé au-dessus de tous les êtres vivants, creusant un infranchissable abîme entre lui et ses parents animaux les plus rapprochés.

318. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

En même temps il inventait des machines singulières, et en exécutait de ses mains les modèles ; il s’occupât de l’histoire naturelle des animaux, et entrait l’un des premiers dans la voie de l’anatomie comparée. […] De même que, dans le sein de la mère, à l’état d’embryon, l’enfant parcourt rapidement, avant de naître, tous les degrés de l’organisation animale, de même, éclos et né, il tend à parcourir en abrégé les premiers âges de l’histoire et d’avant l’histoire.

319. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

A un endroit on est tout surpris de voir qu’un général, commandant un corps d’armée en mouvement, traîne avec lui toute une ménagerie d’animaux : c’est bien du prince qui, à l’âge de quatorze ans, avait ce singe favori qu’il faisait magnifiquement enterrer. […] Ces diables d’animaux-là me feront tourner la tête ; ce qui fait bien voir combien il est difficile de concilier les différentes nations.

320. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Baudelaire, en composant ses Fleurs du mal, a rempli son livre de parfums étranges, artificiels, raffinés, capiteux ; et les réalistes de tous les temps, attirés vers ce qu’il y a de plus grossier et de plus animal dans l’homme, par conséquent vers les sensations réputées les moins nobles, parce qu’elles intéressent moins l’intelligence, ont été particulièrement préoccupés des saveurs et des odeurs. […] Victor Hugo mêle à la véhémence des colères politiques une pitié ardente pour tous ceux qui souffrent, depuis les parias de la société humaine jusqu’à l’araignée, à l’ortie, au crapaud, ces parias du règne animal et végétal.

321. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Dans l’étude comparative des constitutions sociales et politiques, comprise à la manière d’Aristote, Vico, Montesquieu, Condorcet, Hume, de Tocqueville, il faut « un esprit pénétrant, en d’autres termes une forte faculté identifiante, qui puisse réunir et extraire les ressemblances de l’obscurité des différences176. » Le progrès d’une classification consiste à associer, dans un même groupe, des êtres semblables malgré des dissemblances apparentes, à passer des identités superficielles aux identités fondamentales, de la division d’Aristote en animaux terrestres, marins et aériens, à la division de Cuvier, fondée sur la vraie nature et non sur des ressemblances accidentelles. […] Dans le règne animal, la comparaison entre les diverses parties qui composent chaque individu, conduit à la découverte des homologies.

322. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre troisième. L’idée-force du moi et son influence »

Même dans nos rapports avec les animaux, nous subissons encore une logique commune, qui est plutôt, il est vrai, sensitive qu’intellectuelle : le commerce avec les animaux, amis ou ennemis, n’en est pas moins une interprétation de signes, conséquemment un phénomène de logique sociale.

323. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

Né avec un sentiment vigoureux et prompt, il s’élancera avec rapidité, et par saillies, d’un objet à l’autre ; semblable à ces animaux agiles, qui, placés dans les Pyrénées ou dans les Alpes, et vivant sur la cime des montagnes, bondissent d’un rocher à l’autre, en sautant par-dessus les précipices : l’animal sage et tranquille, qui dans le vallon traîne ses pas et mesure lentement, mais sûrement, le terrain qui le porte, les observe de loin, et ne conçoit pas cette marche, qui pourtant est dans la nature comme la sienne ; mais que l’auteur prenne garde : tout a ses défauts et ses dangers.

324. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « LES FLEURS, APOLOGUE » pp. 534-537

J’ai vu même des animaux sauvages (ne vous scandalisez pas) tressaillir autant que votre belle Cordélia pour un parfum et se rouler avec délices sur ces fleurs naïves qui les enivraient.

325. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre IV. De l’analogie. — Comparaisons et contrastes. — Allégories »

Partant de la vieille et banale comparaison d’un peuple libre à un cheval sauvage, Barbier a traduit dans les images qui montrent l’animal dompté, enlevé, poussé, crevé par son écuyer, l’histoire de la France asservie par Bonaparte, lancée à travers l’Europe, épuisée de guerres, et agonisante enfin avec lui.

326. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XII. Demain »

Tel animal généreux veut pour les autres comme pour lui les joies de porc bien nourri seules sensibles au bon ventre humanitaire qui est son être total.

327. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — V »

S’il est vrai que les nations sont constituées par une poussière de fellahs, Taine en prend trop aisément son parti ; il a trop peur que la raison pure intervienne et dérange ces sommeils, cette belle ordonnance animale…‌ Mais à peine ai-je écrit ces lignes et ces mots « servilité, servage » que, sans pouvoir rien en effacer, je proclame combien je suis injuste envers un homme qui, le seul, avec Fustel de Coulanges, et mieux que Fustel de Coulanges, m’a fait toucher des réalités dans l’histoire de mon pays.‌

328. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Les nègres, cette espèce d’hommes si différente de la nôtre, sont tellement nés pour leur patrie, que des milliers de ces animaux noirs se sont donné la mort, quand notre barbare avarice les a transportés ailleurs. […] Dieu, dans toute la terre, a proportionné les organes et les facultés des animaux, depuis l’homme jusqu’au limaçon, au lieu où il leur a donné la vie. […] Au dedans on voit tantôt l’un, tantôt l’autre des animaux dont Vischnou a pris la forme : la tortue, le poisson, le sanglier à quatre bras, le cheval, le sinhâ (lion gigantesque sans crinière). […] On y voit aussi représentés des animaux, des plantes, des rivières, des montagnes. […] Les ailes s’étalent à plat sur le dos et la croupe de l’animal.

329. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Ce vague qui plane sur l’objet de ses études, cette nature sporadique, comme disent les Allemands, cette latitude presque indéfinie qui renferme sous le même nom des recherches si diverses, font croire volontiers qu’il n’est qu’un amateur, qui se promène dans la variété de ses travaux et fait des explorations dans le passé, à peu près comme certaines espèces d’animaux fouisseurs creusent des mines souterraines, pour le plaisir d’en faire. […] Comte fait exactement comme les naturalistes hypothétiques qui réduisent de force à la ligne droite les nombreux embranchements du règne animal. […] Comte prophétise a priori que l’étude comparée des langues amènera à en reconnaître l’unité comme fait historique, car, dit-il, chaque espèce d’animal n’a qu’un cri.

330. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Ce développement s’est effectué sur les deux grandes lignes d’évolution de la vie animale, avec les Arthropodes et les Vertébrés. […] Humaine ou animale, une société est une organisation ; elle implique une coordination et généralement aussi une subordination d’éléments les uns aux autres ; elle offre donc, ou simplement vécu ou, de plus, représenté, un ensemble de règles ou de lois. […] Si l’on disait qu’elle embrasse l’humanité entière, on n’irait pas trop loin, on n’irait même pas assez loin, puisque son amour s’étendra aux animaux, aux plantes, à toute la nature. […] Celui-là caractérise un ensemble d’habitudes qui correspondent symétriquement, chez l’homme, à certains instincts de l’animal ; il est moins qu’intelligence. […] L’humanité est invitée à se placer à un niveau déterminé, — plus haut qu’une société animale, où l’obligation ne serait que la force de l’instinct, mais moins haut qu’une assemblée de dieux, où tout serait élan créateur.

331. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Karr, Alphonse (1808-1890) »

. — Les Animaux nuisibles (1856). — Histoires normandes (1856). — Lettres de mon jardin (1856). — Promenades hors de mon jardin (1856). — Rose et Jean (1857). — Encore les femmes (1858). — Menus propos (1859). — Roses noires et blanches (1859). — Sous les orangers (1859). — En fumant (1861). — Les Pleurs (1861)

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