C’est par cette figure qu’un grand homme d’État anglais a donné l’idée la plus frappante de ce que doit être le gouvernement chez une nation forte, une nation qui a de grandes facultés et de grandes passions : car il n’y a point de grandes facultés sans grandes passions ; et malheur aux nations qui ne sont point passionnées ! […] L’essai d’importation du gouvernement anglais en France est pour lui, à cette date, une expérience manquée, et il se tourne en idée vers la forme de république américaine : « Les États-Unis, dit-il, n’ont eu depuis cinquante ans que des pouvoirs responsables ; ils n’en ont pas eu de coupables. […] Mais pourquoi, dirons-nous à notre tour, pourquoi l’importation américaine réussirait-elle mieux en France que ne l’a fait l’importation anglaise ?
Les Français, à cet égard, dépassent certainement de beaucoup les Anglais. […] Les Espagnols passent communément pour être cruels, les Anglais orgueilleux, les Écossais insolents, les Hollandais avares, etc. ; mais je pense que les Français n’ont aucun vice national qu’on leur attribue. […] Le fait est qu’une méfiance assez singulière, entretenue par les négociateurs anglais, et dont il serait trop long d’expliquer la cause, s’était glissée depuis quelque temps dans l’esprit des commissaires américains, et leur avait fait passer outre à la politesse.
Il aimait passionnément les idées générales, mais il les dissimulait si bien, qu’un Anglais, auteur d’un livre intéressant sur les États-Unis, lui disait : « Ce que j’admire particulièrement, c’est qu’en traitant un si grand sujet, vous ayez si complètement évité les idées générales. » Il ne les évitait pas, loin de là ; mais il cherchait autant que possible à les incorporer dans les faits. […] Les économistes anglais de leur côté sont presque tous d’accord pour prétendre que les institutions aristocratiques sont plus favorables au bien-être des masses. […] Senior, l’un des amis et l’un des correspondants de Tocqueville ; mais celui-ci s’opposait de toutes ses forces à cette prétention, et affirmait que, dans la constitution anglaise, le bien du pauvre est sacrifié à celui du riche.
Watson, auquel je suis profondément obligé du concours qu’il m’a prêté de toutes manières, m’a fourni une liste de 182 plantes anglaises qui sont en général regardées comme des variétés, mais qui ont toutes été mises par quelques botanistes au rang d’espèces. […] Watson m’a indiquées comme espèces douteuses, mais qui sont presque universellement considérées par des botanistes anglais comme de bonnes et véritables espèces. […] L’auteur a supprimé ici un paragraphe qui se trouve dans les trois premières éditions anglaises et dans notre première édition française.
Delolme, sur la constitution anglaise, une page où cette constitution est admirablement analysée dans un sens général, comme une théorie pure, sans aucune application particulière. […] Je suis obligé de citer encore l’Angleterre ; car la manière dont s’est formée la constitution anglaise est un fait si considérable dans ce moment, que nous ne pouvons pas nous abstenir d’avoir toujours les yeux sur ce qui s’est passé dans cette île. […] Chez les Anglais, le sceptre pesant sur tous, la noblesse, en se défendant, devait défendre la masse de la nation.
Si je n’étois pas anglais, je dirois qu’il faut s’en prendre à la légereté des têtes. […] J’étois l’autre jour à la Villette ; j’avois voulu selon la coutume anglaise, m’y rendre à pied. […] Ainsi je permettrois à un solitaire les jardins anglais, mais la tournure n’en est pas supportable pour un français qui aime à voir à ses côtés des personnes aimables. […] d’ailleurs que me fait un jardin anglais, si l’on n’y danse & si l’on n’y rit pas ? […] D’ailleurs, comme dit un écrivain moderne, l’Anglais a toujours la fievre, ainsi que le lion ; au lieu que le Français ne se fâche que pour un moment.
Le patriciat anglais, c’est le patriciat, dans le sens absolu du mot.
Elle savait l’anglais et s’y fortifia ; cette langue nette, sensée, énergique, lui devint familière comme la sienne propre. […] Mlle de Meulan, s’étant mise à traduire les premières pages d’un roman anglais, Emma Courtney, se laissa bientôt aller à le continuer pour son compte et à sa guise. C’était la grande vogue alors des romans anglais, avec force événements et émotions. […] Mais dites-moi, je vous prie, si c’est Mlle de Meulan qui a écrit le morceau sur Vauvenargues et celui sur le Thibet, les Anglais, etc. […] Elle savait à merveille la littérature anglaise et en possédait les poètes, les philosophes ; on la pourrait rapprocher elle-même d’Addison et de Johnson, ces grands critiques moralistes.
Le plus grand nombre est allemand, mais il y a quantité de spectateurs venus de toutes les parties du monde, des Russes d’abord, et aussi beaucoup d’Américains, force Anglais et quelques Français, plus que notre renommée d’ennemis des voyages ne le ferait supposer. — Mais c’est encore là une vieille observation que tous répètent sans la vérifier, et, défait, les Français sont devenus, depuis la guerre, un des peuples les plus cosmopolites qui soient. — Les costumes les plus variés se rencontrent dans cette vaste salle de restaurant où les délices de la bière et du tabac alternent avec ceux de la musique. […] Signalons encore deux excellents articles parus en des revues anglaises : l’un de M. […] Sans m’arrêter aux quelques réminiscences, entièrement extérieures et froides du reste, de Robert (1831), non plus qu’au motif de Marcel — les accords arpégés de violoncelle et contrebasse — ni au rôle si apprécié comme couleur locale du choral de Luther, je me bornerai à indiquer, dans les Huguenots (1836), deux moments vraiment beaux comme expression dramatique : le retour de la phrase « Tu l’as dit », chanté d’abord par le cor anglais, puis par la flûte, lorsque Valentine répond au cri : « Où donc étais-je ? […] Mais tous ces passages me paraissent surpassés par l’émouvant retour d’une phrase tirée de l’Arioso de Fédès : « Ta pauvre mère », etc., dite cette fois en sanglotant par le cor anglais, et planant au-dessus d’un susurrement mystérieux en trémolo des cordes au moment où, vers la fin du second acte, le futur Roi-Prophète s’échappe pour écouter à la porte de la chambrette de sa mère, qui « dans son sommeil murmure une prière pour le fils ingrat ; une perle, fut-elle enfouie dans un fumier, vaut bien la peine qu’on la mette en lumière ! […] Ils ne pourraient certes nous accuser de germanisme, après une interprétation en anglais de Lakme ou de Sylvia.
Il a fallu encore une forme d’esprit étrange et puissante, aussi anglaise que son orgueil et ses passions. […] Pareillement, la constitution anglaise ne fut jamais qu’une transaction entre des puissances distinctes, contraintes de se tolérer les unes les autres, disposées à empiéter les unes sur les autres, occupées à traiter les unes avec les autres. […] La petite monnaie manquait en Irlande, et les ministres anglais avaient donné à William Wood une patente pour frapper cent huit mille livres sterling de cuivre. […] Avec les formules de politesse officielle, il le transperce ; il n’y a qu’un Anglais capable d’un tel flegme et d’une telle hauteur. […] Voyez aussi dans l’Examiner le pamphlet sur Malborough, désigné sous le nom de Crassus, et la comparaison de la générosité romaine et de la ladrerie anglaise.
Vous me demandiez tout à l’heure ce que les Anglais ont fait en philosophie ; je réponds : la théorie de l’induction. […] À tout le moins, cette théorie de la science est celle de la science anglaise. […] Il a décrit l’esprit anglais en croyant décrire l’esprit humain. […] Il me semble que le plus souvent ces deux dispositions se rencontrent dans une tête anglaise. […] Nous avons élargi les idées anglaises au dix-huitième siècle : nous pouvons, au dix-neuvième siècle, préciser les idées allemandes.
Seulement, ajoutait-il, je crois que vous vous trompez en regardant ce point de vue comme particulièrement anglais. […] Ma seule réponse est qu’il y a des philosophes qui ne comptent pas, et que tous ceux-là, Anglais ou non, spiritualistes ou non, on peut les négliger sans grand dommage. […] A tout le moins, cette théorie de la science est celle de la science anglaise. […] Il a décrit l’esprit anglais en croyant décrire l’esprit humain. […] Il me semble que le plus souvent ces deux dispositions se rencontrent dans une tête anglaise.
Telle d’entre elles, faite en anglais, n’avait jamais paru dans notre langue.
Il lisait Byron, soyez en sur, bien moins dans le texte anglais que dans ses propres sentiments à lui et dans son âme. […] « Moi-même, s’il m’est permis de me citer comme poëte, tout en professant et même en affichant l’imitation des poëtes anglais et des lakistes, je vous étonnerais si je vous disais combien je les ai devinés comme parents et frères aînés, bien plutôt que je ne les ai connus d’abord et étudiés de près. […] Il savait l’italien et l’anglais, c’était tout : pas un mot d’allemand. […] Toutes les traductions d’anglais que j’ai insérées dans mes articles ont passé sous ses yeux et aussi sous les yeux de notre ami commun M.
À la ville, les gentilshommes ne portent plus l’épée ; ils ont quitté les broderies, les galons, et se promènent en frac uni, ou courent dans un cabriolet qu’ils conduisent eux-mêmes569. « La simplicité des coutumes anglaises » et les usages du Tiers leur ont paru plus commodes pour la vie privée. […] Lorsque l’Anglais leur propose en exemple la Constitution anglaise, « ils en font bon marché », ils sourient du peu ; cette Constitution ne donne pas assez à la liberté ; surtout elle n’est pas conforme aux principes Et notez que nous sommes ici chez un grand seigneur, dans un cercle d’hommes éclairés. […] Malouet lui-même se figure mal le Parlement anglais, et plusieurs, sur l’étiquette, l’imaginent d’après le Parlement de France Quant au mécanisme des constitutions libres ou aux conditions de la liberté effective, cela est trop compliqué.
Beljame, professeur de langue anglaise réputé, déclarait à son élève favori, que s’il avait le malheur d’apprendre l’allemand (après le français et l’anglais) il ne saurait plus que très mal le français et l’anglais. […] J’ai prié deux professeurs d’anglais d’une très grande ville industrielle du nord (mari et femme — lycée de garçons et lycée de jeunes filles) de rechercher dix ans en arrière, individuellement, à quoi avait servi à leurs élèves l’enseignement de cette langue étrangère.
Voyez cet Anglais morose qui vient déjeuner chez Tortoni, et y lit d’un air ennuyé, et à l’aide d’un lorgnon, de grosses lettres qu’il reçoit de Liverpool, et qui lui apportent des remises pour cent vingt mille francs ; ce n’est que la moitié de son revenu annuel ; mais il ne rit de rien : c’est que rien au monde n’est capable de lui procurer la vue du bonheur, pas même sa place de vice-président d’une société biblique. […] Voyez les Anglais ne proscrire que comme anti-aristocratique cette plate amplification de collège, intitulée Caïn Mistère, par lord Byron.
Taine, la minutieuse enquête de Sainte-Beuve, le réalisme humain des meilleurs biographes anglais, les études anecdotiques comme celles des romantiques, seront fondus ensemble et concentrés au point de donner de l’homme, de ses contours, une apparente image : on aura ainsi les procédés qu’il faut pour pénétrer de réalité, de vérité, de vie, pour galvaniser et animer l’être dont l’âme aura paru morte et morcelée d’après le travail de l’analyseed. […] Taine, les critiques historiens anglais tels que M.
Horace Walpole, qui s’en venait du fond de l’Angleterre pour jouer aux jonchets de la conversation philosophique chez cette ennuyée qui n’ennuie jamais, madame du Deffand, ou chez le duc de Choiseul, pouvait s’y tromper ; mais c’était un Anglais ! […] Un écrivain sérieux aurait d’abord examiné ce qu’il y a de semblable et de différent entre Paris, ce caravansérail du monde et de la province, ce home de la France, — comme diraient les Anglais, — entre Paris, le vaste déversoir de toutes les vagues sociales qui viennent s’y engloutir avec leurs impuretés et leurs écumes, et la province, cette multitude de baies où le flot se circonscrit et séjourne ; — Paris, patrie anonyme de tous les hommes qui ont brisé le lien de la famille et qui ont quitté la province pour en éviter le regard qui tombait de trop près sur eux, et la province, cette vraie patrie de la famille française qui en garde plus austèrement l’honneur et les traditions ; — entre Paris enfin, spirituel, mobile, éloquent, au cœur un peu trop tendre aux révolutions, qui s’habille, babille, se déshabille et brille… de cet éclat de strass qui exagère les feux du diamant, et la province, perle sans rayon, mais d’un bon sens si tranquille et pourtant d’une action si puissante quand il s’agit de dire des mots décisifs, la province, qui a toujours répondu par des empires — parfaitement français — aux républiques parisiennes.
Blaze de Bury n’a été ni assez historien, ni assez moraliste, ni assez poète, pour traiter ce sujet, révélé dernièrement par des curieux allemands et anglais, des alchimistes historiques qui cherchent l’inconnu et le trouvent parfois. Son mérite actuel a été de savoir l’anglais et l’allemand, — ce qui est honorable et souvent utile, mais ce qui n’est pas tout, car le mot célèbre de Charles-Quint n’est pas vrai en littérature… Dans ce mystère dévoilé de la mort du comte de Kœnigsmark, que de questions à tenter un esprit qui aurait eu quelque puissance, et qu’il n’a pas effleurées !