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873. (1761) Apologie de l’étude

On a dans ces derniers temps attaqué la cause des lettres avec de la rhétorique, on l’a défendue avec des lieux communs : on rte pouvait, ce me semble, la plaider comme elle le mérite, qu’en l’a décomposant, en l’envisageant par toutes ses faces, en y appliquant en un mot la dialectique et l’analyse : par malheur la dialectique fatigue, les lieux communs ennuient, et la rhétorique ne prouve rien ; c’est le moyen que la question ne soit pas sitôt décidée.

874. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

On n’analyse point les soupirs, les cris, les oracles des Sibylles et des Prophètes, et la sœur Emmerich fut de cette race mystérieuse d’esprits.

875. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Paul de Molènes »

Pour cela, la femme à qui nous le devons a mêlé aux dialogues piquants de sa comédie des analyses de romancier, et elle a écrit un livre composite, qui n’est ni comédie ni roman, mais qui est une chose adorable faite avec les deux.

876. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Sous ces deux titres on peut concevoir ce que, bien des siècles plus tard, et dans une science toute formée des traditions grecques, nous retrouvons sous la plume de Varron, divisant la théologie en mythologique, naturelle, et civile : « La première, ajoutait-il, faite pour le théâtre, la seconde pour l’univers, la troisième pour Rome. » Il paraît, d’après les courtes analyses de saint Augustin, que Varron touchait dans sa seconde théologie à cet antique panthéisme, à cette idée d’une nature éternellement vivante et par là divine, qui semble le fondement des cultes antiques de l’Inde.

877. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Il y aura des égoïstes après tout comme avant, de même qu’il y aura des gens qui ne laisseront pas, après ces analyses chimiques, de s’empoisonner avec de l’arsenic. […] Très plaisante encore l’analyse par le menu de la toilette de Mascarille, mais ce n’est pas là du comique tiré de l’argot. […] Il y a toujours, dans toute œuvre d’art, deux éléments irréductibles à toute analyse. […] Mais si vous voulez pousser l’analyse plus avant, vous verrez presque toujours que la confiance repose sur des faits si petits, qu’ils sont échappés de votre mémoire. […] Chacun des critiques qui en ont fait l’analyse, chacun des comédiens qui les ont interprétés, se sont évertués à y découvrir un trait inaperçu jusque-là, une façon d’être nouvelle ; le passage s’est enrichi de leurs découvertes.

878. (1903) Propos de théâtre. Première série

Arréat une analyse très judicieuse du drame de Georges Büchner, ce Danton qui, précisément, vient de paraître en librairie française, et qui est un poème dramatique très énergique et très profond… L’érudition de M.  […] Couat l’a faite avec une abondance merveilleuse — admirablement portée et maniée, du reste — de renseignements, avec une sûreté d’analyse qui, souvent, m’a étonné et ravi, avec une clarté d’exposition et une bonne ordonnance qui met la lumière pleine dans les questions les plus délicates et considérées jusqu’à présent comme les plus inextricables. […] Gide, très différents dans leurs conceptions, se rejoignent, en dernière analyse, dans leurs conclusions. […] Et, s’il a l’esprit généralisateur, que conclura-t-il encore, et en dernière analyse ? […] La haine contre Rome occupe beaucoup de vers dans l’ouvrage, elle tient peu de place dans une analyse si consciencieuse qu’on la fasse, de la pièce.

879. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Ce qui suit n’en est pas l’analyse, que je crois qui serait impossible à faire ; mais, mis à peu près en bon ordre, l’ensemble des idées qu’il suggère. […] Tolstoï fait tout simplement une analyse exacte du Roi Lear. […] Blanchard en analyse quatre ou cinq. […] Blanchard connaît il l’analyse bien et il l’extrait avec intelligence. […] Il dit, en quatre lignes bien tournées : « Bon élève de Molière quant au style » ; puis il fit une analyse consciencieuse et froide de la pièce.

880. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Sa manière est l’analyse, bien qu’à vrai dire chacune de ses notations soit déjà une synthèse. […] Mais l’analyse, qui a pour elle sa netteté parfaite, omet le principal : la simultanéité de tout cela. […] Nous estimons les précautions méticuleuses de l’analyse ; au lieu de réunir les divers problèmes en un seul, nous éparpillerions plutôt les questions d’espèce. […] Le sujet de leur « tragédie », c’est l’analyse de cette dépravation singulière. […] L’historien de Napoléon le dit, le prouve et il le montre avec une prodigieuse abondance d’arguments, avec une merveilleuse délicatesse d’analyse.

881. (1876) Romanciers contemporains

Dans le premier de ces deux ouvrages, l’analyse va jusqu’à la subtilité. […] Marmier, d’ailleurs, cette analyse nous conduirait trop loin. […] Il avait la passion de l’analyse exacte. […] Sans doute, dans toutes les œuvres de notre auteur se retrouve ce goût d’analyse minutieuse qui le caractérise. […] Les femmes sont à l’aise dans ce genre, si propre à l’analyse des sentiments.

882. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Ceci dit, je commencerai l’analyse du nouveau livre de M.  […] L’analyse m’en est difficile et pour cause. […] Qu’il me soit permis de commencer par la fin l’analyse de ce livre, un des plus beaux que le poète ait écrits dans toute la force, dans toute la plénitude de son talent. […] L’amour charnel succède à l’amour passionnel, sans le tuer cependant, et c’est là qu’est le fond du roman, dont je ne veux pas donner l’analyse complète, pour laisser au lecteur le plaisir des péripéties et du dénouement. […] On connaît déjà de lui l’Art et la Comédie ; cette fois, c’est de l’art du comédien qu’il s’agit, et c’est plaisir de le suivre dans ses analyses.

883. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Antoine de Latour, dans un recueil d’études intitulé Valence et Valladolid, donna une analyse et une traduction partielle du manuscrit publié par Didot. […] C’est un point sur lequel l’analyse de M.  […] Si d’aventure l’auteur du Petit Duc est obligé, par la marche de sa narration ou par les exigences de son analyse, d’insister sur l’accoutrement d’un homme ou d’une femme, il s’acquitte de sa tâche avec une rigoureuse méthode. […] C’est une tentative intéressante pour réconcilier la micrographie psychologique avec le mouvement de la vie et (disons le mot) pour tirer le roman d’analyse du genre ennuyeux où il menaçait de s’embourber. […] Ils savent que le travail scientifique ne connaît pas d’autres joies que celle de la synthèse, et ils sont restés confinés dans leurs analyses infinitésimales.

884. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Dumas, — par l’entremise de Cygneroi, qui pour la circonstance est son porte-parole, — va soumettre à une analyse physiologico-philosophico-chimique. […] On ne peut demander au poète ou au romancier qu’il énerve la vérité ; ce qu’on peut exiger de lui, c’est qu’au fond des analyses qu’il fait de la passion on découvre les conclusions du moraliste. […] Il ne nous donne que les résultats de l’analyse, il décrit en quelques lignes. […] Mais est-il besoin d’une analyse plus pénétrante et d’une étude plus fouillée ? […] Mais l’analyse de M. 

885. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Cette analyse décharnée donne naturellement une idée insuffisante du poème. […] Il y aurait encore beaucoup à dire ; mais il faudrait entrer dans l’analyse de chacune de ces petites fantaisies, et ce serait à n’en pas finir. […] Ici, si peu de matière que c’est à peine s’il en reste au fond du creuset, l’analyse chimique opérée, deux ou trois parcelles. […] Un seul sentiment, semble-t-il d’abord, comme sujet d’analyse. […] Je suppose que vous avez vu ou que vous verrez la pièce, ou que vous en avez lu l’analyse dans les journaux.

886. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Nos procédés d’analyse sont encore impuissants, sauf peut-être en des mains particulièrement expertes, à différencier les champignons en nourritures nocives et favorables. […] Comme Spinoza avait l’esprit géométrique, il avait l’esprit de finesse, qui est l’esprit de discernement et d’analyse. […] L’artiste est plus qu’un peintre, ou du moins autre chose ; aux dons de la couleur et du dessin il doit ajouter une intelligence très consciente, le goût de l’observation et de l’analyse. […] Pour distinguer entre eux les individus, Homère use du même expédient que les sauvages et nos paysans, le sobriquet : cela, faute de moyens d’analyse. […] En dernière analyse. — Desfonfaïnes.

887. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Quand, sous prétexte de document, d’analyse, de naturalisme, elle tombe à d’aussi basses exploitations du vice, elle n’a droit à aucun respect, à aucune indulgence, à aucun indifférent mépris. […] Hervieu me paraît concevoir de plus grandes choses, et que ses paysages de la montagne, à la fois épiques et exacts, me semblent gonflés d’une vie plus noble, d’une profondeur plus mystérieuse, d’un amour de la nature plus âpre et en quelque sorte plus divinisé, qu’ils laissent au cerveau plus de pensées, au cœur plus d’émotions, que les paysages de M. de Maupassant, admirables aussi, mais où l’âme de la nature et la vérité humaine ont passé à travers une sécheresse et un scepticisme d’analyse qui les diminuent, les rapetissent au lieu de les grandir. M. de Maupassant, à force d’analyse et de détails, arrive à représenter exactement les êtres et les choses ; M.  […] Sous prétexte d’analyse, de psychologie, de morale, de saine littérature, ils s’installent dans les œuvres d’autrui, à peu près comme des soldats envahisseurs dans un pays qu’ils ont ravagé et conquis. […] La morne analyse, aimée du chimérique Stendhal, triomphait.

888. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Ce que donne cette dernière idée à l’analyse, on le sait. […] Il faudrait, pour les faire reparaître, user des plus violents réactifs de l’analyse linguistique, répandre les chlores et les eaux régales . […] Et il analyse la manière des maîtres. […] Les grands romans de Madeleine de Scudéry sont réfractaires à toute analyse. […] On nous fera donc difficilement croire que nous devons dire : « La peine que j’ai pris ; — la femme que j’ai aimé. » Sans doute l’histoire de la langue française et l’analyse des formes permettent de prouver que cet accord n’a pas toujours régné.

889. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

XI Après cet humble portique, on entre, pendant tout le premier volume, dans une longue analyse, très mal placée, mais très bien rédigée, de ce qu’on peut appeler son cours de contemplation de la nature universelle. C’est le Cosmos lui-même, c’est-à-dire l’analyse anticipée et abrégée des phénomènes et des principes que M. de Humboldt va successivement et largement développer.

890. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

L’analyse et la discussion les inquiètent. […] Elle se distingue par l’analyse de l’âme individuelle, mais en fait elle est constamment mêlée à celle-ci.

891. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Quelque part de vérité que renferme cette analyse psychologique, elle ne nous paraît point encore aboutir aux éléments véritables et primordiaux de l’émotion. […] Les émotions, en dernière analyse, sont donc des mouvements instinctifs de la volonté réagissant sous l’influence du plaisir ou de la douleur ; ces mouvements modifient, d’une part, le cours des idées, et ils se communiquent, d’autre part, aux organes où ils s’expriment.

892. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

., « donnait l’analyse raisonnée des romans… avec des notes historiques concernant les auteurs, leurs ouvrages et leurs personnages connus, déguisés ou emblématiques ». L’analyse rapide de quelques romans qui eurent de la vogue, sera la meilleure manière de donner une idée des goûts du public.

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