Mais l’impression dernière des Confessions, c’est que Rousseau, faute de s’être connu lui-même, ne s’y est pas confessé ; c’est qu’il a défiguré, faute de les avoir connus, presque tous ceux qu’il y a peints ; c’est qu’en croyant faire une bonne action, il a donné un mauvais exemple.
Je pense qu’il ne s’agit plus de savoir s’il doit y avoir trois unités ou la seule unité d’action, laquelle est suffisamment observée si tout gravite autour d’un personnage un.
Mais, à côté de ces œuvres, qui veulent soutenir une thèse, combattre des idées, en un mot exercer une action, ne croyez-vous pas qu’il y a place pour le roman d’art, lequel ne songe qu’à divertir le lecteur, à lui faire passer une heure agréable, en lui racontant, dans la meilleure langue possible, une histoire, véridique ou non, dont tout l’intérêt est dans le beau décor d’art ou de nature qui l’enveloppent ?
Le modèle rimbaldien est nettement revendiqué dans cette apologie de l’esprit survolté, un Rimbaud que les surréalistes placent alors, comme ils le font aussi de Lautréamont, du côté de l’emportement de l’automatisme. « Délires I », « Délires II », et plusieurs poèmes des Illuminations ont déjà fait résonner ces tambours de la déraison par l’image tirée vers l’allusion et l’énigme ; Crevel a perçu tout le profit pour la pensée de cet art de la dérive, du brusque court-circuit, du lyrisme conjugué à l’ironie, d’une poésie en action que ne défrisent pas les excès polémiques.
Les traités de mécanique ont soin d’annoncer qu’ils ne définiront pas la durée elle-même, mais l’égalité de deux durées : « Deux intervalles de temps sont égaux, disent-ils, lorsque deux corps identiques, placés dans des circonstances identiques au commencement de chacun de ces intervalles, et soumis aux mêmes actions et influences de toute espèce, auront parcouru le même espace à la fin de ces intervalles. » En d’autres termes, nous noterons l’instant précis où le mouvement commence, c’est-à-dire la simultanéité d’un changement extérieur avec un de nos états psychiques ; nous noterons le moment où le mouvement finit, c’est-à-dire une simultanéité encore ; enfin nous mesurerons l’espace parcouru, la seule chose qui soit en effet mesurable.
Les théories avant l’œuvre et l’action. […] Par l’audace et la simplicité de ses conceptions tragiques, par son intime connaissance des passions humaines, par son vers musical, par sa musique poétique, par l’intervention d’une nouvelle forme mélodique qu’on a appelée la mélodie continue et qui fait que le chanteur chante sans avoir l’air de le faire exprès, par son merveilleux orchestre qui joue à peu près le rôle du chœur dans la tragédie antique et qui, toujours mêlé à l’action, la corrobore, l’explique, en centuple l’intensité par des rappels analogues ou antithétiques à chaque passion, à chaque caractère du drame, Richard Wagner, vous transportera extasiés dans un milieu inconnu, où le sujet dramatique, vous pénétrant avec une puissance incomparable par tous les sens à la fois, vous fera subir des émotions encore inéprouvées ! […] Naturellement, entre ce groupe de tribuns futurs et notre groupe, à nous, purement littéraire, il était difficile qu’il s’établit une entente très profonde, et d’un commun accord, instinctif, ils avaient choisi l’un et l’autre des lieux d’action différents.
« Par les os de mon père, qui vous servit avec tant de fidélité, établissez-moi invariablement ici ; moi, je vous promets, de mon côté, que, bien que mon infirmité puisse me rendre coupable de quelque mobilité de résolution, cependant, ni pour aucune fantaisie d’imagination, ni pour la mort même, je ne me laisserai entraîner à une action qui ne serait pas bonne et honorable !
Ce qui arriva et me fit rendre à Dieu mille actions de grâces.
Le visage, qui a peu de vie dans le portrait, est très sérieux d’expression ; on croit voir un homme dont l’âme sent qu’elle a charge d’actions pour l’avenir18.
Les peuples qui viennent de passer brillamment par trois grandes phases de philosophie dans le dix-huitième siècle, d’action militaire dans le dix-neuvième et de pensée éloquente dans notre dernière période de la restauration en France, sont-ils donc comme les individus qui se lassent à moitié route et qui déposent leur fardeau pour que d’autres plus jeunes et moins découragés les reprennent et les portent plus loin sur le chemin de l’avenir ?
Béranger n’agit pas ainsi, soit par amour évangélique des classes laborieuses, avec lesquelles il lui plaisait de se confondre par la langue et par les préjugés comme par le cœur ; soit pour poser son levier d’opinion sur les masses plus résistantes, afin d’y trouver plus de force contre le trône des Bourbons ; soit enfin pour complaire à ses amis, et pour servir par une action plus vive la triple opposition monarchique, républicaine et militaire, qui le couronnait alors d’une triple popularité.
Toutes ses paroles, toutes ses actions plaisoient d’autant plus, qu’elles portoient un certain air de négligence qui paroissoit la simple nature, & qui avoit toutes les graces de la naïveté.
Lorsque, maintenue par l’énergie du pouvoir laïque, l’autorité religieuse n’exerçait plus une action directe sur la politique intérieure, sa haine contre les nouveaux émancipés redoublait dans l’ombre, grosse de vengeances futures.
Et pour ce qui est de l’action et pour suppléer à notre débilité en cette matière, elles ont inventé la grâce. […] C’est un perpétuel improvisateur de pensées et d’actions. […] S’il devait en être ainsi et qu’on pût arriver dans chaque paroisse à grouper dans un faisceau unique, sous l’autorité du curé, les œuvres devenues plus nombreuses ; si l’on pouvait, ensuite, constituer, sous l’autorité de l’évêque, une union de tous ces organismes bien vivants qui échapperaient ainsi à l’individualisme et centupleraient par là leur action ; ne serait-on pas en droit d’espérer qu’après les tristesses de demain des jours meilleurs pourraient se lever pour l’Église de France ? […] Il y a pourtant à tout cela cet inconvénient qu’une nation vit de liberté, qu’elle ne tient à elle-même qu’en raison des libertés dont elle jouit et dans l’exercice desquelles elle se sent vivre, qu’elle prend conscience d’elle-même dans cet exercice et qu’à n’en plus avoir l’usage elle s’abandonne, s’endort, languit, n’est plus une nation, à moins que, tout entière à l’action extérieure, elle ne bataille et conquière sans cesse, ce qui ne peut point, sans doute, être régime éternel » ; il aurait répondu probablement : « Précisément ce que je ne veux pas, c’est que la France soit une « nation », une nation comme vous l’entendez, vous, avec vos propos d’idéologue. « Une nation !
Sa grâce était incomparable ; à soixante-dix ans, elle en mettait encore dans ses moindres actions, dans ses moindres paroles.
Le lendemain, dès que l’Aurore aux doigts roses, fille du Matin, a lui dans le firmament, un vent propice et durable souffle sur la mer ; ils redressent le mât, ils déploient les voiles blanchissantes qu’enfle l’haleine des vents ; la vague bleuâtre résonne sur les flancs du navire qui fend en voguant la plaine liquide. » V Ici le poète, qui voit, avec autant de raison que de poésie, toutes les actions des hommes gouvernées invisiblement par les puissances supérieures nommées divinités, transporte, sans transition, la scène et la pensée de la terre au ciel.
Je prie le lecteur de vouloir bien jeter de nouveau un coup d’œil sur la figure qui donne une idée approchée des effets résultant de l’action combinée de ces divers principes : il verra qu’ils ont pour conséquence inévitable que les descendants modifiés, qui procèdent d’un même progéniteur, se séparent en groupes subordonnés à d’autres groupes.
Savez-vous une action plus indigne que voler un chien ? […] Dans vos livres, vous paraissez être tout ce qu’il y a de plus grand et de meilleur au monde, et si vous vous montrez dédaigneux, vous détruirez une de mes plus chères illusions ; et quand on peut ne pas commettre une telle action, il vaut mieux l’éviter.
C’est en retraçant les habitudes et les actions de ses personnages qu’il nous donne ordinairement la mesure des sentiments et des désirs qui les animent.
Tout le monde s’empressa d’abord à le suivre, et le jour même de cette vilaine action, il revint du palais, suivi de trois cents personnes à cheval.