C’est ce qu’on peut dire aussi de Racine. […] Corneille se sert du même mot dans ce sens ; mais ni Boileau, ni Racine ne se le sont permis.
Bersot : « Notre langue est bien française… elle mérite bien qu’on la recommande à ceux qui la parlent pour qu’ils l’aiment, la respectent et en soient fiers devant l’étranger… Elle est ce que l’écrivain la fait, ou plutôt elle est ce qu’il est, s’empreint de son génie et de sa passion ; elle est à la fois langue de Racine et de Corneille, de La Rochefoucauld et de La Fontaine, de Voltaire, de Rousseau, de Sévigné, de Fénelon, de Pascal, de Bossuet, ne résistant qu’à ceux qui risquent d’altérer sa clarté ou qui prétendent forcer son incomparable justesse. […] En effet, au siècle des Pascal et des Corneille, tous les peuples tenaient leurs yeux attachés sur la France ; ils contemplaient Versailles où triomphaient Molière et Racine, comme on contemple le soleil.
Nous aurons occasion de revenir sur cette maxime, quand nous serons au temps de Molière, de Racine et des grands hommes qui ont illustré le siècle de Louis XIV.
Nous verrons le sacrifice du roi, célébré à la suite par Racine dans sa tragédie de Bérénice.
Les deux Corneille, Moliere, Racine, Despréaux, Rapin, Regnard, Destouches, Boissy, l’Abbé Desfontaines, Piron, Palissot, & mille autres, n’ont reconnu qu’un seul genre de Comédie, qui consiste dans l’exposition des vices & des ridicules à dessein de les corriger ; & ces noms respectables, en fait de législation littéraire, valent bien ceux des Diderot, des Marmontel, des Beaumarchais, des Merciers, & des Sedaine.
La Collantine du Roman bourgeois écrase complètement cette pauvre petite marionnette de plaideuse que, sous le nom de la comtesse de Pimbêche, Racine introduisit dans les quatre coulisses du théâtre où tout ce qui est creusé profondément et vastement étreint paraît forcé.
M. Racine, dont les deux premiers volumes parurent en 1758. […] M. Racine ait fait quelques fautes. […] M. Racine, son histoire vaut beaucoup mieux que celle de l’Abbé de Choisi.
Ponsard en le félicitant de Lucréce : « Vous avez beaucoup lu Corneille : eh bien, croyez-moi, fermez Corneille maintenant et ouvrez Racine. » Madame Sand admire un peu malgré Leroux, qui ne trouve pas sans doute Lucrèce assez avancée : mais elle admire.
Racine fait dire à Burrhus : Je parlerai, madame, avec la liberté D’un soldat qui sait mal farder la vérité.
Il l’a déjà dit ailleurs, le drame comme il le sent, le drame comme il voudrait le voir créer par un homme de génie, le drame selon le dix-neuvième siècle, ce n’est pas la tragi-comédie hautaine, démesurée, espagnole et sublime de Corneille ; ce n’est pas la tragédie abstraite, amoureuse, idéale et divinement élégiaque de Racine ; ce n’est pas la comédie profonde, sagace, pénétrante, mais trop impitoyablement ironique, de Molière ; ce n’est pas la tragédie à intention philosophique de Voltaire ; ce n’est pas la comédie à action révolutionnaire de Beaumarchais ; ce n’est pas plus que tout cela, mais c’est tout cela à la fois ; ou, pour mieux dire, ce n’est rien de tout cela.
Racine n’a point reconnu cette règle de d’Olivet.
Racine fils, père de cette nouvelle école poétique, dans laquelle M.
C’est à l’aide de ce partage qu’on a vû Moliere et Racine parvenir si promptement à une grande réputation.
Peut-être aussi le procédé de Marivaux, plus uniforme que celui de Racine, contribue-t-il à diminuer encore le peu de relief qu’il donne à ses rôles d’hommes. […] Encore ici donc, c’est parmi les successeurs de Racine qu’il faut placer Marivaux. Les femmes sont plus nombreuses et presque aussi diverses dans le répertoire comique de Marivaux que dans le répertoire tragique de Racine. […] J’ai rapproché plusieurs fois sa manière de celle de Racine, et je ne crois pas, en le faisant, avoir dépassé les justes bornes de la comparaison permise. […] Marivaux est, dans l’histoire de notre théâtre, — à quelque distance de Racine, — l’écrivain dont l’observation féminine a eu le plus d’étendue.
La perfection de la tragédie, selon Racine, c’est de faire quelque chose de rien. […] Aussi, tandis que Corneille et Racine font plus d’effet à la lecture qu’au théâtre, la lecture de Molière donne le désir de le voir à la scène, et la scène l’envie de le relire. […] Témoin ce passage de l’Épître de Boileau à Racine : L’ignorance et l’erreur à ses naissantes pièces, En habits de marquis, en robes de comtesses, Venaient pour diffamer son chef-d’œuvre nouveau. […] Ils ne « prirent commencement » dit une épigramme célèbre de Racine, qu’« à l’Aspar du sieur de Fontenelle ».
Port-Royal fulminait contre les auteurs dramatiques qui, par la plume de Nicole, furent qualifiés d’empoisonneurs d’âmes ; et en même temps il faisait lire aux écoliers les tragédies de Sophocle et d’Euripide qui allaient éveiller le génie de Racine et le pousser du côté du théâtre. […] Racine, élève de Port-Royal, où on lui apprend à remonter jusqu’aux originaux imités par les Romains, s’inspire d’Euripide, de Sophocle, d’Aristophane et met volontiers en scène les fables de la Grèce primitive. […] Aidé de Molière, qui avait donné le premier coup de balai, de Racine, de Furetière, qui mordaient à belles dents, il chassait gaillardement hors de son chemin les illustres de l’époque précédente. […] Les romantiques proclament Voltaire rococo, s’écrient après le succès d’un des leurs : ― Enfoncé, Racine !
Du Pin, cousin de Racine, trouvait le moyen d’être le matin un savant homme, et l’après-dînée un abbé fort coquet ; il faisait sa partie de cartes avec les dames, et ce n’était déjà plus un docteur de la vieille roche. […] Ici scène dramatique qui rappelle plus au sérieux le moment où l’intimé, dans Les Plaideurs de Racine, produit la famille du chien Citron : ……………………… Venez, famille désolée, Venez, pauvres enfants qu’on veut rendre orphelins !
Les curieux pourraient chercher dans le Recueil de plusieurs pièces d’éloquence et de poésie présentées à l’Académie française… une page du discours de M. de La Chapelle, directeur de l’Académie, répondant à M. de Valincour, qui venait y prendre séance à la place de Racine, le 27 juin 1699. M. de La Chapelle s’empare de l’idée de Velleius et l’applique aux circonstances (page 177) : c’était le cas sur cette fin d’un grand siècle et le lendemain de la mort de Racine.
Après Racine nous avons vu Voltaire, parce que, dans le dix-huitième siècle, on était plus penseur que dans le dix-septième. Mais qu’aurait-on pu ajouter à la perfection de la poésie après Racine ?
Quand je passais quelques jours sans la voir, elle prenait la peine de venir elle-même chez moi pour s’informer de ce qui me retenait ; elle gardait mon argent de réserve avec le sien dans son tiroir ; elle me préparait, si j’étais malade, au coin de mon feu, les tisanes commandées par le médecin ; elle écrivait à ma mère des nouvelles de mon cœur et de mon âme ; elle aurait remplacé la Providence, si la Providence s’était éclipsée pour moi ; elle prenait à mes poésies, qui n’avaient pas encore paru, un intérêt partial, passionné, que je n’y prenais pas moi-même ; elle me comparait à Racine enfant ; elle était fière de préparer aux Bourbons un poëte encore inconnu, mais qu’elle rendrait royaliste et religieux comme elle. […] Le duc de Rohan, qui avait les goûts très-littéraires et la passion des beaux vers, lui dit qu’à ses yeux le grand seigneur était celui qui avait le plus de parenté de nature avec Racine, et qu’il n’hésiterait pas à le prouver en venant lui-même chez moi solliciter mon amitié.