/ 2804
614. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

« A Paris, ce 14 avril 1769. […] « Je vous prie, Monsieur, de me continuer les sentiments dont vous m’honorez, et de me croire pour jamais avec la reconnaissance et l’attachement que je vous dois, etc. »   Le bonhomme sent bien ce qui lui manque, et il exprime cette lacune en lui avec tant de franchise, qu’il la couvre au même instant à nos yeux ; et pourtant elle existe et ne sera pas comblée. — Enfin, une troisième lettre de lui à Garrick mérite encore d’être donnée, au moins en partie : « A Paris, le 6 juillet 1774. […] Continuez-moi, je vous prie, les sentiments dont vous m’honorez, et soyez persuadé de la haute estime et de la reconnaissance avec lesquelles j’ai l’honneur, etc. » On s’explique assez difficilement que, sentant de la sorte ce qui lui manquait sur Shakespeare et ce que la vue de Garrick pouvait lui apprendre, lui rendre immédiatement, il n’ait pas fait cet effort de passer le détroit, et, puisqu’il n’avait pas vu apparemment le grand tragédien dans son ancien voyage à Paris, qu’il ne soit point allé l’admirer une bonne fois sur son théâtre, avant sa retraite, et, comme on dit, prendre langue avec lui. […] Après une vie assez errante à l’étranger où il fut attaché d’abord à l’ambassade devienne, puis à l’éducation du duc de Parme, revenu à Paris et très mêlé aux Encyclopédistes, il portait dans cette société si tranchée d’opinion et si mordante d’accent une âme timide, craintive, rongée de scrupules. […] Ducis ne l’y laissait point trop seul ; après une visite de quelques jours, il l’emmenait ou à Versailles ou d’autres fois à Paris ; ils y allaient voir ensemble Rousseau, encore logé rue Plâtrière, et qui, « malgré ses plaintes contre le genre humain, ne laissait pas de montrer une assez bonne gaieté72. » Ducis craignait pour son ami songeur le trop de solitude et le manque de distractions ; il aurait voulu lui en procurer d’un ordre élevé pour chasser les vapeurs : « Vous n’êtes pas encore obstrué, mais vous n’avez que trop de dispositions à le devenir : Annibal ad portas.

615. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Il y en a plus d’un dans nos galeries de Paris et de Versailles : je ne parlerai que de ceux que j’ai eu le temps de revoir. […] Il faut savoir que cette reine, couronnée en septembre 1725 à Fontainebleau et de là installée à Versailles, n’était pas encore venue à Paris trois ans après ; elle y vint pour la première fois le 4 octobre 1728 pour une sorte de vœu ou de pèlerinage. Mais laissons parler l’exact chroniqueur : « Octobre. — Lundi 4, notre bonne reine a vu Paris ; elle est venue à Notre-Dame demander un Dauphin à la Vierge, et de là elle est allée à Sainte-Geneviève, à la même fin. […] Elle a fait un assez grand tour dans Paris, et elle a vu une affluence de monde étonnante. On a jeté de l’argent à la portière de sa voiture pour douze mille livres, dit-on. » Tel fut l’effet que produisit, à vingt-cinq ans, sur le bourgeois de Paris cette bonne reine, très aimée et très populaire.

616. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Ici je m’insurge : c’est décidément une fausse note tirée de trop loin : car si l’on est de Paris pour se rappeler la Joconde du Louvre, on est aussi de Paris pour bien d’autres choses. […] Encore une fois nous sommes trop de Paris pour cette fin-là. […] Dans ce fameux et trop célèbre roman des Mystères de Paris, quand Eugène Sue s’apercevait qu’il avait trop plongé son lecteur dans la boue et dans l’horrible, vite il ramenait sa grisette gentille et rieuse et faisait chanter les oiseaux de Rigolette. […] Elle craignait même de lire en sa nouveauté Notre-Dame de Paris.

617. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Fournier renouvelle ces remercîments avec effusion : « Paris, dit-il, retrouve en La Bruyère un illustre enfant de plus. […] Mancel, bibliothécaire de la ville de Caen, — à laquelle La Bruyère pourrait bien appartenir un peu, si la charge qu’il y avait, comme trésorier de France, n’eût pas été pour lui la moins exigeante des sinécures, — préparait un nouvelle édition de ce livre des Caractères, dont l’auteur dépensa à Paris, comme observateur et moraliste, le temps qu’il devait peut-être strictement, mais moins utilement, à la basse Normandie, et, bon homme, M.  […] Mais il n’y a pas là, après tout, de quoi sonner toutes les cloches de Paris, comme si l’on avait retrouvé l’extrait de naissance d’Homère. […] La Bruyère, né proche de Dourdan, n’en était pas moins très-propre à devenir un parfait Parisien ; il suffisait qu’il fût venu à Paris de bonne heure et qu’il y eût été élevé. […] Fournier, qui connaît les rues de Paris au temps de Louis XIV mieux que nous ne connaissons celles d’aujourd’hui ; qui sait le nom de chaque hôtel un peu considérable ; qui distingue les boutiques mêmes et leurs enseignes, cherche partout des noms propres, des adresses précises aux Portraits de La Bruyère.

618. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Une jeune fille qui sort pour la première fois du couvent où elle a passé toute son enfance ; un beau lord élégant et sentimental, comme il s’en trouvait vers 1780 à Paris, qui la rencontre dans un léger embarras et lui apparaît d’abord comme un sauveur ; un très-vieux mari, bon, sensible, paternel, jamais ridicule, qui n’épouse la jeune tille que pour l’affranchir d’une mère égoïste et lui assurer fortune et avenir ; tous les événements les plus simples de chaque jour entre ces trois êtres qui, par un concours naturel de circonstances, ne vont plus se séparer jusqu’à la mort du vieillard ; des scènes de parc, de jardin, des promenades sur l’eau, des causeries autour d’un fauteuil ; des retours au couvent et des visites aux anciennes compagnes ; un babil innocent, varié, railleur ou tendre, traversé d’éclairs passionnés ; la bienfaisance se mêlant, comme pour le bénir, aux progrès de l’amour ; puis, de peur de trop d’uniformes douceurs, le monde au fond, saisi de profil, les ridicules ou les noirceurs indiqués, plus d’un original ou d’un sot marqué d’un trait divertissant au passage ; la vie réelle, en un mot, embrassée dans un cercle de choix ; une passion croissante qui se dérobe, comme ces eaux de Neuilly, sous des rideaux de verdure, et se replie en délicieuses lenteurs ; des orages passagers, sans ravages, semblables à des pluies d’avril ; la plus difficile des situations honnêtes menée à fin jusque dans ses moindres alternatives, avec une aisance qui ne penche jamais vers l’abandon, avec une noblesse de ton qui ne force jamais la nature, avec une mesure indulgente pour tout ce qui n’est pas indélicat : tels sont les mérites principaux d’un livre où pas un mot ne rompt l’harmonie. […] Mme de Souza, alors Mme de Flahaut, avant d’épouser fort jeune le comte de Flahaut, âgé déjà de cinquante-sept ans, avait été élevée au couvent à Paris. […] La Révolution parcourant rapidement ses phases, Mme de Flahaut quitta Paris et la France après le 2 septembre. […] Mme de Souza est morte à Paris le 16 avril 1836, conservant jusqu’à son dernier moment toute la bienséance de son esprit et l’indulgence de son sourire. — On trouvera dans un volume publié depuis peu (1863), par M. […] On lit des détails assez particuliers sur la vie et les sentiments de Mme de Flahaut à cette époque dans le Mémorial de l’Américain Gouverneur Morris qui arriva à Paris en février 1789 et ne tarda pas à être présenté chez elle (Voir, au tome I de l’édition française, les pages 236, 241, 249, 257, ne pas oublier la page 250).

619. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Pour prouver les avantages de la petite propriété, Bernardin nous décrit un paradis terrestre, près de Paris, qui doit tout son bien-être et toutes ses vertus, selon lui, à la division des propriétés : ce sont les prés Saint-Gervais, tout proche Romainville. […] Plus loin, c’est la création d’un Élysée qu’il propose de faire dans une des îles de la Seine au-dessous de Paris, vers le pont de Neuilly. […] Quand il vient à Paris pour les séances de l’Institut, Bernardin s’en trouve toujours moins heureux. […] Même lorsqu’il est le mieux traité et le plus choyé dans ses voyages à Paris, lorsque chacun le caresse et veut le retenir, Bernardin ne soupire pas moins après sa solitude champêtre ; il sent que la vie s’écoule, que ses dernières pages à achever le réclament, et il écrit alors naïvement à sa jeune femme : Je suis comme le scarabée du blé, vivant heureux au sein de sa famille à l’ombre des moissons ; mais, si un rayon du soleil levant vient faire briller l’émeraude et l’or de ses élytres, alors les enfants qui l’aperçoivent s’en emparent et l’enferment dans une petite cage, l’étouffent de gâteaux et de fleurs, croyant le rendre plus heureux par leurs caresses qu’il ne l’était au sein de la nature. […] Les curieux qui ne s’en tiendraient pas à cette impression de M. de Féletz peuvent voir ce qui est dit dans la Gazette de France du 26 novembre, et dans le Journal de Paris du 25.

620. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Né le 1er novembre 1636, à Paris, et, comme il est prouvé aujourd’hui, rue de Jérusalem, en face de la maison qui fut le berceau de Voltaire61, Nicolas Boileau était le quinzième enfant d’un père greffier de grand-chambre au parlement de Paris. […] Par ses premières Satires, composées en 1660 et qui commençaient à courir (Damon, ce grand auteur, etc. ; Les Embarras de Paris), par celles qui suivirent immédiatement : Muse, changeons de style (1663), et la Satire dédiée à Molière (1664), Boileau se montrait un versificateur déjà habile, exact et scrupuleux entre tous ceux du jour, très préoccupé d’exprimer élégamment certains détails particuliers de citadin et de rimeur, n’abordant l’homme et la vie ni par le côté de la sensibilité comme Racine et comme La Fontaine, ni par le côté de l’observation moralement railleuse et philosophique comme La Fontaine encore et Molière, mais par un aspect moins étendu, moins fertile, pourtant agréable déjà et piquant. […] le bailli de Chevreuse, lequel se trouvant à Paris, avait voulu connaître un homme de cette importance. […] En vain contre Le Cid un ministre se ligue, Tout Paris pour Chimène a les yeux de Rodrigue.

621. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

C’est alors qu’il partit pour Paris (juin 1744). […] Arrivé à Paris et accueilli, comme je l’ai dit, par M. de Boze, qui se l’associa pour le Cabinet des médailles et le fit entrer à l’Académie des inscriptions, il dut s’assujettir, sous ce maître minutieux, à bien des soins exacts et pleins d’ennui ; mais rien ne rebute de ce qui est dans le sens d’une passion, et Barthélemy avait pour les médailles une passion véritable, quelque chose de ce feu sacré qui s’applique à tant d’objets différents, et qui est bien connu de tous ceux que possède une fois le goût des collections. […] Au retour d’Italie, M. de Choiseul l’avait chargé d’accompagner sa jeune femme et de la ramener à Paris. […] De retour à Paris, il s’était fait arranger un logement et un cabinet d’étude. […] Cette bonne grâce fit un moment la nouvelle de tout Paris (novembre 1762).

622. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Après ses premières classes faites au collège d’Annecy, il fut envoyé à Paris sous la conduite d’un précepteur. […] Il vint à Paris en 1602 pour y traiter des affaires spirituelles du pays de Gex, détaché depuis peu de la Savoie et réuni au royaume. […] François de Sales n’était encore que coadjuteur de l’évêque de Genève ; Henri IV ne négligea rien pour se l’attacher : « Il me fit des semonces d’arrêter en son royaume qui étaient capables de retenir, non un pauvre prêtre tel que j’étais, mais un bien grand prélat. » François de Sales fit alors, tant à Fontainebleau devant le roi que dans les principales chaires de Paris, des prédications nombreuses ; il fut choisi pour prononcer l’oraison funèbre du duc de Mercœur, qui mourut vers ce temps-là. […] Et le cardinal Du Perron, le grand controversiste, disait également, quand on proposait de lui amener des calvinistes à combattre : « S’il ne s’agit que de les convaincre, je crois posséder assez de savoir pour cela ; mais, s’il est question de les convertir, conduisez-les à M. de Genève, qui a reçu de Dieu ce talent. » C’est à la fin de ce voyage de Paris que François de Sales apprit la mort de l’évêque de Genève dont il était le successeur désigné, et il s’empressa aussitôt de revenir en son diocèse. […] François de Sales revint une dernière fois à Paris en 1618, pour y négocier le mariage d’une des sœurs de Louis XIII avec le prince de Piémont.

623. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Tantôt c’est l’abolition de la rime, la suppression de la majuscule au commencement du vers ; tantôt il autorise l’Hiatus, la rime par assonance ou vante l’harmonie du vers de treize syllabes, enfin tout ce qui peut faire hurler les bourgeois qui lisent les périodiques s’échelonnant de la Revue des deux mondes à L’Écho de Paris. […] Comme ils prenaient le train pour rentrer à Paris, Mateau, au moment de monter en voilure, fit le geste d’épousseter les habits de son compagnon où quelques brindilles d’herbe se trouvaient attachées. […] Huret dans L’Écho de Paris, il lui a donné l’apparence de vitalité qui lui manquait et le voilà à son tour chef incontesté d’une nouvelle école. […] Néo-Décadents et Symbolistes Aujourd’hui que l’École décadente n’existe plus à Paris qu’à l’état de souvenir, elle semble trouver en province et à l’étranger des adeptes et des continuateurs qui sont comme un écho lointain du bruit qu’elle fit en 1886. […] Verlaine, qui est parvenu à avoir ses entrées dans la plupart de ceux de Paris, n’a jamais eu de plus fortes explosions de lyrisme que dans ses vers datés de Broussais, Saint-Antoine ou Lariboisière.

624. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

car Victor Hugo nous a donné une cour des Miracles, dans sa Notre-Dame de Paris, de manière à prouver qu’il pourrait peindre, s’il voulait, ressemblant et puissant tout à la fois. […] Eh bien, c’est un ensemble encore plus large et plus étreint que celui de Callot, qu’a voulu réaliser, dans un autre genre d’Art et d’expression, un jeune homme qui n’a pas été un bohémien comme Callot, mais tout au plus un bohème comme on l’est quelquefois, quand on a vingt ans, à Paris, au xixe  siècle, et ce jeune homme s’est cru de force à mettre dans un livre de sentiment et d’observation, et de chanter ou de faire chanter en des poésies personnelles ou impersonnelles, toutes les misères de son temps, ces misères invincibles à la philanthropie, et qui, sous le costume et les vices de chaque siècle, forment la Misère éternelle ! […] Il l’a divisé en trois parties : les Gueux des Champs, les Gueux de Paris, et Nous autres Gueux ! […] Les pauvres des champs, quels que soient leur bassesse, leurs passions, leurs vices mêmes, sont autrement poétiques que les atroces voyous de Paris, ces excréments de capitale et de civilisation, qui souillent l’aumône en la recevant… Et, d’ailleurs, ils sont placés plus loin de nous, dans une perspective qui est une poésie de plus. […] Je sais bien que dans le cas particulier de l’auteur des Névroses et de l’auteur des Blasphèmes, la Critique avait une espèce de mauvaise raison pour les accuser ou les soupçonner d’histrionisme dans leurs vers, et c’était, pour tous les deux, l’exhibition de leurs personnes, l’un dans les salons de Paris, et l’autre, résolument acteur, sur un théâtre, devant le public des théâtres.

625. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Faute d’issue, l’ambition était petite ; faute de communications, l’envie manquait ; on n’essayait pas d’imiter Paris. […] A vingt-six ans on lui donne une femme et une charge ; il se laisse faire, et tout doucement se détache de l’une et de l’autre, s’en va à Paris surveiller les eaux et forêts de la Champagne, et ne se souvient plus qu’il est marié. […] Il n’est pas besoin de dire qu’il fut médiocre économe ; son administration se réduisit à un voyage qu’il faisait tous les ans à Château-Thierry pour vendre une pièce de terre dont il mangeait l’argent à Paris. A Paris, il fit comme ailleurs, il se laissait vivre.

626. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

Nous avons cité la troupe de Ganassa, qui fit, à ce que l’on croit, connaître à Paris le premier Tabarino et le premier Pagliaccio. […] Il en parut une édition avec une traduction française en regard du texte italien, à Paris, chez Matthieu Guillemot, en 1609. […]   À Paris, le………..février    1671. […] Voici un trait de lui qui n’est que plaisant et spirituel : il appartient à la période de 1683 à 1697, où Mezzetin jouait à Paris ; il est ainsi raconté dans l’Histoire de l’ancien Théâtre italien : « Mezzetin avait dédié une pièce à M. le duc de Saint-Aignan, qui payait généreusement les dédicaces.

627. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Les premières impressions que le roi avait faites sur madame Scarron, à son entrée dans Paris, étaient peut-être de celles que la beauté et la jeunesse font sur les sens d’une femme jeune et sympathique ; mais l’auréole de gloire qui environnait cette belle tête de Louis XIV, la douce et noble fierté de son attitude soumirent aussitôt les sympathies physiques aux sympathies morales. […] Plusieurs ont attribué cette piété de madame Scarron aux calculs d’une ambition hypocrite ; plusieurs l’ont attribuée aux sermons prêches pendant le carême de 1669 à Paris, par le jésuite Bourdaloue. […] Le 11e entretien de madame de Maintenon nous apprend que pour cacher l’existence des premiers enfants qui lui furent confiés, on les plaça avec leur nourrice, chacun séparément, dans une petite maison hors de Paris ; elle n’allait les y voir qu’à la dérobée ; elle profitait de tous les moments dont elle pouvait disposer pour se montrer dans sa société, afin que la curiosité ne cherchât pas l’emploi du temps qu’elle aurait dérobé à ses amis. […] J’allais souvent de l’une à l’autre, à pied, déguisée, portant sous mon bras du linge, de la viande, et je passais quelquefois les nuits chez un de ces enfants malades dans une petite maison hors de Paris.

628. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

Voici le rapport adressé à M. le président de la Commission :   Paris, ce 6 juin 1854. […] Ponsard la prime que l’article quatrième de l’arrêté « réserve à l’auteur d’un ouvrage en cinq ou quatre actes, en vers ou en prose, représenté à Paris, pendant le cours de l’année, sur tout autre théâtre que le Théâtre-Français, et qui serait de nature à servir à l’enseignement des classes laborieuses par la propagation d’idées saines et le spectacle de bons exemples ». […] Ponsard, il ne resterait plus à décerner qu’une prime de trois mille francs destinée « à l’auteur de l’ouvrage en moins de quatre actes, en vers ou en prose, représenté avec succès pendant le cours de l’année, à Paris ou dans les départements, sur quelque théâtre que ce soit, autre que le Théâtre-Français », et qui satisferait d’ailleurs aux conditions morales du concours.

629. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — I » pp. 143-149

  L’abbé de Pons, né en 1683, avait pour père le sieur de Pons d’Annonville, d’une noble famille de Champagne et chevalier d’honneur du présidial de Chaumont (sur Marne) ; il naquit à Marly, chez son oncle qui en était alors seigneur, et de qui le roi ne tarda pas à l’acquérir, « fit ses premières études au collège des jésuites à Chaumont, puis vint à Paris et entra au séminaire de Saint-Magloire, d’où il suivit l’école de Sorbonne : « Il était bon humaniste, nous dit-on ; il possédait les principes de la théologie ; mais surtout il était grand métaphysicien, dans le sens le plus étendu qu’on donne à présent (1738) à ce terme. […] L’abbé de Pons gagna son procès, mais résigna presque aussitôt son canonicat ; il s’était accoutumé, dans l’intervalle, à la vie de Paris et à la fréquentation des gens de lettres. […] Mais La Motte, que Duclos appelle le plus aimable des gens de lettres, ne s’éloignait guère, et pour cause, du café Gradot : Après avoir vécu dans les meilleures sociétés de Paris et de la Cour, devenu aveugle et perclus des jambes, il était réduit à se faire porter en chaise au café de Gradot, pour se distraire de ses maux dans la conversation de plusieurs savants ou gens de lettres qui s’y rendaient à certaines heures.

630. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Oberman, édition nouvelle, 1833 »

Sorti de Paris à dix-neuf ans, dès les premiers jours de la Révolution ; retenu par les circonstances et la maladie en Suisse, au lieu des longs voyages qu’il méditait ; marié là et proscrit en France à titre d’émigré, M. de Sénancour n’était rentré que furtivement, à diverses reprises, pour visiter sa mère, et s’il s’était hasardé à séjourner à Paris, sans papiers, de 1799 à 1802, ç’avait été dans un isolement absolu : il avait profité toutefois de ce  séjour pour publier, dès 1799, ses Rêveries sur la nature primitive de l’Homme. […] Ils suivaient les cours à Paris durant l’hiver ; puis l’été les dispersait aux champs, et ils s’écrivaient.

631. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

Mais cette double attaque, tentée dans l’Ouest par les chefs vendéens et dans Paris même par les journalistes, ne fut pas conduite des deux côtés avec une égale habileté et une égale réussite. […] Battu et désarmé en Vendée, le royalisme était plus heureux à Paris et dans une grande partie des provinces. […] Elle se déguisa d’abord sous la réaction, frivole en apparence, qu’afficha la classe riche et moyenne de Paris contre les mœurs et les modes de la Terreur.

632. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

Mesnard, Paris, Hachette, 1869. — À consulter : Taine, Essais de critique et d’histoire ; E. Faguet, les Grands Maitres du xviie  siècle, Paris, in-12, 1885 ; G. […] Bliard, de la C. de J., les Mémoires de Saint-Simon et le Père Tellier, in-8, Paris, 1891.

633. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre II. Harmonies physiques. — Suite des Monuments religieux ; Couvents maronites, coptes, etc. »

J’ai trop connu Paris : mes légères pensées, Dans son enceinte immense au hasard dispersées, Veulent en vain rejoindre et lier tous les jours Leur fil demi-formé, qui se brise toujours. […] Je préfère ces lieux où l’âme, moins distraite, Même au sein de Paris, peut goûter la retraite : La retraite me plaît, elle eut mes premiers vers. […] Que de fois j’ai cherché, loin d’un monde volage, L’asile où dans Paris s’écoula ton jeune âge !

/ 2804