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724. (1899) Le monde attend son évangile. À propos de « Fécondité » (La Plume) pp. 700-702

C’est une charmante et haute figure ; je ne puis pas l’examiner dans cette étude, mais je la décrirai un jour, il me suffit de dire maintenant quelle fut sa grandeur véritable et essentielle. […] Par son étude de l’univers, par sa patience obstinée à en reproduire des péripéties, par l’attention qu’il a prêtée pendant trente années de sa vie aux phénomènes extérieurs, ce grand et rigoureux esprit était plus préparé qu’un autre à la création d’une sagesse pratique, assisse sur des réalités, conforme à notre évolution et appropriée aux besoins des races nouvelles.

725. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 15, observations concernant la maniere dont les pieces dramatiques étoient représentées sur le théatre des anciens. De la passion que les grecs et les romains avoient pour le théatre, et de l’étude que les acteurs faisoient de leur art et des récompenses qui leur étoient données » pp. 248-264

De la passion que les grecs et les romains avoient pour le théatre, et de l’étude que les acteurs faisoient de leur art et des récompenses qui leur étoient données L’imagination ne supplée pas au sentiment. […] Seneque écrit donc comme une chose rare, en parlant de Porcius Latro, un orateur son compatriote, son ami et son camarade d’étude : que ce Porcius qui avoit été élevé en Espagne, et qui étoit accoutumé à la vie sobre et laborieuse qu’on menoit encore dans les provinces, ne faisoit aucun remede pour conserver sa voix, qu’il n’observoit pas la pratique de la déploïer méthodiquement depuis le ton le plus haut jusques au plus bas et de la replier de même.

726. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Philippe II »

C’est, en effet, pour cette Cause sacrée que le XVIe siècle combattit… malheureusement avec toutes armes, mais c’est précisément le fanatisme de cette Cause, — à qui tant d’écrivains ont imputé toutes les horreurs du temps, — c’est ce fanatisme religieux, dont l’indifférence d’un esprit moderne et sans croyance et froidi par l’étude des faits s’est tranquillement détournée, c’est ce fanatisme, qui, lui seul, a pourtant arraché le XVIe siècle à l’outrage mérité du genre humain, et qui l’a sauvé du mépris absolu de l’Histoire ! […] Or, c’est justement l’étude de cette grande chose qui plane sur toute la vie de Philippe II et qui le met à part, dans l’Histoire, lui et le XVIe siècle, c’est cette grande chose qui se trouve oubliée dans le livre de Forneron, où, excepté cette grande chose, il a tout vu.

727. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Paul Bourget a dit, dans une admirable étude, que M.  […] J’ai là sous les yeux l’excellente étude que M.  […] Les peintres font à l’envi des études et des croquis du poète. […] D’autres ont, comme lui, consumé leur vie dans l’étude. […] Étude sur la chaire et la société française au quinzième siècle.

728. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Il y mêlait la lecture des écrivains profanes, gardant entre les deux études une inégalité de convenance et de goût. […] Il recommença pour l’éducation du dauphin les études de sa jeunesse. […] Dans ces études recommencées, la part des poètes paraît avoir été la plus grande. […] Mais rien ne profita plus à Bossuet que l’étude de l’histoire. […] Ses études profanes marquaient le même goût.

729. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Elle était morte, à vingt-trois ans, d’un refroidissement pris en faisant une étude de plein air. […] … (Il a encore trois ans pour finir ses études.) […] Il serait peut-être possible de placer le jardin (quand même il n’aurait qu’une superficie de 50 mètres) de telle façon que j’y puisse faire des études sans être vue de la rue. […] Je viens justement de vendre une petite étude. […] En plus, je viens de vendre deux études à un amateur et à un marchand, des inconnus pour moi.

730. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Dans une étude sur un grand auteur, je puis mettre du talent et quelque chose de moi ; dans un poème composé à l’émulation des grands auteurs, il peut ne se trouver ni talent, ni personnalité, ni rien. […] Les études scientifiques s’enrichiront des pertes de l’art découragé. […] L’histoire souvent racontée de sa réputation est un chapitre capital de toute étude sur les fluctuations de la gloire et du goût. […] Purement appliquée et concrète, elle consiste en études particulières sur les œuvres et sur leurs auteurs. […] Celui-ci n’étant point sincère, s’il mérite à son tour d’entrer dans nos études, ce sera seulement au chapitre du charlatanisme et des trucs.

731. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

à l’étude de la religion. […] Taine est de ceux qui croient que l’observation soutenue, le récit sans plus ne suffit pas à l’étude des actes humains. […] Il y aurait une étude curieuse à faire sur le comique suivant les pays. […] L’étude qui ouvre le volume a fait du bruit. […] D’autant que l’étude des foules se concilie aisément avec la psychologie la plus raffinée.

732. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

L’étude littéraire même à l’étude morale, et l’étude morale ne serait ni sérieuse ni complète, si elle n’avait pour contre-épreuve l’étude physiologique. […] Taine, dans sa belle étude sur le grand poète anglais, a fort bien expliqué cela. […] Il entra dans l’étude de M.  […] Balzac venait souvent à l’étude. […] L’étude du moral et celle du physique y sont étroitement unies, mêlées et confondues.

733. (1894) Critique de combat

Je vois encore les études de M.  […] En notre siècle on a repris, poussé plus avant ces études. […] Bréal et Gaston Paris des études intéressantes, M.  […] Je le prouve assez, ce me semble, en prenant une de ses œuvres pour sujet d’études. […] Or on peut louer, tant qu’on voudra, dans les études de M. 

734. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Est-ce qu’un homme rompu aux études philosophiques peut raisonnablement chercher dans la lecture de Spinoza et d’Herbert Spencer la cause d’une perversion morale ? […] Emile Zola, plus curieux des mœurs générales que des âmes, disposé à ramener l’étude de l’homme à l’examen indifférent de ses instincts. […] Son bagage littéraire se composait, je crois, de quelques études sur Molière et de deux petits volumes de vers. […] A défaut d’études, il a du moins fait de fortes lectures scientifiques : les grands systèmes de ce siècle lui sont tous familiers, il a admiré la philosophie de Schopenhauer. […] Pour ceux d’aujourd’hui, la « psychologie » est devenue l’étude désintéressée de ce Moi maudit qui, en s’émancipant, a fait tout le mal.

735. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Croyez-vous qu’il soit versé dans la pratique des arts, qu’il en ait fait une étude patiente ? […] Il y a de certaines réformes impossibles à un certain âge, et rien n’est plus dangereux, dans la pratique des arts, que de renvoyer toujours au lendemain les études indispensables. […] À leurs yeux, une étude est un tableau. […] Et puis il tombe dans le fameux défaut moderne, qui naît d’un amour aveugle de la nature, de rien que la nature ; il prend une simple étude pour une composition. […] Boudin qui, soit dit en passant, a exposé un fort bon et fort sage tableau (le Pardon de sainte Anne Palud), plusieurs centaines d’études au pastel improvisées en face de la mer et du ciel, ils comprendraient ce qu’ils n’ont pas l’air de comprendre, c’est-à-dire la différence qui sépare une étude d’un tableau.

736. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Nous restons une heure à regarder, d’une loge, la danse et les masques, une heure où il semble faire une sérieuse étude du costume nouveau et presque général des danseuses : de ce costume de bébé, de cette petite robe-blouse descendant au genou, laissant voir la jambe et les hautes bottines ballantes dans l’air, et dessinant des nimbes au-dessus de la tête des danseurs. […] Un créateur de types, avec une silhouette, des gestes, une physionomie des épaules, un masque du crime d’après des études sur le vrai, d’après des modèles entrevus dans une imitation de génie. […] Voici un cheval dans une écurie, aussitôt une étude de Géricault se dessine dans notre cervelle ; et le tonnelier frappant sur une futaille dans la cour voisine, nous fait revoir un lavis à l’encre de Chine, de Boissieu. […] Car il nous faut faire pour notre roman de Sœur Philomène, des études à l’hôpital, sur le vrai, sur le vif, sur le saignant. […] Nous retournons à quatre heures pour entendre la prière, et à cette voix grêle, virginale, de la novice agenouillée, adressant à Dieu les remerciements de toutes les souffrances et de toutes les agonies qui se soulèvent de leurs lits vers l’autel, deux fois les larmes nous montent aux yeux, et nous sentons que nous sommes au bout de nos forces pour cette étude, et que pour le moment c’est assez, c’est assez.

737. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Ce don de l’esprit appartient plus généralement aux amateurs de littérature qu’aux auteurs de profession, parce qu’il est inséparable d’une certaine légèreté ; les hommes du monde possèdent plus souvent cette légèreté que les hommes d’études, parce que la conversation rend la phrase légère et que la plume rend quelquefois la main lourde. […] XIII Alfred de Musset fut le premier couronné dans toutes ses études. […] Ce succès éclatant à la fin de ses études l’introduisit presque encore enfant chez Nodier, dans cette société de l’Arsenal dont la gloire était Hugo, dont l’agrément était Charles Nodier. […] Est-ce que tu vis même par aucune de ces illusions généreuses et juvéniles qui poussent l’homme en avant sur les routes de l’idéal, de la passion, de l’activité, de l’étude, et qui sont les mirages de la liberté et de la vertu ? […] Comment bien espérer de ton âme, quand la législation de ton enseignement national décrète elle-même la suppression facultative de l’étude des lettres humaines qui font l’homme moral, au profit exclusif de l’enseignement mathématique qui fait l’homme machine ?

738. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

A cette époque de renaissance pour la société et pour les lettres, l’ordre des études et des âges n’était pas très-bien observé ; il y avait dans tous les genres une émancipation rapide, une confusion assez aimable et non sans profit pour les essors généreux. […] Les huit années, de 1805 à 1814, furent remplies pour lui de beaucoup d’études et de plusieurs essais. […] Pourtant, avec la prétention, le goût aussi de l’antique reprenait ; l’étude ramenait à des sources. […] Comme étude d’imitation et de style, Ulysse garde son prix. […] Son poëme Sur le Bonheur de l’Étude remporta une des couronnes décernées par l’Académie française en 1817.

739. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

La littérature des Latins se répand, se divulgue ; des entreprises utiles en rendent les accès de plus en plus faciles et patents ; la difficulté n’est pas là ; elle est encore où elle s’est presque toujours rencontrée en France, dans l’étude, la connaissance, le goût senti de la littérature grecque que tout le monde s’accorde si bien à louer et que si peu savent aborder comme il faut. […] la traduction de Platon à part, et en n’oubliant pas non plus l’exquise tentative de Courier, en y ajoutant les récentes Études sur les Tragiques de M. […] La poésie des Latins, au contraire, était née tard et d’une étude savante ; elle n’avait pas eu d’enfance. En soumettant ces idées à ceux qui en sont juges, en ne les jetant ici que comme de simples aperçus, et parce qu’il y a disette, en ce moment, de ce genre d’études au sein de la presse périodique et, comme on disait autrefois, de la littérature vulgaire, notre dessein est surtout de stimuler de jeunes et doctes esprits tels qu’il en est encore beaucoup, de les inviter à tenter une voie qui est demeurée antique et neuve, et à ne pas tant négliger les points par où une science ingénieuse se saurait greffer sur la littérature nationale : à ce prix seul est la circulation et la vie120. […] xli. — Dans son Cours d’Etudes historiques (tome VI, page 98), au moment où il vient de nommer Horace et Virgile, Daunou ajoute : « Après de tels noms, je ne puis proférer ceux d’un Méléagre, d’un, etc., etc. » Je suis fâché de ce dédain pour Daunou : excellent critique dans le genre moyen, il ne sentait ni la délicatesse exquise chez Méléagre, ni la grandeur chez Napoléon.

740. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Edmond Schérer et Émile Montégut nous démontrèrent à l’envi, dans d’éloquentes et profondes études, que Georges Eliot l’emportait de beaucoup sur tous nos conteurs réalistes. […] Ils serrent l’étude du réel de plus près qu’on ne l’a jamais fait ; ils y paraissent confinés ; et néanmoins ils méditent sur l’invisible ; par-delà les choses connues qu’ils décrivent exactement, ils accordent une secrète attention aux choses inconnues qu’ils soupçonnent. […] Car, non seulement l’Éducation sentimentale est l’histoire de deux jeunes gens, très particuliers comme individus et très généraux comme types, puisqu’ils représentent, l’un, le jeune homme romantique, et l’autre, le jeune homme positiviste, et cela juste à l’heure où la période du positivisme va succéder chez nous à celle du romantisme ; et non seulement cette histoire se combine avec une étude des idées et des mœurs dans les dernières années du règne de Louis-Philippe : l’Éducation sentimentale est quelque chose de plus : l’histoire pittoresque et morale, sociale et politique, de la Révolution de 1848 ; elle nous dit, et avec profondeur, les barricades et les clubs, la rue et les salons, et elle nous montre cette chose extraordinaire : la confrontation effarée des bourgeois avec la Révolution, cette Révolution que leurs pères ont faite soixante ans auparavant, mais qu’ils croient terminée, puisqu’elle les a enrichis, qu’ils s’indignent de voir recommencer ou plutôt qu’ils ne reconnaissent plus quand c’est eux à leur tour qu’elle menace, et qu’ils renient alors avec épouvante et colère. […] Tout le sérieux, toute la substance morale de Georges Eliot semblent avoir passé dans les profondes études de M.  […] Faut-il voir là une conséquence indirecte des nouveaux programmes de l’enseignement secondaire, de l’affaiblissement des études classiques ?

741. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

L’étude stricte de l’alexandrin a peut-être contribué à lui donner le sens des toniques et des atones : car ce mètre demeure entre tous le plus propre à des combinaisons de coupes et, pour sauver sa monotonie, requiert avec instance des mouvements adroitement combinés. […] Le drame Ancæus est une étude d’harmonieuses plastiques motivées par une action simple, et non un réel conflit de sentiments humains. […] Mais l’étude des proportions révélées par les traditions, l’entente progressive des manières d’art et des règles admises par autrui peuvent développer ce goût et faire du poète un artiste. […] Griffin aux prises avec M. le préfet de police ; mais la querelle que je lui cherche ici n’est point nouvelle : il y a quelques années déjà, dans une étude sur Joies 26, je reprochais à la préface de ce livre de compter pour rien l’Harmonie. […] Robert de Souza ; je ne connais malheureusement ses études rythmiques que par des comptes-rendus, mais un esprit actif et curieux me paraît s’y dessiner.

742. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Cette lettre vous sera remise, monsieur et cher ami, par un de mes anciens camarades d’études auquel je suis très attaché. […] Je ne forme plus de projet, mais j’ai souvent désiré d’avoir une bonne femme comme j’imagine la vôtre, une petite terre agréable et la liberté de m’occuper, dans le voisinage d’un ami comme vous, de l’étude de la nature. […] J’ai fait imprimer l’année passée un ouvrage en 3 volumes, intitulé : Études de la nature. […] Denis Rougemont, banquier, rue Saint-Martin, dont j’ai pris un reçu ; 2º de l’arrivée de douze exemplaires de la 2e édition des Études de la nature, remis à Rouen au sieur Lezurier, lequel les a fait embarquer sur La Dame Sophie, vaisseau du port de 100 tonneaux commandé par le capitaine Gerrit Ziedzes, suivant le reçu dudit capitaine daté de Rouen du 3 juillet ; duquel envoi à Pétersbourg à votre adresse j’ai payé commission, emballage et port jusqu’à Rouen. […] Ce prince m’a appris dernièrement la mort de mon ancien chef, M. de Villebois, et il n’a pu rien me dire du général Dubosquet, auquel je l’avais prié de remettre un exemplaire de mes Études.

743. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

… Je me demandais ce qu’un livre intitulé, sournoisement ou hardiment, La Tentation de saint Antoine, par Gustave Flaubert, pourrait bien être, et je me disais qu’avec la volonté acharnée de l’homme qui y travaillait, depuis si longtemps il serait au moins quelque chose, quoi que ce fût : histoire ou invention, poème ou roman, étude d’analyse ou de synthèse. […] Mais Flaubert, qui n’est pas rieur, pouvait le déshonorer, lui, d’une autre manière, par exemple dans une de ces études physiologiques ou pathologiques qui sont les coqueluches intellectuelles de ce temps-ci, et où il expliquerait scientifiquement l’âme orageuse de ce passionné et de ce pénitent des Thébaïdes, dont Chamfort, le libertin blasé, disait, en buvant, à souper, un verre de champagne entre deux Impures : « Je prendrais bien sur moi les rigueurs de sa pénitence, pour avoir le bénéfice de ses tentations !  […] Pour lui, le talent, c’est l’effort, l’effort continu, l’effort infatigable ; c’est l’étude, c’est l’étude acharnée. […] Bouvard et Pécuchet, qui ne savent rien et qui veulent apprendre tout, sont successivement infortunés dans leurs études et les sciences qu’ils essayent de s’assimiler et qu’ils traversent pour se retrouver, tout au bout, encore plus idiots qu’auparavant.

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