« Le plateau pyrénéen, — dit-il dans son introduction, — ce plateau, dressé entre la France et l’Espagne, comme l’immense squelette d’un cétacé qui aurait échoué entre deux mers, a renfermé, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, tous les caractères, tous les éléments qui ont le droit d’inspirer ou d’obtenir une histoire.
La maladresse du sculpteur qui manque sa statue n’empêche pas le marbre ou le bronze dont il s’est servi d’être du marbre et du bronze, deux choses en soi, deux éléments, deux réalités !
L’auteur de la biographie intitulée : Jacques Crétineau-Joly, avait dans les mains tous les éléments d’une vie qui, claire et courte, mais substantielle et d’un bel accent, aurait été lue, car, en France, on aime les batailleurs, et pouvait rester, durable comme une médaille.
Pour un métaphysicien, qui doit connaître les éléments de la science qu’il cultive, et n’avoir pas de distractions, M.
La séparation de la volonté et de l’intelligence était, selon lui, pour la philosophie, ce qu’avait été pour la chimie la séparation de l’eau en deux éléments.
Un jour Lamartine a dit du peuple en révolution : « C’est un élément !
Ces enfants gâtés du soleil et souvent terribles, M. de La Madelène les a fait vivre tels qu’ils sont, non pas seulement dans leur vie domestique et de foyer, mais dans leur vie collective, leur vie d’assemblée, d’émeute, de farandoles et de batailles, car le plein air, le dehors, la place publique, sont pour eux bien plus le foyer que le coin du feu de la maison ; il nous les a montrés en plein dix-neuvième siècle et à cette heure du dix-neuvième siècle, dominés par l’incoercible élément méridional, qui leur donne encore la physionomie des ancêtres ; par ce caractère héréditaire et local que la poussière humaine ne perd que le dernier, et qui se révolte avec tant d’énergie sous l’émiettant et l’aplanissant rouleau que la civilisation, cette Tarquine à la main douce, qui ne fait pas voler les têtes de pavot sous les coups de baguette, mais qui se contente de les coucher par terre en les caressant, promène par-dessus toutes choses, comme dans une allée de jardin !
Mais là même, dans ce livre où le feu est regardé sous tous les aspects, comme l’auteur de J’aime les Morts avait déjà regardé la tombe, il y a des passages — et ils sont nombreux — d’une poésie d’images teintées de tous les reflets de l’élément dont il fait l’histoire, et, de plus, comme dans J’aime les Morts, il y a cette autre poésie de la langue, aussi certaine en prose, quoique différente, que la poésie de l’idée et des vers.
Je n’aurais pourtant pas omis ces principes, sans tronquer les éléments même de la doctrine, sans me rendre indigne de vous interpréter les chefs-d’œuvre des grands maîtres : cependant j’éprouvais la gêne en vous les développant. […] Le chantre des Noces de Pélée, l’indompté Catulle qui ne redouta jamais de piquer le fier César ; Ovide, exilé sous le règne de son successeur, nous procureront des éléments applicables à la condition des épisodes. […] Je saisis jusqu’aux moindres occasions d’en prouver la nécessité aux écrivains, et surtout aux poètes qui répugnent à croire que les éléments fins de leur art aient des bases fixes et positives. […] Parmi les éléments du merveilleux propre au genre héroïque, nous choisirons, de préférence à tout autre, ceux que fournit la théologie grecque, autant qu’il sera possible de la conformer au sujet. […] « Ses chocs sont peu de chose, au prix des mouvements « Où s’embrase mon disque en tous ses éléments.
On voit combien Mlle Clarisse est un élément considérable de l’évolution sociale. […] Elle existe comme facteur social, nullement comme élément naturel. […] Et les esprits de ce genre en viennent facilement à se défier de toute certitude pour peu qu’elle soit seulement mêlée d’éléments humains. […] Entre les éléments sociaux et les éléments organiques il y a donc une différence, de degré sans doute, une différence de moins complexe à plus complexe, mais si énorme, qu’elle nous met en présence de deux objets qui vraiment n’ont aucun rapport, si ce n’est ces rapports de comparaison littéraire que l’on trouve où l’on veut les mettre. […] Dans un animal ce qui est intelligent, c’est l’animal en son entier, ce ne sont pas les éléments qui le composent ; dans une société… Mon Dieu, la société a peut-être une âme, comme le veut Bluntschli ; mais cette âme est moins intelligente que les éléments du corps qu’elle anime.
La deuxième œuvre dramatique de Corneille est, en 1632, Clitandre, ou l’Innocence délivrée, autre imbroglio, — tragi-comique, cette fois, et où nous voyons poindre des éléments nouveaux. […] Ici, comme dans la Galerie du Palais, l’auteur trouve un cadre neuf et actuel, élément de succès pour la comédie. […] Ajoutez-y ce qu’on nomme aujourd’hui actualité, élément qui contribua au succès de cette pièce, comme de plusieurs autres que Corneille avait données auparavant. […] Chez l’un, il trouva le germe de Cinna ; chez l’autre, les éléments de Pompée. […] Et, même lorsque celui-ci parut céder à la tempête, Rotrou resta fidèle à la tragi-comédie qui, à peu près comme le drame de nos jours, représentait la vie humaine dans sa complexité, dans ses alternatives et dans ses contrastes, mêlait ensemble discrètement l’élément tragique et l’élément comique ; ou, les faisant succéder l’un à l’autre, en tirait, par ces oppositions, des effets d’autant plus puissants, En dépit de toutes les théories, la pratique a démontré que ce mélange est nécessaire toutes les fois que l’œuvre dramatique s’adresse à un public nombreux : il faut que le comique, de temps eu temps, nous délasse du pathétique.
C’est que l’homme est une intelligence et que le fleuve est un élément. […] « Souvent traditionnelles, générales comme il convient à un esprit philosophique, effacées quelquefois par l’usage, peu nourries, toujours délicates, les comparaisons interviennent dans son style poétique non pas comme d’insistantes et serviles copies de la réalité, mais comme les allusions légères d’un esprit qui plane sur la nature. » M. de Pomairols observe aussi que, dans l’immense champ des images, « Lamartine choisit spontanément Tout ce qui monte au jour, ou vole, ou flotte, ou plane, parce que, occupé avant tout de l’âme, il se plaît à retrouver au dehors les attributs de légèreté, de souplesse, de transparence de l’élément spirituel. » Et encore : « C’est l’élément liquide qui fournit à Lamartine le plus grand nombre de ses images… Tous les phénomènes qu’offre la fluidité, aisance, transparence, reflets du ciel, murmures harmonieux, défaut de saveur peut-être, manque de limites et de formes arrêtées, tous ces caractères de la fluidité se confondent avec les attributs de l’imagination lamartinienne. » Et voici, entre beaucoup d’autres, un exemple bien joliment choisi et commenté, à l’appui de ces remarques : « Il est des êtres, semble-t-il, pour qui l’idée de pesanteur n’est pas à craindre, comme la jeune fille. […] Il tire la vie de l’élément vers la vie de la plante et de l’animal, l’animal et la plante vers l’homme, l’homme vers Dieu. […] La science toute seule, l’accroissement du pouvoir sur la nature, sans un accroissement équivalent de l’esprit de charité et de renoncement, n’a rien qui puisse atténuer chez les hommes les instincts égoïstes de l’humanité première : il n’apporte point au progrès de l’humanité un élément nouveau ; il met seulement, chez les mieux doués et les plus intelligents, au service de ces instincts, de nouveaux instruments par où s’aggrave encore l’antique et fatale inégalité. […] Respecte ton père… Allie-toi à une seule femme et qui ne soit pas de ta famille, afin que la tendresse humaine s’étende… Ne vous séparez pas en tribus, en nations… Possédez, aimez et cultivez la terre ; elle est inépuisable à transformer par l’homme ses éléments en pensée… Chaque fois qu’un homme naîtra, vous lui donnerez une part de terre… Ne bâtissez point de villes, habitez les campagnes… N’amassez pas d’avance… Vivez en paix avec les animaux, n’imposez point de mors à leur bouche ; ceux qui sont cruels s’adouciront… N’élevez pas au-dessus de vous de juge ni de roi, ils se feraient tyrans… N’ayez ni loi ni tribunal pour punir. » Oui, c’est un rêve ; mais c’est le grand rêve humain ; je dirai presque le seul.
Aucune connaissance ne s’obtient que par abstraction : dans les sciences pures, une fois les éléments de la connaissance constitués dans l’abstrait, on peut ne jamais donner un regard à la réalité, du moins aux réalités intégrales, confuses, et scientifiquement inconnaissables. […] Il ne s’agissait plus, comme avait fait Malherbe, de reconstituer la langue française dans sa vraie et naturelle intégrité, d’éliminer les éléments étrangers et les créations artificielles, en prenant pour règle l’usage du peuple et pour arbitres les « crocheteurs du port Saint-Jean ». Non ; autre est le but de nos précieux, qui trop souvent ont fait la loi à l’Académie : ils veulent « dévulgariser » la langue, la purger de tout élément grossier et populaire, et ne s’avisent pas que de chercher à créer des expressions par elles-mêmes délicates et nobles, c’est aller contre le bon sens et le génie de notre langue, où toute dignité, toute beauté vient des choses. […] Et cette cause, c’est un esprit général, classique, dont il faut chercher les origines, les éléments et la formation, non au xviie siècle, sous Louis XIII, mais bien plus tôt. […] C’est que l’amour n’est pas dans Corneille une attraction sensuelle, une émotion irraisonnée de la sympathie : sans exclure ces éléments, il en fait surtout un élan vers la perfection ; l’amour cornélien est conscient, raisonnable et volontaire.
Le monde, pendant ces quatre-vingts dernières années, a été singulièrement fécond en législateurs en qui l’élément spéculatif prédominait à l’exclusion de l’élément pratique. […] Mais dans la législature anglaise, l’élément pratique a toujours prédominé, et plus d’une fois prédominé avec excès sur l’élément spéculatif.
L’un et l’autre ont formé et forment encore tout l’élément moteur de l’idéologie républicaine. […] L’heure présente, et les trente dernières années que cette heure a derrière elle, nous permettent-elles de discerner en France ces éléments libéraux, que Faguet y déclarait, après l’Affaire, introuvables et impossibles ? […] Sa limite (je ne dis pas son danger et encore moins son avantage) c’est qu’automatiquement elle laisse au parti adverse l’élément spirituel, la catégorie de l’idéal. […] Notons qu’un des principaux éléments de succès du jeune clergé, qui est aussi le petit clergé, consiste dans ses initiatives et son action en matière de patronages, où les curés ont su faire ce que les instituteurs ne faisaient pas. […] Vidée de ses éléments je ne dis pas seulement traditionnels, mais traditionalistes, frappée dans sa nature d’héritage, dans la conscience et dans l’accumulation de sa durée, dans son épaisseur de mémoire, la France se sécherait comme une grappe vide.
Elle contient ainsi deux éléments qui se combinent à doses inégales. […] Par une analyse savante, il force l’œuvre qu’il examine de trahir tous ses secrets ; il y surprend les éléments étrangers ou de mauvaise qualité qui la gâtent ; il découvre de la sorte ce qui échappe au vulgaire ; il fait dire au lecteur : « Comme c’est vrai ! […] Ai-je réussi à démêler les principaux éléments de cet esprit si complexe ? […] Peut-être sa naissance suppose-t-elle un élément mâle et un élément femelle. » N’aurions-nous pas ici l’alliance heureuse d’un esprit viril et d’un tempérament très féminin ? […] Avons-nous démêlé ici tous les éléments qui forment sa personnalité complexe ?
Et il n’y en a point de si correct en apparence, au fond de l’âme duquel on ne découvre encore un élément de singularité, un recoin secret de folie ou de vice. […] Il manque à leurs plus belles compositions ce mystérieux élément d’éternité qui seul distingue la poésie de la simple littérature. […] Non qu’il juge indigne de lui la fatigue d’agir : mais son tempérament porté à l’excès lui fait paraître méprisable tout ce qui n’est pas la perfection absolue, et la perfection qu’il conçoit est faite d’éléments incompatibles. […] Mais peut-être sommes-nous indéfiniment condamnés à mal comprendre l’ensemble d’une doctrine qui contient tant d’éléments divers, et que l’auteur s’obstine à nous présenter toujours par morceaux détachés. […] Les uns veulent simplifier, d’autres compliquer ; mais tous sont d’accord pour reconnaître la nécessité d’avoir Un style, et de ramener dans la littérature un élément de beauté.
Or, il n’y a qu’une manière de se tenir en garde contre l’abus, c’est de faire toujours entrer la tradition pour une grande part dans ses considérations, et de ne pas la supprimer d’un trait sous prétexte qu’on n’a plus de moyen direct et matériel d’en vérifier tous les éléments. […] Villemain et Cousin qui lui témoignaient un attachement véritable, — un peu de persévérance et d’amour des lettres, voilà les éléments de mon mince avenir.
Car, je le répète, au lieu d’un moyen âge inventé, improvisé, et mi-parti de vision ou de système, on aurait eu un fond solide et des éléments poétiques vrais. […] Il n’en est pas moins à regretter que l’élément négatif, répulsif du passé, soit entré pour une si grande part dans la disposition du réformateur.
XXI Tout finit par un chœur de louange à Dieu, auquel le poète convie tous les peuples, toutes les bouches, tous les instruments à corde ou à vent de la musique sacrée, tous les éléments et tous les astres ! […] Je me complaisais dans ce lyrisme des éléments, dans cette consonance de la nature, des ruines, des siècles écoulés, avec la voix du poète qui les a éternisés par ses hymnes.