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624. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Obéissant à une vocation instinctive et dont le premier éveil s’était fait sentir à lui dès l’âge de dix ans, il commença, dans la même ville également, son cours de théologie. […] Jouffroy, dans le premier orgueil de la jeunesse et de la science et avec l’auréole au front, ne dédaigna point de discuter avec le jeune séminariste de province : il le combattait sur les preuves de la Révélation et contestait surtout l’âge du monde, en s’appuyant sur le témoignage, si souvent invoqué alors et bientôt ruiné, du fameux Zodiaque de Denderah. […] Il se mourait à Paris d’une maladie de poitrine, à l’âge de vingt-quatre ans, et semblait arrivé au dernier période, lorsque sa jeune femme, à la veille d’être veuve, se décida à embrasser la communion de son époux ; et dans cette chambre, près de ce lit tout à l’heure funéraire, on célébra une nuit — à minuit, heure de la naissance du Christ — la première communion de l’une en même temps que la dernière communion de l’autre (29 juin 1836).

625. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Ce La Fontaine qu’on donne à lire aux enfants ne se goûte jamais si bien qu’après la quarantaine ; c’est ce vin vieux dont parle Voltaire et auquel il a comparé la poésie d’Horace : il gagne à vieillir, et, de même que chacun en prenant de l’âge sent mieux La Fontaine, de même aussi la littérature française, à mesure qu’elle avance et qu’elle se prolonge, semble lui accorder une plus belle place et le reconnaître plus grand. […] Si la nature humaine a paru souvent traitée avec sévérité par La Fontaine, s’il ne flatte en rien l’espèce, s’il a dit que l’enfance est sans pitié et que la vieillesse est impitoyable (l’âge mûr s’en tirant chez lui comme il peut), il suffit, pour qu’il n’ait point calomnié l’homme et qu’il reste un de nos grands consolateurs, que l’amitié ait trouvé en lui un interprète si habituel et si touchant. […] Il mourut le 13 avril 1695, à l’âge de près de soixante-quatorze ans, dans l’hôtel de son ami M. d’Hervart, et assisté des soins pieux de Racine.

626. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Cependant l’âge de l’épopée touche à sa fin… Une religion spiritualiste se glisse au cœur de la société antique… Elle enseigne à l’homme qu’il a deux vies à vivre, l’une passagère, l’autre immortelle ; l’une de la terre, l’autre du ciel. […] Shakespeare, c’est le drame ; — et le drame est le caractère propre de la troisième époque de poésie, de la littérature actuelle. — Ainsi, pour résumer rapidement, la poésie a trois âges dont chacun correspond à une époque de la société : l’ode, l’épopée, le drame. […] Quand je parle de « genre » lyrique, ou épique, ou dramatique, c’est, à mon sens, une façon pratique et très élastique de désigner trois modes essentiels de concevoir la vie et l’univers ; ces conceptions répondent à des tempéraments divers ou à des âges divers ; elles se succèdent le plus souvent chez le même homme ; elles peuvent même exceptionnellement cohabiter en lui.

627. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 190

Il ignoroit sans doute que l’affectation d’esprit, la recherche des ornemens préférés à l’exactitude historique, qu’un ton quelquefois romanesque, un style inégal & trop plat dans certains endroits, &c, sont des défauts exclusifs pour obtenir le titre de bon Historien ; peut-être la maturité de l’âge l’en eût-elle corrigé.

628. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 411

Bunel, [Pierre] né à Toulouse, & mort à Turin en 1546, à l’âge de 47 ans, est le premier des modernes, sans en excepter les Italiens, qui ait écrit en Latin avec autant d’élégance que de pureté, raison qui lui donne droit de paroître dans notre Collection.

629. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Il fut Parisien jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans et par conséquent le resta toujours. […] Ce sont choses qui compensent souvent dans l’esprit des femmes la différence de l’âge. […] Ce vice est plutôt l’effet de l’âge et de la complexion des vieillards qui s’y abandonnent aussi naturellement qu’ils suivaient les plaisirs dans leur jeunesse ou leur ambition dans l’âge viril. […] C’est Don Juan à différents âges. […] Car Alceste et Philinte sont le même personnage à deux différents âges.

630. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Renan a voué les efforts de son âge mûr est de celles que nul ne saurait aborder sans y mêler ainsi sa chair et son sang. […] Cette rencontre imprévue est le fait le plus fécond peut-être de notre âge en conséquences plus imprévues encore. […] Et voyez comme aux dates critiques de son âge mûr cette même solidité de jugement se retrouve et cette même robustesse. […] Il s’y trouve une première version de jeunesse de tous les poèmes plus complets de l’âge mûr. […] Telle n’est plus la conviction de la plupart des esprits cultivés dans notre âge de critique.

631. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Nous sommes dans un âge d’individualisme effréné, et cet âge ne produit plus d’individus. […] Elle était si juste qu’elle seule permet de définir cet étrange dix-neuvième siècle français qui fut l’âge de la plus étonnante dépense d’énergie qu’ait jamais faite notre race et de son plus complet avortement ; — âge d’individualisme passionné qui se meurt dans une désolante pénurie d’individualités. […] Avec cette finesse d’impressions propre à son âge, il sent bien que son envoi à l’école n’est qu’une formalité qui ne tient pas au cœur des siens. […] Cet âge de personnalisme à outrance se trouve aussi être un âge de personnalités de plus en plus faibles, de plus en plus anémiées. […] Je veux parler du drame d’amour qui mit aux prises, voici soixante ans passé, deux des beaux génies de notre âge : Alfred de Musset et George Sand.

632. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

C’est sous l’empire des plus tendres rêveries de son âge qu’il interrompit alors ses chants épiques, et qu’il écrivit sa délicieuse pastorale de l’Aminta, drame amoureux et tragique dont l’amour est le sujet, dont des bergers et des bergères sont les personnages, et dont les vallées, les montagnes, les forêts, sont la scène. […] « Étant entré dans le village et dans la maison de sa sœur, il la trouva seule, dit-il, avec ses servantes, car elle était maintenant veuve, et ses deux fils en bas âge n’étaient pas en ce moment à la maison. […] On peut se figurer son bonheur en se retrouvant ainsi sous le toit paternel, et jouissant d’un bien-être qu’il n’avait jamais goûté que dans ses souvenirs et à une époque où son jeune âge l’empêchait de l’apprécier comme aujourd’hui. […] C’était un homme d’un âge très mûr, plus près de soixante ans que de cinquante ; il avait l’air tout à la fois bienveillant et vénérable ; la blancheur de ses cheveux et de sa barbe, qui semblait ajouter à son âge, augmentait la dignité de sa personne.

633. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Deux amants qu’attache l’un à l’autre une passion profonde et légitime, et que va rendre ennemis la loi du devoir filial et de l’honneur domestique ; Rodrigue aimant Chimène, mais forcé de venger l’affront de son père dans le sang du père de sa maîtresse ; Chimène forcée de haïr celui qu’elle aime, et de demander sa mort, qu’elle craint d’obtenir ; Rodrigue, tout plein des grands sentiments qui feront bientôt de lui le héros populaire de l’Espagne ; Chimène, héritière de l’orgueil paternel, fière Castillane, qui veut se battre contre Rodrigue avec l’épée du roi ; ce roi, si plein de sens et d’équité, image de la royauté de Salomon, par sa modération, par sa connaissance des hommes, par sa justice ingénieuse : les deux pères si énergiquement tracés ; le comte, encore dans la force de l’âge, qui a été vaillant à la guerre, mais qui se paie de ses services par le prix qu’il en exige et par les louanges qu’il se donne ; le vieux don Diègue, qui a été autrefois ce qu’est aujourd’hui le comte, mais qui n’en demande pas le prix, et ne s’estime que par l’opinion qu’on a de lui ; le duel de ces deux hommes, si rapide, si funeste, d’où va naître entre les deux amants un autre duel dont les alternatives seront si touchantes ; Rodrigue, après avoir tué le comte, défendant son action devant Chimène, qui n’en peut détester le motif, puisque c’est le même qui l’anime contre Rodrigue ; la piété filiale aux prises avec l’amour ; l’ambition désappointée ; l’idolâtrie de l’honneur domestique ; des épisodes étroitement liés à l’action ; un récit qui nous met sous les yeux le sublime effort de l’Espagne se débarrassant des Maures, d’un pays rejetant ses conquérants : quel sujet ! […] A quel âge n’avons-nous plus à choisir entre une passion et un devoir ? Si, pour ceux qui sont jeunes, le Cid est l’idéal même de la passion qu’ils ont dans le cœur, ceux qui sont agités par les passions de l’âge mûr ou de la vieillesse n’y trouvent-ils pas le souvenir de ce qu’ils ont été, et l’image de ce qu’ils sont ? […] Cette courte durée du génie de Corneille, cette décadence dans l’âge viril, cette inégalité qui le fait glisser à chaque instant de ses qualités les plus élevées dans les défauts opposés, de la grandeur dans l’emphase, de l’éloquence dans la déclamation, du raisonnement dans la subtilité de l’école, des plus hautes pensées dans l’abus des sentences, le dirai-je enfin ? […] Une fois qu’il y fut engagé, il lui devint impossible de revenir sur ses pas, et dans la force de l’âge et du talent, l’auteur d’œuvres sublimes ne put retrouver sa propre tradition.

634. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

La terre ouvrant son sein, ses ressorts, ses miracles… Aux lois de Cassini les comètes fidèles ; L’aimant, de nos vaisseaux seul dirigeant les ailes, Une Cybèle neuve et cent mondes divers Aux yeux de nos Jasons sortis du sein des mers ; Quel amas de tableaux, de sublimes images, Naît de ces grands objets réservés à nos âges ! […] Être l’Homère d’un âge scientifique, quelle plus haute ambition peut tenter un poète ? […] Arrivée à un certain âge, à un certain degré de complication, la science échappe au poète ; le rythme devient impuissant à enserrer la formule et à appliquer les lois. […] Sa langue si pure, si habile, si nuancée, quand il reste dans les sujets antiques ou dans ceux qui n’ont pas d’âge, ceux que fournit le cœur humain, éternel dans ses douleurs, dans ses passions et ses joies, cette même langue s’embarrasse et se trouble dès qu’elle touche à des idées scientifiques ou à des pensées modernes que le vers français n’était peut-être pas encore en état de soutenir et d’exprimer. […] Et comme ce granit, épave de tant d’âges, Levé par tant de bras et tant d’échafaudages,                        Étonnement des derniers nés.

635. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Avertissement »

Avertissement En réimprimant une fois encore ces Portraits contemporains, je m’attacherai, tout en y ajoutant çà et là quelques mots et parfois une ou deux pages, à les maintenir dans leur première mesure : ce ne sont point des portraits complets et définitifs, ce sont des portraits faits à une certaine date, à un certain âge ; ils nous rendent aussi fidèlement que je l’ai pu les originaux, tels qu’ils étaient à ce moment, ou tels qu’ils me parurent.

636. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Le bon Dotteville ne mourut qu’en 1807, à l’âge de quatre-vingt onze ans ; il s’éteignit. […] Jean-Jacques Rousseau, on le sait, et Bernardin de Saint-Pierre, à un certain âge, éprouvèrent aussi de telles crises ; ils n’y échappèrent qu’en conservant une teinte de misanthropie chagrine et une sensibilité plus ou moins aigrie. […] Daunou que nous avons tous connu ; nous nous attacherons à ce qu’il devint plus manifestement avec l’âge, au pur savant et littérateur. […] Fauriel arrivait, dans l’histoire littéraire des âges précédents, à des résultats, à des aperçus d’ensemble qui n’étaient point ceux de M. […] Dans l’âge de la ferveur impétueuse et de l’enthousiasme, on est quelque temps avant de comprendre que le plus grand témoignage qu’on puisse souvent donner aux hommes arrivés et désabusés, c’est de se tenir à distance ou de ne les prendre que par les surfaces qu’ils offrent.

637. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Il était là, au milieu des autres qui gaminaient, empêché de s’amuser par le grand cordon de la Légion d’honneur, qu’il portait pour la première fois, à la fois heureux et triste, partagé entre son âge et sa majesté, et réduit à sourire seulement des yeux aux jeux des autres enfants. […] Je trouve assis à une petite table, jetant sur du papier les phrases de son feuilleton, un homme qui me paraît avoir l’âge des hommes qui se teignent, et de gros traits, et le teint d’un viveur sanguin, avec un tic qui lui démantibule, toutes les cinq minutes, la moitié du visage. […] Il faut par malheur que, le matin même, le Constitutionnel l’ait trouvé trop vieux dans Damis, et d’ailleurs, ainsi que tous les jeunes premiers dont la coquetterie est à rebours, il aspire aux rôles plus vieux que son âge, au rôle du Misanthrope. […] … Désire-t-on une robe de chambre pour la toilette de l’eau… Prenez ceci, c’est très avantageux. » C’est la devinaille de toute une maison, et de la situation, et de l’âge des domestiques, et du degré de douleur à ménager chez les parents, et d’un merveilleux bagou approprié à la qualité du chagrin de chacun. […] Il dit que, dans notre métier, « il faut combattre la déperdition nerveuse, qu’il vient de manger deux beefsteaks, qu’il y a un art de tâter son estomac, de l’entraîner… » Et comme nous lui faisions compliment de sa santé, de sa résistance à l’âge, il soupire : « Oh !

638. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 272-273

Tels sont encore les quatre Vers qu’il fit à l’âge de quatre-vingts ans : Chaque jour est un bien que du Ciel je reçois ; Je jouis aujourd’hui de celui qu’il me donne : Il n’appartient pas plus aux jeunes gens qu’à moi, Et celui de demain n’appartient à personne.

639. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fontaney, Antoine (1803-1837) »

Édouard Fournier On croit qu’il était de Paris, et du même âge à peu près que Victor Hugo, qui fut son guide et son dieu.

640. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

« Je ne sais si c’est l’âge ou la raison qui cheminent ; peut-être sont-ce tous les deux à la fois ; mais, ce qui est certain, c’est que je pense plus sérieusement que je ne me croyais susceptible de le faire, et que je fais de grands progrès du côté de la gravité. » Lettre écrite de Russie, du 3 mars 1843. […] Comme il est probable que le voyage actuel est le dernier que j’entreprendrai, je tente de pomper le plus possible et de ramasser les miettes, afin de n’avoir aucun regret par la suite et d’avoir dans mon sac tout le butin nécessaire pour achever le bout d’existence qui nous reste, dans notre solitude de Versailles, qui s’augmentera tous les jours ; car, à nos âges, les jeunes se séparent de vous, et les vieux disparaissent dans le grand trou où chacun de nous va se faire oublier… » Il vient une heure, un moment où, bon gré mal gré tout s’obscurcit en nous et autour de nous. […] vous avez bien des années de moins que moi, vous êtes dans la force de l’âge ; les succès vous abondent ; l’air qui nourrit l’imagination n’est pas dans un fromage, au fond d’une cave : c’est à ciel ouvert, et parmi les hommes, qu’on respire. […] J’ai promis quelques tableaux, je vais les faire. » « La montre marche toujours, mais les aiguilles ne marquent plus rien : autrement dit, ma vieille toiture33 est encore là, mais le cadran n’indique plus ce que je voudrais faire comprendre. » Nous savons des existences heureuses et qui le sont jusqu’au dernier jour de l’âge même le plus avancé ; ce sont là d’insolents et aussi de trop frivoles bonheurs.

641. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Je l’avois assez connu pour le regretter et les ouvrages que son âge et sa santé pouvoient faire espérer de lui. » Boileau se montrait un peu plus difficile en fait de ton et de manières que le duc de Saint-Simon, quand il écrivait à Racine, 19 mai 1687 : « Maximilien (pourquoi ce sobriquet de Maximilien ?) […] Le mérite chez eus devance l’âge. […] C’est la première fois qu’à propos d’un des maîtres du grand siècle on entend toucher cette corde délicate, et ceci tient à ce que La Bruyère, venu tard et innovant véritablement dans le style, penche déjà vers l’âge suivant. […] Sur ce point il confine au xviiie  siècle plus qu’aucun grand écrivain de son âge ; Vauvenargues, à quelques égards, est plus du xviie  siècle que lui.

642. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Ce qu’on appelle la Renaissance dans notre Occident constitue véritablement un des âges par lesquels avait à passer le monde moderne ; cet âge ou cette saison régnait depuis longtemps déjà en Italie, quand la France retardait encore. […] Son secrétaire Maynard la faisait parler en vers tendres et passionnés, et lui-même, dans sa vieillesse, a trahi le secret lorsqu’il a dit : L’âge affoiblit mon discours, Et cette fougue me quitte, Dont je chantois les amours De la reine Marguerite. […] Bonaventure des Periers, après avoir décrit, mais bien moins distinctement qu’Ausone, les vicissitudes rapides de chaque âge des rosés, conclut comme lui : …….Vous donc, jeunes fillettes, Cueillez bien tost les roses vermeillettes A la rosée, ains que le temps les vienne A deseicher : et tandis vous souvienne Que ceste vie, à la mort exposée, Se passe ainsi que roses ou rosée.

643. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Tu as consumé sans fruit le printemps de ton âge, et peut-être en sera-t-il ainsi du reste de ta vie, jusqu’à la dernière soirée de ton hiver. […] Le premier sentiment donc que je voudrais vous inspirer, c’est celui de la reconnaissance envers Dieu, et de vous ressouvenir sans cesse que ce n’est ni à vos mérites, ni à votre prudence, ni à vos soins que vous devez une si rare faveur, mais à sa bonté seule, dont vous ne pouvez vous montrer reconnaissant que par une vie pieuse, exemplaire et pure ; et vous êtes d’autant plus obligé de vous montrer rigide et scrupuleux observateur de ces devoirs, que vos jeunes années ont donné une attente plus légitime pour les fruits de l’âge mûr. […] C’est en les imitant que vous vous ferez connaître et estimer à mesure que votre âge et les circonstances particulières de votre vie vous feront distinguer davantage entre vos collègues. […] Sa mélancolie redoubla ; la solitude du cœur, à un certain âge, est la mort anticipée.

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