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1251. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

Ils croiraient laisser passer un bout de jupe compromettant à travers les déchirures du vêtement masculin qu’ils veulent porter et qu’ils crèvent, en y faisant entrer de vive force, des beautés faites pour un vêtement tout à la fois plus voluptueux et plus chaste.

1252. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

Au lieu de ce tombereau de faits insignifiants et qu’on a balayés partout, vidé dans le barathre obscur de ces deux volumes, nous aurions voulu une Chine clarifiée et comprise, une Chine vue à travers le cristal de la critique, essuyé, purifié, éclairci.

1253. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les civilisations »

À travers ses compilations d’histoire et de voyages, écrites sans expression et sans couleur et où un déisme insignifiant est affirmé comme pour couvrir des marchandises suspectes, on sent le libre penseur qui, au tournant d’une phrase, salue presque respectueusement le honteux, grotesque et simiesque Darwin, — la Bête du temps, — et on croit ailleurs deviner çà et là le positiviste très peu positif qui se dissimule… Au vague de son esprit, sans conclusion comme sans vue fixe, Faliés ajoute le vague des doctrines, et si, parmi les civilisations qu’il pouvait étudier et dont il a oublié les principales, il a choisi (pour parler comme lui) les civilisations américaines, c’est qu’il a obéi — la chose n’est pas plus grosse que cela — au hasard de ses lectures et à la préférence de ses admirations.

1254. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte du Verger de Saint-Thomas »

et cependant, malgré sa puissance et la splendeur de sa loi, malgré cette superbe invention d’un héroïque tribunal d’honneur qui, la France constituée comme elle l’était alors, était une idée de génie, ce tribunal d’honneur n’empêcha pas ce qu’il devait empêcher, et les épées incoercibles passèrent à travers cet édit, qui est un chef-d’œuvre, et qu’elles déchirèrent.

1255. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Que la vulgarité de l’âme et de l’inspiration d’Horace passât à travers la pureté de sa forme littéraire, Rigault ne pouvait l’empêcher pour ceux qui savent la voir ; mais qu’avait-il besoin d’appeler distinction cette vulgarité ?

1256. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Joubert » pp. 185-199

C’était pour elle un auvent contre la vie, un auvent disjoint, à travers lequel il pleuvait.

1257. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

Et encore cela ne l’est-il qu’à moitié, puisque déjà, à travers les romans et les légendes, il y a un récit, interrompu ou confus, mais qui est pour l’histoire la voie qu’il faut suivre ou qu’il faut rétablir, à force de sagacité.

1258. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Louis Vian » pp. 373-387

Louis Vian a-t-il vu, comme moi, cette sécheresse à travers les faits qu’il rapporte de cette vie publique et privée, restée imposante ?

1259. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

Grand sujet qu’il n’a pas traité, et qui lui aurait servi à dégager les premiers rudiments de cette centralisation du pouvoir dont l’origine est romaine, et qui, depuis l’Empire jusqu’à nos jours, n’a pas cessé de se préciser parmi les modernes, à travers tous les retards et tous les obstacles !

1260. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

Malheureusement, des faits opposés à ceux-là, des faits qu’il ne s’agit ici ni de justifier ni de défendre, s’étaient produits aussi dans cette histoire troublée, féconde en contradictions politiques, et à travers lesquelles chaque parti peut voir ce qu’il aime ou désire le plus.

1261. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Jacques Cœur et Charles VII »

Les leveurs d’empreinte qui viendront après nous et qui voudront prendre le plâtre de cette grande Morte du xixe  siècle, de cette époque qui aura vécu dans la turbulence et dans l’inquiétude, trouveront sur son front deux caractères ineffaçables, à travers lesquels il sera toujours aisé de la reconnaître : — l’individualisme dans la vie morale, et, dans la vie intellectuelle, la fureur de généraliser.

1262. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des Pyrénées »

à travers les faits, il se retourne et leur envoie le dernier regard de l’homme qui pense.

1263. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Montmorency » pp. 199-214

L’aimable et spirituel historiographe de Madame de Montmorency a vu Richelieu à travers les larmes de la plus touchante des femmes affligées, mais qu’y a-t-il de plus décomposant que les larmes ?

1264. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Sévigné » pp. 243-257

Dieu sait si j’ai toujours recherché les portraits ressemblants de madame de Maintenon, — de cette femme si difficile à peindre, parce qu’on ne peut s’empêcher de la voir à travers cette monstrueuse et scélérate caricature de Saint-Simon, qui ne nous lâche pas les yeux et qui nous fait trembler la main quand nous voulons la corriger !

1265. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

On les reconnaît encore, ces deux figures, à travers les interprétations psychologiques de leur historien ; mais il n’en est pas de même de l’inquiétante figure de Tibère, qui est ici presque un grand homme de grandeur pure, un justicier, — le croira-t-on ? 

1266. (1880) Goethe et Diderot « Note : entretiens de Goethe et d’Eckermann Traduits par M. J.-N. Charles »

Charles 8 I Si jamais j’avais eu pour Gœthe la passion qu’ont certaines personnes, voici une publication qui me rendrait fort triste, car ce livre d’un innocent, qui ne se doutait guères de ce qu’il écrivait quand il écrivait, ôte, d’un seul coup, à Gœthe, pour les esprits de sang-froid et fermes, les grandes qualités à travers lesquelles on est accoutumé de le voir.

1267. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

Henri Martin, si druidant qu’il soit, n’a pas été assez hardi pour affronter son propre ridicule en promenant des Druides à travers les temps modernes, quoique pourtant Fénelon, Voltaire, Rousseau, Montesquieu, etc., soient au fond aussi des druides, mais des druides de robe courte comme nous avons des jésuites de robe courte, — d’anciens druides déguisés !

1268. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIII. M. Nicolardot. Ménage et Finances de Voltaire » pp. 297-310

Jusqu’ici Voltaire n’avait été vu, il n’avait été contemplé qu’à travers sa gloire et les crimes de son génie.

1269. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. H. Wallon » pp. 51-66

Seulement, chose plus étrange encore, et qui n’étonne pas, du reste, quand on connaît la rouerie des ennemis de l’Église, c’est précisément cette Sainteté apparaissant à travers tous les faits d’un règne, que je n’ai pas, comme M. 

1270. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

Mais quand on voit si clair, mais quand on représente si clair en Histoire, on a donné son opinion sans l’exprimer, et on la voit à travers cette clarté.

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