votre estomac est de force vraiment à digérer des pierres, et votre esprit ne s’en porte que mieux. […] Magnin prenait occasion de tracer tout un tableau magistral et d’exposer une histoire abrégée de l’art (architecture et sculpture) pendant plusieurs siècles ; il en déroulait les transformations graduelles et en décrivait les manières successives avec une science, un goût, une précision qui supposaient vraiment une longue pratique : c’était à faire illusion.
C’est une scène analogue à celle d’Amélie et de René revoyant le manoir paternel ; plus loin, lorsque Jocelyn doit ensevelir Laurence à la Grotte des Aigles, il pourra rappeler Chactas ensevelissant Atala ; car ce n’est pas, je l’ai déjà dit, par le point de départ singulier des situations que ce poëme se distingue, mais par leur naturel, par leur développement, leur fraîcheur et leur jet de source à chaque pas, par l’inspiration et l’émanation qui s’élève du tout : là vraiment se déploie l’originalité, le génie. […] Son paysage, si détaillé qu’il veuille le faire, ne représente jamais dans tous les sens de l’horizon ces autres paysages vraiment locaux et déterminés de Goldsmith, du Hollandais Pott, de Burns, de Hebel ; toujours quelque ouverture de ciel se fait sur un point, par où il monte à l’instant et plane ; et alors, à ces hauteurs, le vaste paysage ondoyant recommence.