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1963. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Il est vrai, vous m’aimiez pendant votre jeune âge : Aujourd’hui j’en demande un nouveau témoignage…. […] Il a fait sa tragédie comme tout le monde en faisait au dix-septième siècle — c’était encore plus vrai au dix-huitième   enfin La Baguenaudière a fait une tragédie dans le goût du temps, prétend-il, et ses amis, qui s’appellent de Boiscoupé, de Prérasé, de Mousseverte et des Lentilles, viennent lui faire compliment sur sa tragédie qu’ils ne connaissent pas encore. […] Il est vrai que jadis, respectant leurs ouvrages, Le cœur était touché de leurs doctes images ; Les vives passions s’y faisaient admirer : On était assez sot pour y venir pleurer. […] Il s’est imaginé, pour connaître les vrais sentiments de sa pupille  car les sentiments des jeunes filles sont toujours inconnus  il s’est imaginé de la faire converser avec un sien cousin dans lequel il a de la confiance. […] Il n’avait pas le vrai talent dramatique, il n’avait pas surtout le talent dramatique que l’on exigeait à cette époque.

1964. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Ces femmes méchantes, vindicatives, acharnées, rappellent, il est vrai, les sorcières de Macbeth autour de leur baquet, et ces autres trois vieilles de La Fiancée de Lammermoor, dans le cimetière, au mariage de la pâle Lucie ; mais elles sont tombées dans cette atmosphère de fromages, et, comme ces fromages, leur sublime tragique a coulé… Je crois bien que le talent de M.  […] Elles n’étaient que de la fantaisie, — grossière, il est vrai, — la fantaisie d’un esprit sans goût, mais non pas sans calcul, qui bravait le dégoût et le rire et qui les inspirait tous les deux. […] Il n’en faut pas trop… Lui qui avait montré dans ses autres romans de l’invention et du langage (plus de langage que d’invention, il est vrai), n’est plus, dans celui-ci, comme inventeur, qu’une espèce de Paul de Kock, et, comme écrivain, qu’un Père Duchesne. […] En effet, voyez ce qui passe devant nous en ces photographies : des concubinages et des accointances plus ou moins infâmes, des noces d’ouvriers grotesques auxquels l’auteur ôte toute poésie, toute naïveté, toute honnêteté vraie ; des noces gourmandes et bêtes chez le traiteur, — ô Paul de Kock !  […] Tout est en volonté chez lui, et il n’y a que l’inspiration qui fasse de l’art vrai et profond.

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