Brunetière, dans un remarquable morceau1, a fait voir que les lieux communs étaient la condition même de la pensée et le fondement de l’invention en littérature ; que tous les chefs-d’œuvre étaient bâtis sur des lieux communs, qui ne sont au fond que les vérités universelles, éternellement vraies et reconnues pour telles. […] Brunetière, les lieux communs s’y dépouillent de ce qu’ils ont de banal, et ne conservent de tout ce que l’on confond sous le nom de banalité que l’universalité seule, pour en ressortir originaux et vrais d’une vérité toute nouvelle. » Mais, dira-t-on, notre expérience est bien petite, et notre prétention ne serait-elle pas ridicule de vouloir réformer les pensées des grands hommes sur les petits événements de la famille et du collège, avec des souvenirs enfantins ? […] Brunetière, n’a l’expérience directe que d’un petit nombre de faits ; mais chacun de nous, par compensation, a cette faculté de discerner, je ne dirai pas tout à fait le vrai d’avec le faux, mais le particulier d’avec le général et l’exception d’avec l’universalité. » De lointaines analogies, de secrètes affinités nous permettent de comprendre ce que nous n’avons jamais senti ; il s’agit de conclure du petit au grand.
Il y a mis beaucoup du sien, sans doute, et il a prêté de ses idées au personnage ; je ne pense pas que le vrai Rameau fut un bohème aussi profond. […] Aucune vérité, d’abord, n’est vraie de ce diable d’homme, que la vérité contraire ne soit un peu vraie aussi.