. — Sa maison militaire, son écurie, sa vénerie, sa chapelle, sa faculté, sa bouche, sa chambre, sa garde-robe, ses bâtiments, son garde-meuble, ses voyages. […] Naturellement aussi il y mène ses hôtes et les y défraye, eux et leurs gens : à Choisy, en 1780, outre les distributions, il y a 16 tables et 345 couverts ; à Saint-Cloud, en 1785, il y a 26 tables ; « un voyage à Marly de 21 jours est un objet de 120 000 livres de dépense extraordinaire » le voyage à Fontainebleau a coûté jusqu’à 400 000 et 500 000 livres. […] À Versailles, où l’on est plus modéré, il n’y a que deux spectacles et un bal par semaine ; mais tous les soirs il y a appartement et jeu chez le roi, chez ses filles, chez sa maîtresse, chez sa bru, outre les chasses et trois petits voyages par semaine. […] De la cour, la contagion avait passé dans la province et aux armées, où les gens en quelque place n’étaient comptés qu’à proportion de leur table et de leur magnificence. » Pendant l’année que le maréchal de Belle-Isle passa à Francfort pour l’élection de Charles VI, il dépensa 750 000 livres en voyages, transports, fêtes, dîners, construction d’une salle à manger et d’une cuisine, outre cela 150 000 livres en boîtes, montres et autres présents ; par l’ordre du cardinal Fleury, si économe, il avait 101 officiers dans ses cuisines200. […] Lettre de Mercy du 16 septembre 1773. « La multitude du service qui suit le roi dans ses voyages ressemble à la marche d’une armée. » 164.
La première lettre du père de Wolfgang, datée du 16 octobre 1762, rend parfaitement compte de l’esprit et des incidents de ce voyage d’artiste ambulant, montrant pour un peu d’argent ou pour quelques cadeaux son phénomène vivant aux bourgeois, aux grands et aux princes. […] Ajoutez à cela quatre habits noirs neufs, et vous ne serez plus étonné que notre voyage de Versailles nous revienne à vingt-six ou vingt-sept louis. […] Wolfgang a encore reçu d’une autre dame un petit bureau de voyage en argent, et Nanerl une petite tabatière d’écaille incrustée d’or, d’une extrême délicatesse, puis une bague avec un camée et une foule de bagatelles que je compte pour rien, comme des nœuds d’épée, des manchettes, des fleurs pour des bonnets, des mouchoirs. […] Je veille sur lui tellement qu’être à Salzbourg, ou à Paris, ou en voyage, c’est pour lui même chose ; c’est aussi ce qui rend notre voyage si dispendieux. […] Le jeune compositeur, ivre de son voyage, commence avec sa sœur, de toutes les villes où il s’arrête, une correspondance moitié enfantine, moitié inspirée, où le badinage lutte avec les larmes.