Demandez au magistrat où il puisa les lumières du droit et l’éloquence qui protège vos lois, vos mœurs, et vos patrimoines : interrogez le navigateur que précèdent l’astronomie et les mémoires sur les voyages qu’il entreprend ; le politique instruit par l’histoire des nations qu’il prétend régir ; le guerrier tacticien à qui sont présents les commentaires de son modèle ; le médecin à qui les aphorismes de l’antiquité servent encore à pronostiquer et à guérir vos maladies ; le métayer et l’agriculteur qu’ont dirigés pas à pas les observations des botanistes et des émules de Pline ; le philosophe à qui d’abord une vaste lecture apprit à réfléchir sur la morale et sur les lois des êtres. […] C’est peu de ces importants services : la littérature charme les loisirs de l’homme, le suit dans ses voyages, l’accompagne en tous lieux, sert d’occupation à l’adolescence, qu’elle distrait des plaisirs funestes, devient le plaisir de la vieillesse, qui n’en goûterait plus d’autres : elle bâtit sans frais à l’indigence un édifice de magiques illusions ; elle retire l’opulent du fracas qui suit sa fortune, et lui apprend loin du tumulte à jouir de ses richesses intellectuelles.
Le voyage et l’exil volontaires ne faisaient que l’aggraver.