Il hésita longtemps, mais il l’obtint, cette nouvelle grâce ; et les gendarmes, les mousquetaires, les gardes-du-corps, piqués qu’on eût osé la demander, forcèrent les portes, tuèrent un portier, peut-être même auraient-ils maltraité les acteurs, si Molière n’eût fortement représenté à cette jeunesse imprudente à quel point elle s’écartait du respect dû à la volonté du monarque. […] Un époux prétend être maître chez lui et pouvoir disposer de ses enfants ; son épouse a les mêmes prétentions ; mais elle annonce hautement ses volontés, et les soutient d’un ton despotique ; le mari n’ose être homme, à la barbe des gens, que lorsque sa femme n’est point présente : et c’est de toutes ces oppositions ménagées avec art, c’est de cette source féconde, que Molière a tiré toutes les scènes que nous avons admirées.
Est-ce qu’aucune persévérance de volonté, aucune ingéniosité d’observation aurait pu mettre Octave Mirbeau sur la voie de trouver ces inspirations souvent géniales, ces visions, ces sources grisantes de passions, d’où sont sortis le Calvaire, l’Abbé Jules et Sébastien Roch ? […] J’ai tâché de le faire pour ma part, dans mes livres des Volontés merveilleuses qui comprennent Être, En décor, et Essence de soleil. […] Mais au-dessus de ses théories, il y a sa recherche, sa volonté de savoir et de faire connaître, aussi voilà où il est éternellement, où il demeure inattaquablement respectable.