Schlegel, dont les jugements sur Shakespeare méritent toujours beaucoup de considération, me semble cependant tomber dans une légère erreur lorsqu’il remarque que « le poëte a indiqué avec finesse la supériorité que donnaient à Cassius une volonté plus forte et des vues plus justes sur les événements ». […] Ce n’est point, comme Edgar, la nécessité qui le pousse, le hasard qui vient à sa rencontre ; c’est sa volonté qui le détermine ; rien ne la change ni ne la trouble ; et le spectacle du malheur auquel il se dévoue lui arrache à peine une exclamation de douleur. […] Dans la nouvelle de ser Giovanni, la dame de Belmont n’est point une jeune fille forcée de soumettre son choix aux conditions prescrites par le singulier testament de son père, mais une jeune veuve qui, de sa propre volonté, impose une condition beaucoup plus singulière à ceux que le hasard ou le choix fait aborder dans son port. […] Cependant ce qu’il en découvre ne suffit pas encore à la tyrannie de ses volontés ; la bassesse ne va jamais tout à fait aussi loin qu’il l’a conçu, et qu’il a eu besoin de le concevoir : obligé de sacrifier ensuite ce qu’il a d’abord corrompu, il faut que sans cesse il séduise de nouveaux agents pour abattre de nouvelles victimes.
Son caractère timide & modéré, son indécision continuelle, l’accablement de son esprit au faîte des grandeurs & au milieu des plaisirs, son abandon aux volontés du roi & son indifférence pour tout le reste, le dégoût des affaires ou le danger de s’en trop mêler, une égale incapacité pour nuire ou pour servir avec ardeur, l’empêchèrent d’agir pour celui dont elle estimoit les vertus & chérissoit la personne. […] Ils opposèrent enfin à son prétendu droit exclusif d’enseigner, & qu’elle tient des papes la volonté de nos rois, seuls arbîtres des sciences, & qui ont permis à différens collèges, hors de l’université, d’enseigner celles qu’on montre dans l’université même. […] Ils lui signifièrent leurs volontés par un gros recueil d’épigrammes, dont une ou deux étoient à peine supportables. […] Le roi fit sçavoir ses volontés au syndic par M. d’Argenson, le 27 juillet 1754.