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395. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Et comme, perdu là-dedans, les idées flottantes, je regardais toujours le théâtre tout nu, tout vide, une voix d’en bas cria : « Prévenez ces messieurs de l’avant-scène. » Il paraît que l’opéra était fini. […] Elle parle d’une voix monotone et mécanique qui ne monte, ni ne descend, ni ne s’anime. […] » me jette, d’une voix dure, le garçon. […] Une voix de l’autre pièce crie, comme du fond d’un rêve : « Qui est là !  […] Aujourd’hui Sainte-Beuve me frappe par sa ressemblance avec Hippolyte Passy, même vieille mine futée, même œil, même forme de crâne, et surtout même timbre de voix un peu zézeyante.

396. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Il entre d’un pas traînant, se laisse tomber sur un fauteuil, et d’une voix qui n’a plus sa chaude nervosité sourde, il se plaint de maux d’entrailles qui l’ont fait maigrir de quinze livres, en six semaines. […] Il comparait l’œuvre de Cladel à du « nougat fait avec des cailloux », il récite une épitaphe anticipée de Bornier, bien cruelle, enfin il conte son moyen d’abréger les ennuyeuses visites des aspirants académiciens, en leur déclarant qu’il a engagé sa voix pour dix ans. […] Dans la nuit, une voix m’appelle par mon nom. […] Le Jour de l’An suivant, huit jours après, il venait voir sa mère, et il n’avait jamais été si tendre, si affectueux, mais au dîner, il délirait complètement, disant que maintenant, il allait faire des choses sublimes… parce qu’on lui faisait prendre des pilules qui le conseillaient, et lui dictaient, de leurs petites voix, des phrases, comme il n’en avait jamais écrites. […] Il me disait que l’un d’eux assurait reconnaître chez des gens, en train de causer, que la lampe était emportée ou éteinte, par le rien qui venait à la voix des causeurs.

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