J’ai regret, non-seulement aux monuments qui croulent, mais aux pensées qui s’évanouissent, aux voix qui meurent dans leur premier écho. […] Pétrarque à la main (roi des élégances), J’arrondis mon style et me crois Toscan : Le ton primitif se fond en nuances ; Mais soudain ma voix part en dissonances… Oh ! […] Mon Sonneur les sait mieux que matines et laudes ; Pour lannic le chanteur, ce malin Trégorrois, Il t’a dû bien des crêpes chaudes, Bien du cidre nouveau pour rafraîchir sa voix. » Voilà ce qu’on m’écrit, et j’ai tressailli d’aise : A moi le bruit, à vous le cidre jusqu’au bord ; Sur un seul point, ne vous déplaise, Beau chanteur, mon ami, nous serons peu d’accord.
Bérénice, bien que commandée par Madame, me semble tout à fait dans le goût secret et selon la pente naturelle de Racine ; c’est du Racine pur, un peu faible si l’on veut, du Racine qui s’abandonne, qui oublie Boileau, qui pense surtout à la Champmeslé, et compose une musique pour cette douce voix. […] Despréaux, c’est-à-dire la conscience littéraire, éleva la voix, et l’on eut à son moment le Misanthrope. […] Les difficultés du rôle étaient réelles : Bérénice est un personnage tendre ; le plus racinien possible, le plus opposé aux héroïnes et aux adorables furies de Corneille ; c’est une élégie ; Mademoiselle Gaussin y avait surtout triomphé à l’aide d’une mélodie perpétuelle et de cette musique ; de ces larmes dans la voix, dont l’expression a d’abord été trouvée pour elle par La Harpe lui-même.