/ 1953
1163. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Je ne lisais pas, j’entendais… comme si cette voix douce et paternelle se fût adressée à moi-même. […] Il reconnut autour de lui, dans les animaux, dans les plantes, dans tous les éléments, des âmes sympathiques auxquelles il prêtait lui-même le langage et la voix. […] Sa voix se perdit dans le tumulte, et le 16 juillet il m’écrivait ces lignes prophétiques : « Les événements se sont précipités… Le crime est accompli. […] Un peu plus loin la tempête éclate : « Le grand hurlement n’avait de variante que les voix bizarres, fantasques, du vent acharné sur nous. […] N’a-t-il pas voulu être la conscience et la voix des foules anonymes, victimes obscures qui ont fait l’histoire, et que l’histoire oublie ?

1164. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Un air d’empire et d’autorité qui, même sous le masque, le faisait reconnaître entre ses courtisans les mieux faits185 ; un visage qui remplissait la curiosité des peuples 186 ; une majesté qui n’avait rien de farouche ; un abord charmant ; un air grand et auguste qui tout seul annonçait le souverain187; un roi, tel que les poètes nous représentent ces hommes qu’ils ont divinisés188 ; que sa taille, son port, sa beauté et sa grande mine, et jusqu’au son de sa voix, l’adresse et la grâce naturelle et majestueuse de sa personne, faisaient distinguer jusqu’à sa mort comme le roi des abeilles189 ; c’est ainsi que tous les yeux voyaient la personne de Louis XIV. […] A la vérité, c’est par le commandement même du roi que Bossuet lui tenait ce sévère langage : mais n’était-ce pas l’effet d’un secret mécontentement de soi-même que de commander à la voix la plus libre alors, à la voix de l’évêque, de lui parler de ses fautes ? […] L’auteur de ce libelle, le sieur de Rochemont, n’était-il pas Tartufe lui-même, prévoyant de loin à qui il allait avoir affaire, et essayant d’étouffer la voix qui, deux ans plus tard, le dénonça au genre humain227 ?

/ 1953