Il enlumine les missels d’un vieil évangile, d’un commentaire vivant, où prient des recluses, de scolies, où chante un contemplateur. […] Descendant de ses principes, Villiers, s’il considère le monde vivant, le traduira dans les Contes cruels, et sous ce titre : Chez les Passants. […] Il chante une berceuse à de vaillants poupards aux faces bien rondes qui épuisent leurs nourrices et donnent lieu à ce pronostic, qu’ils ne seront pas des penseurs, mais de bons vivants. […] « Ils étaient les vivants, parce que nous étions les impassibles », a dit Catulle Mendès en précisant la lutte du moment entre ses amis et les nouveaux venus. […] Vivant sur le même fonds que leurs contemporains, ils perçoivent mille images, mille possibilités, mille détours fantaisistes et vrais des choses, que les autres ne voient point.
Les autres soutiennent que Molière, de son vivant, fut admiré comme il le méritait, et qu’au lendemain de sa mort Bussy-Rabutin ne fut pas seul à penser que « personne dans son siècle ne prendrait la place de Molière, et que peut-être le siècle suivant n’en verrait pas un de sa façon ». […] De nos jours même, l’espèce n’en est pas rare, et vous en connaissez plus de vingt qui le discutent comme ils feraient un contemporain, avec le même entrain d’animosité personnelle : c’est la preuve, n’en doutez pas, qu’il est vivant toujours et bien vivant. […] Et pour le Siècle de Louis XIV, je ne sais s’il ne demeure pas, dans notre langue, après cent ans passés, le précis le plus clair, le tableau le plus vivant de ce grand règne, s’il ne contient pas le jugement le plus vrai, le plus juste, le plus français qu’on en ait porté. […] Aussi le premier, quand il a vu la mort approcher, a-t-il pu s’endormir dans la paix d’une haute et loyale conscience ; le second, de son vivant même, a pressenti l’heure où ses disciples se retourneraient contre lui. […] C’est bien là le vrai Voltaire, imparfaite ébauche de sa personne peut-être, mais portrait vivant et parlant de ses œuvres.