/ 2577
627. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

. — Achille du Clésieux est de la vieille garde des poètes qui avaient le feu sacré, comme les grenadiers de Napoléon. […] Le vieux Villon, quand il est poète, est aussi jeune que Lamartine ; et s’il n’y a pas succès quand il y a poète, c’est une raison pour que la Critique soit plus méprisante contre l’opinion qui ne pense pas comme elle, et qui en jugeant usurpe sa place, et pour que le poète soit plus fier. […] J’en connais d’autres qui disent insolemment du leur : « le vieux », et sont trouvés charmants par des fils comme eux, vils parricides, sans main !

628. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Évidemment, un temps et une littérature qui oubliaient le grand marquis de Ronsard, l’astre majestueux de la Pléiade, devaient bien plus profondément oublier ce vieux soldat huguenot de d’Aubigné, qui rimait à la diable, — à la fière franquette du soldat, — l’arquebuse sur le cou ou le cul sur la selle. […] Les paperasses poétiques du vieux reître, qu’il emportait, comme Camoëns son poème, non à la nage, dans les mers furieuses, mais à travers le feu des guerres et des partis, s’étaient finalement englouties dans la terre la plus prosaïque qui ait jamais existé, à Genève, dans le cabinet de la famille qui a donné le jour à Tronchin. […] Je ne peux pas m’appesantir sur ces rapprochements, qu’on peut faire sans moi, du reste, mais j’en ai dit assez pour montrer que l’aïeul de de Musset et de Lamartine peut se retrouver, comme celui de Corneille, sous le bistre du portrait enfumé du vieux Agrippa.

/ 2577