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472. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Un vice souple serait moins facile à ridiculiser qu’une vertu inflexible. […] On la verrait attirer à elle, absorber, s’assimiler, en les transformant, les diverses puissances de l’être : sentiments et affections, désirs et aversions, vices et vertus, tout cela deviendrait une matière à laquelle l’avarice communiquerait un nouveau genre de vie. […] Enfin c’est une vertu acquise. […] Quand nous avons traité du comique des formes et du mouvement, nous avons montré comment telle ou telle image simple, risible par elle-même peut s’insinuer dans d’autres images plus complexes et leur infuser quelque chose de sa vertu comique : ainsi les formes les plus hautes du comique s’expliquent parfois par les plus basses. […] Prenez la continuité des effets comiques, isolez, de loin en loin, les types dominateurs : vous trouverez que les effets intermédiaires empruntent leur vertu comique à leur ressemblance avec ces types, et que les types eux-mêmes sont autant de modèles d’impertinence vis-à-vis de la société.

473. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Du reste, il en avait le goût ; mais il n’en avait pas la vertu. […] Ce qu’on oublie quelquefois, c’est que la « vertu », la vertu à la mode de Jean-Jacques, « l’âme vertueuse et sensible » n’est point née sous les auspices de Diderot et de Rousseau. […] Il s’ingénie, pour ne désobliger personne, à restreindre le sens de ce mot de vertu. […] L’erreur vient de ce qu’il est très vite dit que le fonds des sociétés est fait de vertus sociales, et un peu plus long de tracer le cadre savamment ajusté où ces vertus s’accommoderont le mieux pour produire leurs meilleurs effets. […] Avec cela, la prudence étant une vertu bourgeoise, il est très prudent.

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