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25. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre IV. Conclusion. — D’une république éternelle fondée dans la nature par la providence divine, et qui est la meilleure possible dans chacune de ses formes diverses » pp. 376-387

La première république se trouve donc dans la famille ; la forme en est monarchique, puisqu’elle est soumise aux pères de famille, qui avait la supériorité du sexe, de l’âge et de la vertu. […] Les pères de famille devenus puissants par la piété et la vertu de leurs ancêtres et par les travaux de leurs clients, oublièrent les conditions auxquelles ceux-ci s’étaient livrés à eux, et au lieu de les protéger, ils les opprimèrent. […] Mais comme tout devait s’y ramener à l’urne du sort ou à la balance, la Providence empêcha que le hasard ou la fatalité n’y régnât en ordonnant que le cens y serait la règle des honneurs, et qu’ainsi les hommes industrieux, économes et prévoyants plutôt que les prodigues ou les indolents, que les hommes généreux et magnanimes plutôt que ceux dont l’âme est rétrécie par le besoin, qu’en un mot les riches doués de quelque vertu, ou de quelque image de vertu, plutôt que les pauvres remplis de vices dont ils ne savent point rougir, fussent regardés comme les plus dignes de gouverner, comme les meilleurs120. […] Les théories des philosophes relativement à la vertu fournissent seulement des motifs à l’éloquence pour enflammer le sentiment, et le porter à suivre le devoir121. […] Au défaut des sentiments religieux qui faisaient pratiquer la vertu aux hommes, les réflexions de la philosophie leur apprirent à considérer la vertu en elle-même, de sorte que, s’ils n’étaient pas vertueux, ils surent du moins rougir du vice.À la suite de la philosophie naquit l’éloquence, mais telle qu’il convient dans des états où se font des lois généralement bonnes, une éloquence passionnée pour la justice, et capable d’enflammer le peuple par des idées de vertu qui le portent à faire de telles lois.

26. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

L’éloge d’une reine qui, par caractère, autant que par les circonstances, éloignée des grands intérêts et des affaires, n’a pu avoir qu’une grandeur modeste et des vertus presque obscures sur le trône, peut être difficilement piquant. […] On sait que le président de Lamoignon fut aussi célèbre par ses connaissances que par ses vertus : ce fut sa seule brigue pour parvenir aux places. […] Les deux premières parties peignent avec noblesse les talents d’un général et les vertus d’un sage ; mais, à mesure que l’orateur avance vers la fin, il semble acquérir de nouvelles forces. […] Ce commerce continuel de mensonges… cette hypocrisie universelle par laquelle on travaille ou à cacher de véritables défauts, ou à montrer de fausses vertus, ces airs mystérieux qu’on se donne pour couvrir son ambition, ou pour relever son crédit, tout cet esprit de dissimulation et d’imposture ne convint pas à sa vertu. […] Je ne vous en fais point aussi sur ce que vous êtes brave ; c’est une vertu héréditaire dans votre maison.

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