Mais nous sommes aussi de ces gens qui, tout en déplorant la fatale éducation des anthropophages, et en reconnaissant que les cannibales sont des hommes, ont soin cependant de les tenir à distance, et ne se hasardent au milieu d’eux qu’en nombreuse compagnie et armés de moyens de défense plus efficaces que des harangues sur l’universelle fraternité du genre humain.
Poupées si vides, si pauvrement conscientes et d’une vie sentimentale si bornée, que Loti lui-même, l’universel amoureux, le souple don Juan du Tour du Monde, le délicieux meurtrier d’Aziyadé, de Rarahu et de Fatou-Gaye, n’a pu réussir à aimer Chrysanthème, à être troublé, fût-ce un instant, par ses grâces menues, mignardes et sèches. — Et, comme toute race a ses dieux, ces poupées ont les leurs, qui sont des dieux de petits enfants, des Croquemitaines bizarres dont elles ont vaguement peur. […] Les fatalités de la chair, la brutalité des instincts, les grotesques inconsciences, l’irresponsabilité et l’égoïsme universels… quelle volupté pure de noter et de peindre tout cela !