/ 1946
709. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Des fanfares de trompes, des chocs de cymbales, des roulements de tambourins, des battements de triangles emportent dans leur orage le train de l’orgie. […] Il sait qu’il va combattre un pays terrible, des races innombrables, des rois portés sur des monstres dont le pied écraserait l’Hydre, dont la trompe broierait la Chimère, des dieux à six têtes et à douze bras, des ascètes qui peuvent, en marmottant un monosyllabe ineffable, faire tomber les astres du ciel. […] Les éléphants, inconnus à la Grèce, ne les effrayent pas ; elles sautent d’un bond sur leur croupe, les charment par l’odeur de vin qu’elles exhalent, et jouent avec leur trompe comme avec leur serpent familier.

710. (1888) Poètes et romanciers

Ces tristesses sublimes du poète, succédant à de longs silences, ont un accent de sincérité qui ne trompe pas. […] pourquoi tout cela n’est-il qu’un symbole, et pourquoi, cher poète, n’essayez-vous pas de me tromper davantage ? […] Je me trompais. — Si nous regardions toute la nature avec les yeux de M.  […] ont été trompés par quelque Marguerite aux camélias, à laquelle ils pensaient par leur amour avoir refait une virginité. […] Malgré tout, il y a dans cette tentative même une audace et une force qui honorent singulièrement le poète, et s’il s’est trompé, croyons bien qu’on ne se trompe ainsi qu’avec de nobles ambitions et un grand talent.

/ 1946