On se tromperait cependant si l’on abordait les volumes de sa correspondance et le recueil de ses lettres missives, publiées avec beaucoup de soin par M. […] Vous trouverez étrange (et direz que je ne me suis point trompé) ce que Licerace vous dira.
Frédéric était un grand homme, de ceux en qui réside et se personnifie la force et la destinée d’une nation ; le prince Henri, tel qu’il ressort à nos yeux de la correspondance qu’on vient de publier et des divers témoignagnes, me paraît un prince raisonneur, réfléchi, méthodique, quelquefois jusqu’au bizarre et au minutieux, ombrageux, susceptible, capable d’envie, fastueux, aimant la montre, ne haïssant pas d’être trompé, ayant une forte teinte de la sensibilité et de la philanthropie de son siècle ; avec cela de la justesse par places, de la mesure habile, de la combinaison, de l’adresse, des parties ingénieuses ; mais grand homme, c’est beaucoup dire : il n’est grand en rien, il n’a rien d’héroïque ; c’est un esprit distingué et un guerrier de mérite. […] Il se trompait sans doute en la croyant possible, et Frédéric, jugeant alors le cabinet de Versailles, a mieux vu : Vous avez très bien fait, écrivait-il à son frère quinze jours après Rosbach, d’endoctriner le sieur de Mailly (l’un des prisonniers qui allait retourner en France) ; je souhaite, plus que je ne l’espère, qu’il réussisse.