Seulement, ajoutait-il, je crois que vous vous trompez en regardant ce point de vue comme particulièrement anglais. […] Ainsi les logiciens se trompent, et par-delà la théorie toute scolastique du syllogisme qui réduit le raisonnement à des substitutions de mots, il faut chercher une théorie de la preuve, toute positive, qui démêle dans le raisonnement des découvertes de faits.
« C’est l’art suprême des grands politiques de traiter les affaires simplement et avec franchise, quand ils se savent en présence de rivaux qui ne se laisseront ni intimider ni tromper. […] Le poisson trop subtil a-t-il trompé tes yeux ? […] Le comte de Grammont a saisi un homme qui fuyait, condamné à une amende de 12 000 écus, et il en a tiré 50 000 livres ; donnez-moi aussi un homme, un protestant, le premier venu, celui qu’il vous plaira, ou, si vous l’aimez mieux, un droit de 30 000 livres sur les halles, ou même une rente de 20 000 livres sur les carrosses publics : la source est bourgeoise, mais l’argent sent toujours bon. — Et comme le roi, en véritable père, entrait dans les affaires privées de ses sujets, on ajoutait : Sire, ma femme me trompe, mettez-la au couvent. […] Il l’a cru ; il se trompait ; ses regards, le pli de ses lèvres, le tremblement de ses mains, tout en lui criait tout haut son amour ou sa haine ; les yeux les moins clairvoyants le perçaient. […] Un peu après, lorsqu’on essaye de tromper le prince, en lui assurant que cette absence était l’effet d’une maladie, « Mme de Clèves fut d’abord fâchée que M. de Nemours eût lieu de croire que c’était lui qui l’avait empêchée d’aller au bal ; mais ensuite elle sentit quelque espèce de chagrin que sa mère lui en eût entièrement ôté l’opinion. » Un autre jour, comme les dames regardaient un portrait de la reine Élisabeth, à la main de qui M. de Nemours avait aspiré, « elle le trouva plus beau qu’elle n’avait envie de le trouver, et ne put s’empêcher de dire qu’il était flatté ».