Il faut avouer que Godeau, évêque de Vence, et Benserade, et Voiture, et Sarrazin, et Coëffeteau et Santeuil, ne sont pas tout à fait des grands hommes de la même espèce ; mais il y en a d’autres, tels que Du Cange, si justement fameux par son glossaire ; Sirmond par son travail sur les conciles de France et sur les capitulaires de Charles-le-Chauve ; Pétau par sa chronologie ; Joseph Scaliger par l’érudition la plus profonde sur l’antiquité ; les deux frères Pithou, et Pierre Dupuy, garde de la bibliothèque du roi, par la vaste étendue de leurs connaissances sur notre histoire ; tous hommes célèbres dans leur siècle, et qui ne sont peut-être pas assez estimés dans le nôtre. […] Aujourd’hui, d’ailleurs, que les connaissances s’effacent et se perdent ; aujourd’hui que la science de l’histoire se réduit presque à des anecdotes ; qu’on abrège tout pour paraître tout savoir, et que la vanité, empressée à jouir, n’estime plus, dans aucun genre, que ce qu’elle peut étaler dans un cercle ; ces recherches pénibles, ces discussions profondes, ces monuments, fruit de quarante ans de travail et d’étude, qui n’ont que le mérite d’instruire sans amuser, et dont le matin, on ne peut rien détacher pour citer le soir, doivent nécessairement, parmi nous, perdre de leur estime.
Pourquoi, par exemple, tout ce travail d’équivalents pour donner un faux air de jeunesse et de nouveauté aux vieilles choses qu’on va lire ? […] J’ose croire qu’on ne sentira pas le travail matériel de ces restitutions : les pensées que j’ai ainsi rapprochées sont sœurs ; elles se sont rappelées et reconnues. […] — Mes travaux ne m’en laissent pas le temps ; d’ailleurs, j’aime autant Mirabeau que Barnave, et Barnave que Mirabeau. » Je porte à un troisième un volume rose. « Que pensez-vous de ces contes ? […] Quand on lit les grands monuments de la littérature française, on est frappé de ce déploiement et de ce travail simultané de toutes les facultés de l’esprit. […] Ce qui fait le génie, c’est une raison supérieure, double fruit de l’instinct et de l’expérience, du naturel et du travail, des choses devinées et des choses apprises.