Nisard en a été désormais bien dessinée ; tous ses travaux, depuis, n’ont fait qu’y ajouter et la rendre plus respectable ; il y est assis, il s’y appuie en toutes choses, il s’en prévaut ; il le sait, et il le donne à connaître ; et lui-même, en tête de je ne sais plus quel article écrit vers le temps de sa polémique, il a naïvement exprimé cette satisfaction intime qu’on éprouve, lorsque, après des tâtonnements, ayant enfin trouvé sa voie, on s’assied sur une borne un moment, et qu’on parcourt du regard, derrière et en avant, sa belle carrière, prêt à repartir. […] Nisard lui refusent la facilité de travail ; il en a au contraire une extrême, j’imagine ; et, si quelque reproche était à lui faire sur son plus ou moins de facilité, ce serait plutôt de jouir d’une plume trop abondante. […] Le Précis de l’Histoire de la Littérature française, son meilleur écrit avec Érasme, est un très-bon travail et très-distingué d’exécution, plus modéré, plus conciliant, plus historique et moins contestable dans son milieu que d’autres exposés de doctrine précédents.
L’abbé Prévost On a comparé souvent l’impression mélancolique que produisent sur nous les bibliothèques, où sont entassés les travaux de tant de générations défuntes, à l’effet d’un cimetière peuplé de tombes. […] De tous ces estimables travaux, parmi lesquels on compte une bonne part de créations, que reste-t-il dont on se souvienne et qu’on relise ? […] Le travail d’écrire lui était devenu si familier que ce n’en était plus un pour lui : il pouvait à la fois laisser courir sa plume et suivre une conversation.