je vous prends à témoin que, dans votre désastre, je n’ai reculé ni devant les traits des ennemis, ni devant aucun genre de danger, et que, si ma destinée l’eût voulu, j’étais digne de mourir avec vous. […] « Un cheval blanc, dit M. de Fezensac, que nous montions à poil les uns après les autres, nous fut d’un grand secours. » Ce cheval blanc que chacun monte à poil à son tour est le dernier trait du tableau, et il le faut opposer à cet autre spectacle de 500 000 hommes franchissant orgueilleusement le Niémen six mois auparavant.
Je me figure que Thespis, sur l’idée d’Homère, dont on récitait les livres dans la Grèce, crut que des traits de l’histoire ou de la fable, soit sérieux, soit comiques, pourraient amuser les Grecs : il barbouillait même ces acteurs de lie, dit Horace, pour les rendre plus semblables à des satyres ; et il les promenait dans des chariots, d’où il disait souvent des paroles piquantes aux passants : voilà l’origine des tragédies satiriques. […] Que serait-ce si l’on voyait les traits de la rage et du désespoir, que la nature grave elle-même sur le front d’un homme et d’un peuple destiné à périr sans ressource ?