Son génie ambitieux de tous les succès le porta au théâtre, il fit représenter Œdipe, sa première tragédie. […] C’est sous les auspices de Pope qu’il se perfectionna dans la connaissance de la langue anglaise, et qu’il lut les tragédies de Shakespeare. […] Cette tragédie toute romanesque fut une innovation sur la scène française, consacrée surtout jusque-là à des scènes historiques. […] Le plus éloquent de ces chefs-d’œuvre fut sa tragédie de Mahomet. […] La tragédie de Mahomet, ainsi conçue, n’aurait rien perdu en intérêt, elle aurait gagné en vérité, en héroïsme et en enthousiasme.
Après avoir composé le meilleur Livre que nous ayons sur les principes de l’Art dramatique, il prouva par sa Tragédie de Zénobie, que ce n’est pas tout d’être instruit, qu’il faut encore avoir le talent de réduire les instructions en pratique. […] Aussi-tôt qu’il parut, Corneille commença à soigner un peu mieux ses Tragédies. […] Ce silence fut taxé d’ingratitude par l’Auteur didactique, & occasionna entre lui & le Pere de notre Tragédie, une querelle que ce dernier soutint par des Epigrammes grossieres, qui, pour sa gloire, ne sont pas venues jusqu’à nous.