grande, bien que tombée ! […] qui donc suscitera cet héroïque esprit, et, s’élançant des rives de l’Eurotas, te réveillera du fond de la tombe ? […] Sa beauté à elle, c’est la beauté dans la mort, qui ne s’en va pas toute avec le dernier souffle envolé, beauté à l’effrayante fleur, avec cette teinte qui la suit jusque dans la tombe, dernier rayon d’expression qui se retire, cercle d’or qui voltige autour de la ruine, rayon d’adieu du sentiment évanoui, étincelle de cette flamme, peut-être d’origine céleste, qui éclaire encore, mais ne réchauffe plus une argile chérie. » Il faudrait tout relire de ce Childe Harold.
L’œuvre de Veyrat laisse fort à désirer ; mais son existence, sa destinée, sont bien celles d’un poëte, d’un des blessés du temps dans la lutte des idées, et aujourd’hui que Savoie et France ne font qu’un et que sa patrie est nôtre, il mérite d’être visité et honoré de nous dans sa tombe. […] Aux pieds de mon rocher d’où la cascade tombe, Sous les saules penchés qui pleurent sur la tombe, Et sur mon lac tranquille au flot doux et serein, Lorsque tu voyageais de l’un à l’autre monde, Je suivais de mes vœux ta course vagabonde, Immortel pèlerin !