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594. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

À la scène on appelle cela des coups de théâtre. […] Au théâtre, il n’est pas d’accident plus banal. […] J’ajoute que pour le succès de la publication des feuilletons, on doit éviter les longueurs : rien d’inutile ; de la mise en scène, et comme dans les pièces de théâtre, marcher toujours vers le but, car dans les romans aussi bien que dans les pièces de théâtre ayant une portée morale ou sociale, le but ou dénouement doit toujours être la synthèse, la preuve de l’idée qui l’inspire. Vieux jeu, direz-vous ; mais on y revient à ce vieux jeu et la preuve c’est que le livre comme le théâtre se meurent du nouveau jeu. […] Pour cela, il ne peut prendre que les moyens qui sont à sa disposition : I. — Le théâtre, s’il a le tempérament dramatique ; cela fait quelques milliers de spectateurs, quelques dizaines de mille s’il obtient un grand succès.

595. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Le théâtre s’en est assez peu ressenti. […] Et bientôt c’est, dans la philologie, l’érudition lourde d’ennui qui sait à merveille corriger un texte, mais non plus en sentir la grandeur ou la grâce ; dans l’histoire, la monographie substantielle et indigeste qu’on estime et ne lit pas ; dans la philosophie, la peur des vastes synthèses et la mise sous scellés de la métaphysique et de ses éternels problèmes ; dans le roman, au théâtre, la décroissance de la verve inventive, la froideur, la sécheresse, la vulgarité du terre à terre, l’impuissance à créer un type supérieur ; en toute matière, le style pesant, épais, scolastique, engrisaillé de termes abstraits ou hérissé de vocables rébarbatifs ; bref, tout ce que comprend d’étroit, de rogue, de fastidieux, de glacé, de mort le mot de pédantisme. […] Un style clair, qui vaut surtout par la logique, la précision des lignes, l’enchaînement serré des idées, qui n’admet guère que des épithètes abstraites et générales ; un théâtre où les personnages sont comme détachés de leur milieu et se meuvent dans un cadre vague, indéterminé, où ils se présentent presque comme de purs esprits dont les pensées et les sentiments méritent seuls l’attention ; des tragédies simples ; d’une structure rigide et géométrique, d’une sobriété de mise en scène qui montre qu’elles s’adressent à l’âme, non aux sens ; une littérature qui se concentre tout entière dans l’étude, de l’homme civilisé, qui ne daigne ou ne sait pas voir le reste de l’univers, qui ne connaît pas la campagne, qui soumet l’imagination, « la folle du logis », aux commandements de la raison, qui marche à pas comptés, d’une allure méthodique et posée. […] Les romans et le théâtre ont une teinte réaliste ; le décor, la mise en scène y prennent une importance nouvelle.

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