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895. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Mallarmé était un artiste : les sujets de ce genre, qui supposent une croyance complète à la réalité sensible, ne le séduisaient point. […] Et l’on peut encore supposer que les hasards de l’existence conduisent vers nous, à Paris, l’un de ces phénomènes, germé sur le sol mystérieux de quelque Bretagne. […] L’Univers est la marche d’un état homogène à un état hétérogène : mais cette marche suppose un point de départ. […] « Supposez, dit encore M.  […] Cette réalité n’est guère plus réelle, probablement, que celle que crée pour nous le génie des poètes ; mais, enfin, nous avons l’habitude de la supposer telle.

896. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Et Victor Hugo suppose que du temps se passe, que des siècles s’écoulent, que la ville qui fut Paris n’est plus qu’un amas de ruines, et que sur ces ruines se dresse encore cet arc de triomphe, témoin d’un passé glorieux. […] Alfred de Vigny, dans sa Tour d’ivoire, on ne le suppose guère en train de badiner. […] Et, fidèle à son procédé de traduction poétique, voici par quel symbole ingénieux il le traduit : il suppose, dans une pièce intitulée La Mort du loup, que des chasseurs ont frappé à mort un loup et que le loup ne s’est pas défendu. […] Mais supposez que le poète soit là-bas, en exil, dans un exil à demi volontaire, réfugié justement dans une île, dans une île où ses pieds sont battus par l’Océan, où son front, comme on le représente dans les vignettes d’alors, touche presque aux nuages : il est entre la mer et le ciel, entre l’Océan et les nuages. […] Il suppose qu’il s’adresse aux étoiles, aux étoiles de la voie lactée, et qu’il trouve que ces étoiles ont un air de tristesse.

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