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742. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Voilà comment les vieilles hiérarchies se maintiennent : il faut et il suffit qu’elles changent en cadre civil leur cadre militaire, et trouvent un emploi moderne au chef féodal. […] Il suffit de lire les cahiers des États généraux57 pour voir que, de Paris, l’esprit philanthropique s’est répandu jusque dans les châteaux et les abbayes de province. […] Elle est fière de sa négligence, elle appelle cela vivre noblement92. « Monsieur l’archevêque, disait Louis XVI à M. de Dillon, on prétend que vous avez des dettes, et même beaucoup. — Sire, répondit le prélat avec une ironie de grand seigneur, je m’en informerai à mon intendant, et j’aurai l’honneur d’en rendre compte à Votre Majesté. » — Le maréchal de Soubise a cinq cent mille livres de rente qui ne lui suffisent pas. […] Parfois, pour faire une économie, le seigneur confire le titre à l’un de ses fermiers : « À Hautemont, dans le Hainaut, c’est un domestique qui est procureur fiscal. » Plus souvent il commet quelque avocat famélique de la petite ville voisine, avec des gages « qui ne suffiraient pas à le faire vivre une semaine ».

743. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Je n’approuve pas une solitude absolue : elle me paraît contraire à l’humanité ; mais à un homme de lettres, à un philosophe, peu de gens suffisent, parce que, à la rigueur, il pourrait se suffire à lui-même. […] Je ne vous en dirai qu’un seul trait qui doit suffire. […] Leur génie, c’est leur sensibilité ; il leur a suffi de sentir profondément, d’aimer divinement pour devenir des puissances de sentiment ; un clin d’œil a fait leur destinée.

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