/ 2499
511. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Écrire comme on pense, modeler son style sur les choses, les bons esprits en viennent là d’ordinaire en avançant ; mais M. […] Le style de cette histoire, et en général le style de M. […] Thiers exprime plus formellement qu’il n’a fait nulle part ailleurs son idéal de style moderne, tel qu’il l’entend. […] Les temps sont passés ; mais un style simple, vrai, calculé, un style savant, travaillé, voilà ce qu’il nous est permis de produire. […] Cousin l’écrivait récemment34, « le style n’est rien que l’expression de la pensée et du caractère : quiconque pense petitement et sent mollement n’aura jamais de style ; quiconque, au contraire, a l’intelligence élevée, occupée d’idées grandes et fortes, et l’âme à l’unisson de cette intelligence, celui-là ne peut pas ne pas écrire de temps en temps des lignes admirables, et, si à la nature il ajoute la réflexion et l’étude, il a en lui de quoi devenir un grand écrivain. » Napoléon, certes, réunissait en lui plusieurs de ces hautes conditions, et, toutes les fois qu’il a parlé de ce qu’il savait à fond, il a dit les choses d’une manière parfaite, définitive.

512. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Son aîné, M. de Plassac-Méré, s’était aussi mêlé de bel-esprit, et il correspondait avec Balzac : c’est ce même M. de Plassac qui prétendait corriger le style de Montaigne. […] Chez nous, Mme de Sévigné l’a écrasé d’un mot, pour avoir osé critiquer Voiture : « Corbinelli, dit-elle59, abandonne le chevalier de Méré et son chien de style, et la ridicule critique qu’il fait, en collet-monté, d’un esprit libre, badin et charmant comme Voiture : tant pis pour ceux qui ne l’entendent pas !  […] D’Olivet ensuite lui aurait consacré une de ses petites notices en deux ou trois pages d’un style si exact et si excellent, et qui l’aurait fixé à son rang littéraire. […] Son style a de la manière ; mais, entre les styles maniérés d’alors, c’est un des plus distingués, des plus marqués au coin de la propriété et de la justesse des termes. […] Τών άπαιδεύτων : la noble chose que les Grecs appelaient πάιδεία, et dont ils étaient si fiers, est bien, en effet ce qui constituait chez eux l’ honnête homme , pour parler le style de notre sujet.

/ 2499