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2461. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Il était sophiste par son amour du beau style, de la forme, de tous les beaux vêtements, de toutes les parures, de tous les ornements, de tous les bijoux dont on peut parer une pensée qui n’en aurait pas besoin ; par son infini désir de plaire ; aussi par son amour de la discussion subtile, des détours captieux, des pièges oratoires, des voies détournées et obliques, des mille chemins pour un seul but, avec mépris de celui qui va tout droit ; par son goût du paradoxe, de l’argument qui étonne, de la gageure dialectique et du beau triomphe qu’il y a à la gagner ; il était sophiste à devenir le roi des sophistes, et il sentait que c’était là son défaut intime qu’il fallait réprimer en lui-même, en son fort et en son essence, tout en lui donnant mille satisfactions de détail. […] Quand il sera en état de dire par quels discours on peut porter la persuasion dans les âmes les plus diverses ; quand, mis en présence d’un individu, il saura lire dans son cœur et pourra se dire à lui-même : voici l’homme, voici le caractère que mes maîtres m’ont dépeint ; il est devant moi, et, pour lui persuader telle ou telle chose, c’est ainsi que je dois lui parler ; quand il possédera toutes ces connaissances ; quand il saura distinguer les occasions où il faut parler et où il faut se taire ; quand il saura employer ou éviter à propos le style concis, les plaintes touchantes, les amplifications magnifiques et tous les tours que l’école lui aura appris, alors seulement il possédera complètement l’art de la parole ». […] Car si les arts sont psychologiques par un bout, en style familier, et moraux par l’autre, c’est peut-être parce que psychologie et morale, c’est la même chose. […] Veut-on dire que la forme d’un orateur, c’est son style, et que le fond d’un orateur, c’est sa connaissance des affaires publiques ?

2462. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Révolutionnaire et patriote, il célébrait, dans le style de son temps, les armes de la Nation, « cent fois teintes du sang du furibond aristocrate et du féroce Prussien ». […] Car, après avoir raconté, dans une lettre, cette moisson de véronique, elle ajoute aussitôt, avec une effusion de bonheur qui donne une grâce ingénue à son style enfantin : « Il n’y pas un jour si heureux que j’ai passé dans ma vie que celui-là ! […] Écrits avec un art délicat, en un style qui sent la bonne compagnie et qui révèle une fine culture, ces Mémoires nous découvrent les impressions d’un étranger, entraîné à notre suite dans une prodigieuse aventure, et assez détaché de nos passions pour apprécier impartialement la valeur relative des hommes et des choses.

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