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464. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

Six heures pendant lesquelles ils se sont raconté ce qu’ils savaient déjà, l’un contant à l’autre sa propre histoire ; tout cela scandé à tout moment par : « Tu te souviens bien ?  […] Qui sait si un jour les démocraties qui viendront, n’auront pas l’idée d’élever aux gloires de la France, un Panthéon de souvenirs et de commémoration, accessible à l’intelligence des yeux de tous, et que les foules liront sans épeler, — un Versailles en cire ? […] Et, repus et saouls de matière, nous nous en allons de ces lits de dentelles, comme d’un musée de préparations anatomiques, et je ne sais quels souvenirs chirurgicaux et désolés nous gardons des aimables et plaisants corps. […] Mes beaux petits souvenirs fanés reprennent la vie dans ma tête et dans mon cœur, comme un herbier qui refleurirait, et chaque coin du jardin ou de la maison est pour moi comme un rappel, une retrouvaille, et aussi comme la tombe de plaisirs qui ne recommenceront plus. […] Je me souviens avoir hésité, trois secondes, à me jeter dans la rivière au bout du parc, pour n’être pas pris.

465. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Il faut se souvenir que le caractère de saint Chrysostome était de parler aux grands et aux puissants, même dans le temps de leur plus grande prospérité, avec une force et une liberté vraiment épiscopales. […] Ô homme, qui que vous soyez, vous est-il donc permis de vous souvenir des injures qu’on vous a faites ? […] Seulement, quelquefois un cénobite en deuil Y vient de son ami visiter le cercueil ; C’est lui ; le souvenir vers ces lieux le ramène ; De tombeaux en tombeaux sa douleur se promène. […] Quels souvenirs surtout rappelle à ma pensée Cette cloche jadis dans les airs balancée ! […] L’Imagination de ses rapides ailes Embrasse de ces monts les neiges éternelles, Et les peuple bientôt de mille souvenirs.

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