Tout ce que vous pouvez faire de Venise, c’est une île libre, c’est une belle ruine hanséatique, retrouvant la richesse dans la liberté, un Hambourg italien avec une auréole de majesté et de souvenir sur ses lagunes. […] Vous souvenez-vous d’un vice-roi français à Milan ? […] Mais la pensée du Piémont est courte ; la pensée de l’Angleterre mériterait de porter un nom plus pervers ; les souvenirs immortels de chaque glorieuse nationalité de l’Italie se soulèveront contre ces annexions qui les confisquent ; ces nationalités ne consentiront pas longtemps à perdre leurs noms, leur histoire, leurs monuments dans le nom et dans les camps de Turin.
Je me souviens du jour et de l’heure où le ministre de la maison d’Orléans tira le rideau qui voilait cette négociation et cette alliance, et où le pays jeta un cri d’admiration irréfléchie à l’aspect de ce chef-d’œuvre. […] Appelé par le hasard à formuler et à motiver en une seule nuit cette diplomatie, dont tous les liens et toutes les traditions venaient de se briser en un seul jour, je ne manquai pas d’évoquer en silence l’esprit de l’Assemblée constituante, qui avait toujours été l’âme de M. de Talleyrand tant que Napoléon avait souffert la sagesse dans ses conseils, et je me demandai, avant d’écrire le manifeste de la république au dehors, quel serait dans ce cabinet, plein de ses souvenirs et de sa supériorité, l’avis de ce grand héritier du cardinal de Richelieu, du duc de Choiseul et de Mirabeau. […] L’Angleterre devrait s’en souvenir aujourd’hui, où elle intervient à haute voix à Naples et ailleurs par les incitations de ses ministres dans leurs harangues, et par la présence de ses volontaires devant Gaëte, contre des princes avec lesquels elle est en paix ; intervention insurrectionnelle qui est le droit public de la guerre civile et le droit des gens de l’insurrection.