Cette pièce de Bérénice fut commandée à Racine par Madame, duchesse d’Orléans, qui soutenait à la cour les nouveaux poëtes, et qui joua cette fois à Corneille le mauvais tour de le mettre aux prises, en champ-clos, avec son jeune rival. […] Cette pensée secrète qui le travaillait perce déjà dans la préface de Phèdre, et dut le soutenir, plus qu’on ne croit, dans l’analyse profonde qu’il fit de cette douleur vertueuse d’une âme qui maudit le mal et s’y livre. […] Je reprendrai le Racine chrétien au complet dans mon ouvrage sur Port-Royal ; en attendant, je me borne à en tirer les remarques que voici : « Quelle erreur nous avons soutenue autrefois !
La puissance poétique s’accroît quand elle est soutenue par la musique. » Moïse avait donné à ce don de prophétie ou d’inspiration une immense autorité, en faisant de son peuple, gouverné par Dieu même, une république théocratique dont la tribu de Lévi avait exclusivement le sacerdoce, organe alors de la souveraineté divine. […] La loi régnait seule ; fondée sur la volonté de Dieu, et soutenue par la voix unanime du peuple, elle avait son trône dans le temple national. […] Abner, le général le plus accrédité de Saül, soutient pendant sept ans la cause de la famille royale.