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937. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Mais étant parvenu à quelque maturité d’années, et voyant quelle tyrannie avait envahi l’Église, une tyrannie si grande que quiconque voulait prendre les ordres devait se déclarer esclave par serment et sous son seing, en sorte qu’à moins de trouver sa promesse au goût de sa conscience, il fallait se parjurer ou souffrir le naufrage de sa foi, je crus meilleur de choisir un silence sans reproche plutôt que l’office sacré de la parole acheté et commencé avec la servitude et le parjure. » Il refusait d’être prêtre de la même façon qu’il avait voulu être prêtre ; espérances et renoncement, tout chez lui partait de la même source, la volonté fixe d’agir noblement. […] D’autres malheurs moindres venaient, par leurs piqûres, aigrir les grandes plaies dont il souffrait. […] Les audacieuses expressions, les excès de style, font entendre la voix vibrante de l’homme qui souffre, qui s’indigne et qui veut. « Les livres, dit-il dans son Aréopagitique, ne sont pas absolument des choses mortes ; ils contiennent en eux une puissance de vie pour être aussi actifs que l’âme dont ils sont les enfants. […] Ô soyez les bienvenues, Foi aux regards purs, Espérance aux blanches mains, —  ange, qui voles au-dessus de ma tête, ceint de tes ailes d’or, —  et toi, Chasteté sainte, forme sans tache, —  je vous vois clairement, et maintenant je crois — que lui, le Bien suprême, qui ne souffre les êtres mauvais — que pour faire d’eux les serviles ministres de sa vengeance, —  enverrait un ange lumineux, s’il le fallait — pour garder ma vie et mon honneur contre tout assaut. —  Me trompé-je ? […] Cela fait penser à l’histoire d’Irax, dans Voltaire, condamné à souffrir sans trêve et sans fin les éloges de quatre chambellans, et cette cantate : Que son mérite est extrême !

938. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Quant aux vins de France, particulièrement les vins rouges, il ne pouvait les souffrir, et déclarait qu’il les trouvait trop aigres. […] Il ne se plaint pas, il ne demande rien ; il ne prononce pas un mot… Il souffre et ne veut pas le dire. […] En disant adieu à Viéra, il sentit pourtant son cœur se serrer ; il souffrait de quitter cette douce et excellente femme, ses larmes coulèrent sur le front pâle où il déposait un dernier baiser. — Je reviendrai bientôt, dit-il, et je t’écrirai, ma chère aimée. […] pourquoi faut-il qu’il j’aie tant à souffrir ! […] Seulement ses voisins remarquent que depuis son séjour à Moscou, il ne regarde aucune femme et ne peut souffrir aucun chien près de lui. « Mais, à quoi, disent-ils, lui servirait une femme, et que ferait-il d’un chien ?

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