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494. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Je ne serai donc pas le premier : au fait, dans un pays où il y a une opposition, il ne peut plus y avoir d’Académie Française ; car jamais le Ministère ne souffrira qu’on y reçoive les grands talents de l’opposition, et toujours le public s’obstinera à être injuste envers les nobles écrivains payés par les ministres, et dont l’Académie sera les Invalides. […] Je pourrais citer un grand prince, fort instruit d’ailleurs, et que l’on devrait croire parfaitement à l’abri des illusions de la sensibilité ; ce roi ne peut souffrir dans son conseil la présence d’un homme de mérite, si cet homme porte des cheveux sans poudre. […] Comme depuis cent cinquante ans nous attendons en vain un génie égal à Racine, nous demandons à un public qui aime à voir courir dans l’arène de souffrir qu’on y paraisse sans chaînes pesantes. […] Les rédacteurs des feuilles influentes qui ont la plupart des pièces en vers au courant du répertoire ou en répétition, laissent passer le mélodrame à la d’Arlincourt, mais ne souffriront jamais le mélodrame écrit en style raisonnable. […] À Louvois, en 1825, au moment où nous sommes forcés de souffrir les discours du général Foy et de M. de Châteaubriand, il bien fallu ordonner à don Juan de chanter Viva l’ilarità !

495. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Grâce à cette poétique conception et à un sentiment d’espérance qu’il nourrissait, la durée du siège se passa pour lui assez heureusement ; mais la terreur qui suivit n’en fut que plus accablante ; il s’enfuit à la campagne avec sa mère, et y souffrit de toutes les privations. […] Les plaintes du poëte sont celles de toute âme humaine contristée, depuis Job : « Nous serions bien moins étonnés de souffrir, si nous savions combien la douleur est plus adaptée à notre nature que le plaisir. […] Il y a beaucoup de ces nobles âmes ; mais il y en a encore plus qui pèchent et souffrent par excès d’espérances, par anticipation dévorante et immodérée, par immersion éperdue dans la grande souffrance sociale. […] Du Clésieux et datée de Précy-sur-Oise (12 octobre 1834) : ……………… Tel je vous sens, ami, — surtout quand, seul aux champs, Par ce déclin d’automne où s’endort la nature, Un peu froissé du monde et fuyant son injure, J’ouvre à quelques absents mon cœur qui se souvient… Si, parmi mes lecteurs des dernières années, il en est qui se sont plu à relever chez moi des sentiments de méfiance et de scepticisme habituel, ils ne sauront jamais ce qu’il m’en a coûté et ce que j’ai eu secrètement à souffrir pour avoir porté dès l’abord toute ma sincérité et ma tendresse d’âme dans mes relations politiques et littéraires.

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